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30 octobre 2023 1 30 /10 /octobre /2023 10:53
  • Groupes Entretien,  Trails courts et Courses nature

L : 45' footing facile ou 1h00 vélo 

2.Ma :1h30 Parcours vallonné dont 12 côtes du Centre aèré  (30’’ de chaise avant chaque côte)  Séance avec bâtons à 18h15  à  Givray    avec  Kiki

3. M : Sortie 1h30 dont Footing 30’ + séance seuil court : 3 séries de ( 1', 2', 4'  récup 0,30", 1' et 2'30 entre séries ) à 9h30 à Givray avec Kiki 

4.V : 1h35   dont 3 Parcours : (Départ du rocher en haut du faon, Côte des Elfes, descente Grippet du faon, Côte des Pervenches) récup trottinée par le sentier du haut    à 18h30  à  Givray avec Kiki

5.D :  Sortie  2h00 vallonnée

RECONNAISSANCE PARCOURS TRAIL DES SANGLIERS à  9h30 au parking des Bois de Saint-Pierre  avec Kiki / Patrick

  • Clémence : 

Mardi : 30'Footing

Mercredi : 20'Footing + 8 Diagonales ou équivalent

Vendredi  : 20'Footing

Dimanche :  Marathon de Moulière

  • Groupe Trail des Cathares

REPOS  avec  Eventuellement, petite sortie vélo en milieu et fin de semaine

Ou

Mardi : 30'Footing

Mercredi : 20'Footing + 8 Diagonales ou équivalent

Vendredi 20'Footing

 

Dimanche ; Sortie 1h cool (en abrégeant le parcours ci dessous)

 

RECONNAISSANCE PARCOURS TRAIL DES SANGLIERS à  9h30 au parking des Bois de Saint-Pierre  avec Kiki / Patrick

 

 

 

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18 janvier 2011 2 18 /01 /janvier /2011 14:59

L’avant course :

Ma diagonale commence en janvier 2009. Pascal, avec qui je m’entraîne, souhaite faire cette course.  Sachant que le PEC la prépare, je lui conseille de rejoindre ce club.  Je m’inscris également.

A cette date là, la diagonale ne me fait pas rêver et surtout je ne pense pas être prêt pour faire ce genre de course.

J’ai très peu d’expérience en trail et en ultra (+de 42km), je viens de faire au mois d’octobre  les Templiers (70km) et j’ai bouclé la Sainté-lyon l’année d’avant, cela me parait peu pour passer d’un coup à de l’ultra distance

 

Nous voilà donc au club. Je fais la connaissance de Christian, notre coach ;  "La diagonale? Pfff la première fois que je l’ai faite je n’avais fait qu’un marathon, viens avec nous ! Pas de problème».

Je ne suis pas trop dur à convaincre… Fin janvier, ma décision est prise je serai au départ en octobre! Nous serons 10 du club sur la course.

teams-1---2-copie-1.JPG

 

Le jour J :

En cet après-midi du jeudi 22 octobre,  je suis allongé sur mon lit et je ne trouve pas le sommeil, j’ai vérifié 152 fois mon sac et la pression monte !  Les sms arrivent sur mon portable: les encouragements des copains, de la famille, ; Mobiliser tout le monde autour d'un projet humanitaire c'est bien, mais du coup, tout le monde te suit, bonjour le stress !J’ai fait une bonne saison avec le club, des bonnes courses, sans trop de pression, mais là, je réalise que c’est l’objectif de l’année et la pression est bien présente. Je vais partir ce soir, à 22h00, pour 163km et 9600m de dénivelé positif. Je ne réalise pas bien ce que cela représente, mais, il va falloir les boucler, quoi qu’il arrive! Je suis au pied du mur…

Je suis rassuré par la qualité de l’entraînement proposé par Christian et par mon état de forme. Je me sens bien préparé, mais je suis inquiet sur deux points, mon inexpérience sur ce genre d’épreuve et ma cheville gauche.

Je me suis fait une entorse de la cheville que je traine depuis cet été. Mon kiné m’a dit que si je me la tordais à nouveau, je ne pourrai pas repartir, c’est très rassurant!

 Alors depuis 2 mois, je cours avec cette angoisse. Strapping ou pas? J’essaie tout et son contraire à l’entraînement pour ne pas être gêné ou me blesser pendant la course. Finalement je pars avec un strap par sécurité, ça rassure plus ma tête que ma cheville.

Je n’ai pas d’objectif, à part celui de finir.  Je n’ai fait aucun calcul, pas de temps de passage. Je sais juste qu’il faut arriver à Cilaos (90ème km) en bon état physique et mental, car c’est là, que débute la course. J’espère juste y arriver demain avant la nuit.

Jeudi 22 octobre 22h00: c’est parti!

 photo1.JPG  Voila plus d’une heure que l’on est comme des sardines dans une petite boite, sur la ligne de départ.

Une organisation à l’africaine, 2500 coureurs vont passer dans un goulot d’étranglement, on patiente avec une énorme sono dans les oreilles, ambiance….

La diago, c’est la fête.  Cette course, c’est un truc énorme pour tous les réunionnais, les radios en direct pendant toute la course, la télé aussi canal + horizon en direct, des supporters partout sur la course, les encouragements, les bénévoles, la course c’est l’évènement de l’année.

A la radio, il y a une bande annonce disant: «Comme un musulman doit aller une fois dans sa vie à la Mecque, un Réunionnais doit faire une fois dans sa vie le grand raid!»

 

C’est parti! Une cohue énorme, le bruit, les flashs, les cris, des gens partout sur la route et à côté!

J’attrape le sac à dos de Christian et ne le lâche pas… ça part à fond ! Je n’ai pas couru depuis au moins une semaine, la chaleur, l’humidité, la pression, ça va vite, je suis déjà dans le rouge.

On a perdu Daniel et Lulu, je m’accroche à Christian. Sa présence et son expérience me rassurent… Première erreur! Je fais sa course et pas la mienne,  je vais rapidement me sentir mal.

 

Le départ, c’est 16km de «plat» où, selon Christian, il ne faut pas trop trainer car sinon ce sont les bouchons pour prendre le sentier qui monte au volcan. Seulement, au bout de  ces 16km de «plat» on est quand même à 800m de dénivelé positif. Ça représente une pente de 5%, un joli faux plat pour la Réunion mais dans la Vienne, on appelle ça une côte…

Quand je ne suis pas bien, je sais ce qu’il se passe…Mes intestins me lâchent, je sens que ça monte (enfin ça descend plutôt….) et je dois couper mon effort. Je dis à Christian de partir en le rassurant, mais le mal est fait… Je m’arrête une première fois pour fertiliser la forêt primaire…

Je ne peux plus accélérer sous peine d’avoir à nouveau mal au ventre, je prends un petit rythme, je ne suis pas bien, je m’arrête à nouveau avant le ravitaillement du sentier du volcan. Après le ravito, le chemin monte droit dans la pente jusqu’au sommet, étroit, gras, technique et très très pentu. En 8km, on monte à 2600m d’altitude ; Bienvenue à la Réunion !

La montée se fait lentement, ça bouchonne légèrement, le rythme est peu élevé, genre randonnée active. Du coup, ça va me sauver, mon ventre va récupérer et se stabiliser. Je ne suis toujours pas bien, j’ai la nausée mais je ne me vide plus, c’est déjà ça.

Arrivé en haut, il fait froid ; autour de 2°. Je me couvre car si je prends froid sur le ventre, c’est fini pour moi Le spectacle du volcan est magique en pleine nuit. Tout le monde s’arrête pour voir les coulées de lave.

J’arrive au ravitaillement de la route du volcan (31km), je n’ai pas faim mais je me force à m’alimenter. Je jette mon produit énergétique qui m’écœure et j’improvise avec de l’eau et des raisins secs.  Je croise les copains de Pascal, : Philippe et Sébastien mais je ne suis pas très causant, préoccupé par mon ventre et ma cheville.

Le terrain est très difficile à la Réunion, les sentiers sont pleins de cailloux, de racines, de boue. C’est le paradis de l’entorse et du mauvais appui ; Dans le halo de ma frontale il est nécessaire d’anticiper les aléas  du terrain et cela me demande beaucoup de concentration.

Vendredi 23 octobre:

  Je ne fais pas un bon début de course et je ne suis pas bien.  J’ai l’impression de faire de la survie, en même temps j’essaie de positiver en me répétant que je ne suis pas blessé, je suis encore dans la course, et je dois attendre que ça aille mieux! Il faut être patient en ultra, ultra patient car la course est encore longue, très longue,  j’ai fait 31km en 6h30 de course.

photo2.JPGLe jour se lève, la température s'élève, le moral aussi. Pourtant il ne fait pas très beau. Les paysages ressemblent étrangement à l’Auvergne, des près avec des vaches. Les sentiers sont moins techniques, on peut courir, je vais un peu mieux.

J’arrive au ravitaillement de «Mare à boue» (qui porte bien son nom) au 50ème km, après 9h20 de course.  Je n’avais jamais couru aussi longtemps. Fétéa et Hélène sont là. On discute un peu, ça fait du bien de parler à quelqu’un de connu. Elles m’informent que Christian est passé il y a 40mn, ça me surprend qu’il n’ait pas plus d’avance.

 

A "Mare à boue" c’est l’armée qui tient le poste de ravitaillement. Ça rigole à moitié, un capitaine en treillis vous pointe à l’arrivée avec un «Bonjour Alain» bien ferme qui réveille. Les lits de camps sont alignés dans un champ, en plein vent et sous la pluie.

Le cari poulet avec les pâtes sont bons (je ne me souviens pas que l’on mangeait si bien à l’armée), mais, je me force toujours à m’alimenter. Je retrouve Philippe. On mange tous les deux assis sur un lit, vec une couverture sur les épaules. Ça fait un peu camp de réfugiés.

Au fil des kilomètrephoto3.JPGs, je vais mieux, je n’ai plus la nausée, je n’ai plus mal au ventre et je trouve un bon rythme. J’aborde la forêt de Bélouve et enfin je me sens en course 11h00 après le départ, je n'avais jamais fait plus de 10h20 en course!

Cette forêt est un piège, on monte, on descend, on tourne, on vire, le terrain est gras, des racines partout, on s’aide des mains pour monter, pour descendre.ds REUN 0001 (1370)

 

 

 

 

 

 

 

 

 

Je suis avec un petit groupe de Réunionnais et on avance bien, mais déjà ça râle dans le peloton (en créole!) sur la difficulté de la course par rapport aux éditions précédentes et à l’utilité de nous faire passer dans cet "enfer vert". 

Cette portion me parait interminable et j’y laisse pas mal de force. Enfin la sortie, un petit ravitaillement et c’est la descente sur Hellbourg assez technique. Je reçois un appel de Christian, il arrive au ravitaillement, je suis environ 20mn derrière lui.  Finalement, malgré mon début de course catastrophique, je ne suis pas très loin de lui.

Arrivé à Hellbourg (71ème km), je n’avais jamais fait autant de km. Quelle surprise de trouver Christian au ravito!  Il vient de se faire masser et va repartir. Je prends le temps de m’alimenter et surtout de faire le plein d’eau car je vais aborder la grosse difficulté de la journée: le cap Anglais! C’est aussi une nouveauté de cette édition et c’est un gros morceau 1500 m de dénivelé positif en 10km.

Le cap Anglais m’a tué:

   Je quitte le ravitaillement avec le moral et de bonnes sensations. Je vais commettre une deuxième erreur, je me sens enfin bien dans la course après 14h00 donc…. je fonce! Crétin que je suis! (1% de tête, 99% de physique).

Je monte le cap Anglais comme une mobylette, je double beaucoup de concurrents , mais le cap Anglais, c’est dur, très dur et c’est long puisque l’on met presque 4h00 pour arriver au refuge du piton des neiges.photo4-copie-1.JPG 

J’analyse mal la situation, je n’ai que 1,5 litres d’eau avec moi donc je me rationne. Je ne m’alimente pas assez et je me vois beaucoup trop fort. Je vais payer l'addition cash mais je ne le sais pas encore.

Je rattrape Christian après environ 3h00 de montée et bien sûr, je ne l’attends pas. Je me dis que je l’attendrai en haut, que je ne dois pas couper mon effort.  Je ne vois pas les signes avant coureurs de la défaillance, des petits signes de fatigue, des troubles de la vision, des petits manques de lucidité.

La défaillance arrive d’un coup, plus de son, plus d’image et surtout plus d'essence dans la mobylette !

Je m’assois au milieu du chemin sur un rocher, je suis blanc, livide. Sur le coup, je pense que c’est mon ventre qui me joue à nouveau des tours.

Christian me rattrape et me demande si ça va.  Je lui réponds que je vais gérer, mais en fait, je ne gère pas grand-chose, j’ai beaucoup de mal à raisonner et à rester lucide.

Je suis à 2500m d'altitude, je me souviens du vent fort et d'être au milieu des nuages, j'ai tout de suite très froid. Sortir le coupe-vent de mon sac me demande un effort énorme. Je n’ai plus de force, je réagis à l’instinct. Revenir aux  fondamentaux pour se sauver: se couvrir, boire, prendre du sucre, je passe en mode survie.

 

Ma diagonale s’est jouée là, à cet instant précis. J’avais un altimètre avec moi, il me restait 100m de dénivelé positif à faire jusqu’au gîte du piton des neiges. Là bas, je pourrai me ravitailler et me reposer, si je reste là, personne ne viendra me chercher, je peux être vite en hypothermie et ne plus pouvoir repartir.  Je pense que j’étais à 1km du sommet, mais ce petit kilomètre, j’ai dû mettre entre 30 et 45mn pour le faire (99% de tête, 1% de physique).

J’ai du mal à rester lucide, je n’ai plus de force, mon corps réclame du sommeil et je ne pense qu’à ça: dormir.  Je lutte pour rester éveillé, je repars, mais c’est trop dur, je me rassois, je n’y arrive pas. On me secoue, je me réveille en sursaut, devant moi un concurrent qui me demande si ça va?. Incroyable je me suis endormi sans m’en rendre compte! Je réponds "oui oui ça va" par réflexe. Je repars, il faut marcher ne pas s’arrêter, un autre concurrent me réveillera à nouveau plus loin, merci à eux et à la solidarité des traileurs.

Je me souviens que je me parlais. Je me disais que c’est la tête qui commande, pas le corps! Que je devais le faire, que je pouvais le faire. Je cherchais le gîte des yeux au détour des lacets, la tentation de dormir sur le côté du sentier était grande, je cherchais un coin tranquille pour étendre ma couverture de survie où personne ne me verrait et où on me laisserait dormir.

Je me souviens d’avoir eu mal et de m’être vraiment arraché comme jamais, d’avoir pensé à des trucs forts et d’être allé puiser en moi très très loin pour passer.

 Puis le gîte est arrivé. Je zappe le ravito, je veux juste dormir….enfin!

 Il y a une tente d’infirmerie en contre bas. Elle est pleine de coureurs en détresse. Je m’affale sur la terrasse du gîte en plein vent, j’appelle Sylvie (qui attend en bas à Cilaos) pour la rassurer et lui demander de me réveiller dans ½ heure. A côté de moi, un autre traileur s’allonge, tout blanc, épuisé qui ne cherche qu’à dormir lui aussi. Une bénévole arrive et nous dit de ne pas rester là, il y fait trop froid (c’est pas faux…), que le gîte est ouvert, que  l’on peut dormir à l’intérieur. Quelle bonne nouvelle ! Je la suis, on traverse la salle de restaurant et on arrive dans les chambres. Je découvre l’envers du décor pour la première fois. Dans la chambre il y a 5 lits de 3 étages chacun, tous pleins de traileurs. Les chaussures de trail dépassent de chaque couchage. Au sol une dizaine de coureurs est  sous des couvertures de survie, plus une place. Des chambres comme ça, il y en a 3 ou 4. L’hécatombe ! Le cap Anglais a fait son œuvre. Dans le cap Anglais, la machine à broyer du coureur fonctionne à plein régime et je fais partie des victimes.

Je trouve un petit coin sous un lit, la bénévole me demande si elle doit me réveiller, je lui réponds oui dans 30mn, je pose ma tête sur mon sac, il fait chaud, je dors de suite.

On me secoue, j'ouvre les yeux.. La petite dame me dit que je dors depuis 30mn. Comment fait-elle pour gérer le sommeil de 50 traileurs sans se tromper? Merci dix mille fois à tous les bénévoles de cette course, ils sont extraordinaires !

Je me lève et là miracle, je suis en pleine forme (enfin presque….)! J’ai faim, je mangerais une vache, c’est bon signe! Je sors, ça caille sévère en bas du piton des neiges! Je bois une soupe pour me réchauffer, je tremble tellement que la moitié du bol passe par-dessus, ça fait marrer les bénévoles. J’en prends une deuxième avec plus de succès, je mange à peu près tout ce que je trouve et bois un coca. Les vêtements chauds m’attendent en bas à Cilaos. Pour l’instant, je ne vois qu’un seul moyen pour me réchauffer…Courir! 

Cilaos:

J’attaque la descente vers Cilaos, longue et difficile d’après Christian.

photo5-copie-1.JPG

Je fais le point. J’ai retrouvé toute ma lucidité et je peux à nouveau raisonner. J’ai couru comme un con (analyse brillante de la situation non?) et j’ai failli tout perdre dans le cap Anglais. Mais il faut positiver!  Je suis toujours en course et ça va bien, je ne suis pas blessé, je me sens comme un survivant.

L’ultra c’est comme un jeu vidéo, au départ, on a plusieurs vies mais on ne sait pas combien. J’en ai utilisé une ce matin au volcan, une autre dans le cap Anglais, je suis à ma troisième et c’est peut être la dernière. J’arrête de jouer(au c..) et je vais au bout! Maintenant je dois gérer, prudence, prudence.

La descente se passe bien je suis……..prudent. J’arrive en bas sur la route c’est un peu étrange. Il faut faire 3 km de bitume(bearck!) et la route est ouverte à la circulation. Je trottine, je suis le seul à ne pas marcher, mais je gère. Beaucoup de gens nous encouragent, chaque voiture s’arrête ou klaxonne, l’ambiance est incroyable.

Beaucoup de monde à Cilaos (90ème km) où j'arrive après 19h45 de course, mais personne de connu. J’appelle Sylvie, mais le portable ne passe pas bien. J’arrive au stade, je passe devant les kinés et l’infirmerie, c’est plein à craquer, ça masse, ça strape, ça soigne, ça perce de l'ampoule. De ce côté là, tout va bien pour moi. J'ai les pieds comme neufs, pas de problème musculaire, pas besoin de massages. Je vais chercher mon sac d’assistance et je commence à me changer. photo6.JPG

 
 

 Les  "suiveurs"arrivent enfin. Je suis très content de les voir et je suis surtout très content d’être (encore) là. Il parait que ça se voit et que je suis euphorique. C’est vrai mais je pense aussi à l’essentiel, faire mon sac pour la deuxième nuit, me changer, m’occuper de mes pieds (mes meilleurs amis en trail).

La présence de Sylvie me fait du bien et me réconforte, je suis dans la course depuis 20h00, il est 18h00 la nuit tombe. Je comprends aussi la difficulté pour nos épouses de vivre une telle course, égoïstement je me suis préparé mais je n’ai pas préparé Sylvie à cette folie, à l’attente, au stress, heureusement toutes ensembles elles se sont soutenues, merci à toutes.

J’ai déjà dormi et je profite donc de mon moment d’euphorie pour rester le moins longtemps possible à Cilaos. Je vais manger, me ravitailler et repartir. L’ambiance est étrange dans le gymnase où l'on mange mal, personne ne parle, ça sent le découragement et l’abandon ici(800 abandons à Cilaos!), je ne m’attarde pas.

Dehors, Sylvie et les suiveurs m’attendent, nous marchons dans les rues de Cilaos tous ensemble et ils me laissent partir dans la nuit, je suis seul.

A Cilaos, j'ai appris la galère des copains, l'abandon de Lulu, la détresse de Pascal, Marie sa femme est inquiète. Il n'est pas bien et n'a pas le moral. Pascal, je le connais, il est encore en course? Il passera! Je leur dit que Pascal c'est un guerrier, il ne lâchera pas le morceau comme ça.

Je commence la deuxième partie de la course et ma deuxième nuit dans la montagne. Sortir du cirque de Cilaos par le col du Taïbit pour aller dans le cirque de Mafate. Le col du Taïbit est une des grosses difficultés de la course, 1300m de dénivelé positif en 6km. Il va falloir gérer, je range la mobylette au garage et je jette les clefs au fond du lac de Cilaos (comment ça y a pas de lac à Cilaos??).

Je suis seul dans la nuit, il faut d’abord descendre pour traverser la rivière. Je ne trouve pas mon chemin dans l’obscurité et je galère pour la traverser. Je commence la remontée, c’est long, je ne me sens pas très bien, je vais mettre 2h00 pour atteindre le ravitaillement au pied du col.

 
 

photo7-copie-1.JPGEt là surprise je tombe sur Christian! Il est resté assez longtemps à Cilaos pour se faire masser (cette manie de tout le temps se faire masser…). Il me dit qu’il va dormir à Marla au prochain ravito après le col à l’entrée de Mafate. Je le laisse repartir et je prends le temps de récupérer. J’ai à nouveau la nausée, je prends un médoc. Je m’installe avec des bénévoles autour d’un braséro. Ce sont des pompiers, ils parlent de l’incendie qui ravage le Maïdo. Ils vont le combattre tous les jours et sont bénévoles toute la nuit sur la course, respect! Je sors un peu de la course et ça me fait du bien. On parle de tout et de rien. Ils ont bien déliré au poste de ravitaillement. Il y a une piscine avec des canards en plastique, la musique à fond.  Je repars, on se tape dans les mains, les gars m'encouragent sincèrement. Ça fait chaud au cœur, c’est aussi ces moments là qui restent dans la tête et qui font avancer.

Il est 21h00, je monte le col et je suis encore seul. Le ciel est dégagé et la lune éclaire le cirque de Cilaos dans son ensemble. A mes pieds, les lumières de la ville deviennent de plus en plus petites et de l’autre côté du cirque, je distingue une guirlande lumineuse dans la montagne. Ce sont les frontales des coureurs qui descendent du piton des neiges vers Cilaos, je pense aux copains qui doivent être là bas. Je l'apprendrai plus tard mais il y avait bien Pascal en face luttant contre le chrono pour arriver à Cilaos dans les délais et Didier qui faisait la descente après s’être fait perfuser au gîte du piton des neiges. Comme quoi il ne faut jamais renoncer en ultra.

Le ciel est magnifique, entièrement dégagé et je marche sous des milliers d’étoiles. Je me sens super bien, je fais des pauses. J’éteins ma frontale pour mieux profiter du spectacle. Dans le Taïbit, j’ai ressenti un vrai moment de plénitude, j’étais vraiment heureux d’être là.

Je croise quelques concurrents qui renoncent et qui redescendent vers Cilaos. Il faut savoir que du ravitaillement que je viens de quitter jusqu'à Dos d’Ane, à la sortie du cirque de Mafate, soit 35km, il n’y a pas de route. Donc, si on décide d’abandonner, il faut quand même rejoindre la civilisation en marchant, c’est marqué dans le règlement de la course. Et 35km, si on est blessé, fatigué, à 2km/h c’est très long et ça peut faire peur,  donc certains font demi-tour et renoncent à traverser le cirque de Mafate. Les Réunionnais disent que l’on rentre dans Mafate avec ses pieds ou en hélico, on en sort aussi avec ses pieds ou en hélico.

Mafate au cœur:ds_IMGP0827.jpg

   Je bascule en haut du col à 23h00. Je vais enfin courir dans Mafate.  Depuis que j’étudie le parcours de la course, j’ai un rêve, c’est courir dans Mafate, le cœur de l’île de la Réunion!

Le spectacle est hallucinant ; Sur ma gauche un mur de 1000m de haut  "le Maïdo" ; A mes pieds le cirque. Au fond du cirque, des nuages forment comme un lac avec une surface entièrement lisse. Impossible de prendre une photo, pas assez de lumière, mais je profite de ce moment magique quelques instants.

 

 photo15.JPG
   

 

 

 

 

Au même moment à Saint-Denis, le premier franchit la ligne d’arrivée, un extra terrestre Espagnol de 23 ans, Kilian Jornet , qui a dominé la course avec facilité et le sourire aux lèvres. Le tout dans l’esprit du trail et de la montagne, respect !   (même sur la photo il est devant moi)

 
   

 

La descente sur Marla est très technique, Mafate c’est casse pattes ! Je viens de faire 100km à pied, une première pour moi.

Juste avant d’arriver sur Marla, je reprends un petit groupe et je reconnais la silhouette du meneur avec la tête penché sur le côté, Christian est là, le coach!  Je suis très content de le re-re-retrouver.  Je ne sais pas gérer ma course , mais lui saura le faire. Je manque d’expérience, avec lui j’en aurai à revendre. Il me dit qu’il va dormir une heure à Marla, je me sens fatigué après 26h00 de course, va pour une heure de sommeil.

On trouve difficilement une place dans une des 3 tentes bondées. En fait, on s'est couché dans l’entrée sur une bâche en plastique avec une couverture pour deux et il fait froid à Marla. Puis, deux traileurs repartent et nous laissent leurs places et leurs couvertures chaudes, le luxe ! On met les portables à sonner, par peur de faire une nuit complète. Malgré le froid et la sono à fond, on fait un gros dodo.

Dans Mafate les ravitos  sont  chaleureux, les bénévoles enthousiastes, mais la musique est à fond et le caisson de basses crache du gros son, genre boite de nuit.

 

On repart vers 1h00 du matin, il fait froid au réveil, je laisse Christian mener l’allure, il sait faire parfaitement. On marchera ainsi toute la nuit dans Mafate, lui devant et moi qui suit. On ne va pas croiser grand monde, pas beaucoup parler, on ira jamais bien vite mais on avancera toujours malgré le terrain qui est très cassant. Grâce à Christian, je fais ce que je n’ai pas réussi jusqu’ici: être régulier et en mouvement permanent vers l’arrivée.

Car l’objectif est bien là maintenant, avec la fatigue et la difficulté de cette course: arriver ! Aller chercher le maillot de finisher ! Je pense beaucoup à ce maillot mais la route est longue.

On va gagner des places toute la nuit et toute la journée du lendemain, sans vraiment doubler de concurrents ; Mais les autres aussi dorment, font des pauses ou renoncent à continuer.

On parle peu mais on est préoccupé par une chose: les copains. Christian, qui a déjà fait la diago 2 fois (mais à l’époque parait que c’était facile….), me dit que la course est très dure cette année, J’entends ça depuis ce matin de la part de tous les concurrents qui ont l’expérience de la course, la casse est énorme sur le parcours.

 

J’ai toujours un peu la nausée alors je m’arrête à chaque poste de secours et je suis surpris par le nombre de traileurs en train de se faire soigner ou allonger sous les couvertures de survie, pourtant on est autour de la 500ème place, donc j’imagine comment ça doit être derrière nous.

La diago est une énorme machine à broyer du raideur. Elle brise doucement mais sûrement. Sur une course, il y a toujours un gars qui vous dit qu’il a fait un truc de fou un jour et que c’était plus dur que ce que l'on est en train de faire. En 46h00, je n’entendrai jamais ce discours, tout le monde est unanime sur la difficulté de ce nouveau parcours.

Au ravito de Roche Plate (qui porte mal son nom), il n’y a personne, j’ai l’idée de demander au contrôleur des nouvelles des copains, parce que dans Mafate il n’y a pas de route mais il y a internet ! On apprend l’abandon de Florence et François, on savait déjà que Lulu avait abandonné à Hellbourg, les autres sont  à Cilaos mais ils sont sortis du poste à la limite de la barrière horaire.

 

Nous sommes affectés par la nouvelle de l’abandon des Meuniers et très inquiets pour les copains, l’aventure collective tourne au cauchemar à cet instant.

 

Christian est très préoccupé, il a amené et entrainé tout le monde dans cette aventure et je sens le poids de la responsabilité sur ses épaules. Il me dit que ce n’est pas normal, que ça doit passer ; Dans le groupe, il y a des gars qui ont fait l’UTMB ou le marathon des sables, ils ne peuvent pas être hors délais sur la diago ou alors la course est devenue vraiment trop dure.

Nous serons rassurés sur leur sort au fil du temps, ils passeront les postes et prendrons petit à petit de l’avance sur les barrières horaires, le groupe des 5 est dans la course!

Le groupe de 2 avance lui aussi et la  nuit se passe ainsi sans jamais rien lâcher. Je suis rassuré par la présence de Christian. Avec lui je vaphoto8-copie-2.JPGis arriver, sauf blessure ou accident, il gère tout tranquillement et ne s’affole jamais. Il se tord la cheville, fait trempette dans une rivière, casse son bâton (merci à Antoine, mon fils, pour le couteau qui répare tout), rien n’est grave et on avance toujours, Kiki c’est le boss voilà tout.

On parle aussi d’Eric qui devrait être là dans Mafate avec nous, c’est une course pour lui.

Le jour se lève on est au fond du cirque, bientôt la sortie, sauf que l’on ne sort pas comme ça d’un cirque, la montée de Dos d’Ane nous attend mais avant il y a le gros ravitaillementphoto9.JPG de Deux Bras.

Les bénévoles sont formidables de gentillesse et de disponibilité. J’ai toujours la nausée mais je me ravitaille. On récupère  notre deuxième sac d’assistance, j’ai prévu d’amener des flasques d’eau supplémentaires avec moi car je sais que la journée en bord de mer va être chaude et la chaleur je n’aime pas ça…

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  Samedi 24 octobre:

 Il est 9h00 du matin, 35heures de course, nous quittons le ravitaillement pour attaquer de suite la montée sur Dos d’Ane, 700m de Dénivelé positif en 4km ; Le boss devant et tout le monde qui suit ! On a formé un groupe d’une vingtaine de coureurs derrière Christian et personne ne veut passer devant, il est comme ça Christian, il trouve 20 coureurs, il forme de suite un groupe !

 

Arrivé en haut, il reste 32km avant l’arrivée mais on va mettre la journée pour les faire. ds_IMGP0844.jpg

En étudiant le parcours, je redoutais cette fin de course avec le bord de mer: il y a la chaleur, les routes, les villes et un chemin pavé interminable. Je ne suis pas venu à la Réunion pour courir sur du bitume ou des pavés et je trouve cette fin de course pas à la hauteur du reste du parcours et de la beauté de cette île.

Mais il faut passer…. Après avoir testé notre physique, les organisateurs mettent notre mental à l’épreuve sur cette fin de parcours.

Après Dos d’Ane, on descend sur la ville de la Possession, je suis plutôt bien, ce n’est pas encore les grosses chaleurs. Je sens Kiki pas vraiment au mieux dans la descente mais il avance. Au ravito, on a besoin de récupérer, la fatigue est là, la chaleur c'est installée et je vais souffrir.

 

Les pavés, l'enfer du nord:

 

photo10.jpgIl faut passer des ravines pour aller au ravito de "Grande Chaloupe", il fait très chaud et j’encaisse mal les dénivelés. Je ne sais plus trop où on en est ; Heureusement, Christian compte mieux les ravines que moi, je trouve ça très dur et j’ai du mal à suivre.

 

Je n'aime pas les Anglais, ils me le rendent bien!  J'ai sauté dans le cap Anglais, je vais souffrir sur le chemin des Anglais et ses pavés.

Ces pavés inégaux sont une horreur, la descente sur "Grande Chaloupe" va me tuer, ça me demande une concentration terrible, je suis épuisé au ravito et je demande du temps à Christian pour récupérer.

Il est 16h00 ; 42h00 de course et il reste 16km, mais aussi 760m de dénivelé pour monter à Colorado le dernier ravito. Pour moi ça va être dur, je suis épuisé, j’ai à nouveau une barre dans le ventre et je ne sais pas si je vais pouvoir tenir le rythme, Christian s’adapte à ma vitesse, j’ai le sentiment de le retarder.

Je vais faire l’effort, être à la limite tout le temps, je vais être mal pendant 2h00, c’est long 2h00 quand on souffre, je le fais pour lui pour ne pas le retarder, tout seul j’aurais attendu que ça passe à l’ombre d’un arbre et j’aurais repris tranquillement. Je lui demande de ne pas m’attendre mais il refuse bien sûr.

Enfin on quitte la route et on emprunte un sentier dans la forêt. Il commence à faire sombre et  bonne nouvelle, je vais mieux ! Ça commence à sentir très bon et heureusement car c’est long cette fin de course…. Il est temps d’en finir. Je mène l'allure, je me sens bien. On sort les lampes frontales et le maillot de la course obligatoire pour l’arrivée, je relance mais je pense que c’est au tour de Christian d’avoir un coup de moins bien, on arrive tranquillement  à Colorado.

 

Colorado sprint:

 

Il est 19h00 il reste 5km et surtout on a terminé avec le dénivelé positif!  Les 5 km restant sont en descente ! Ça fait des heures que Kiki me vend la dernière descente comme un piège dans lequel il faut être extrêmement prudent. On a tout à perdre et rien à gagner là dedans me dit-il. Sauf qu’en pointant à Colorado, on est 512ème et 513ème et Kiki il a tout de suite trouvé ce qu’on pouvait gagner dans la descente…13 places !

Parce que cet homme, qui est le plus gentil du monde, en course c’est un tueur, toujours un truc à gratter, à aller chercher, il a toujours un objectif, un os à ronger, un temps, une place, faire mieux que la dernière fois et surtout faire mieux que le gars juste devant (sauf si c'est moi).

Donc, on pointe au contrôle et quand le gars nous dit 512ème et 513ème, je vois Christian qui regarde autour de nous, il compte les coureurs au ravito: 2 qui mangent, 3 assis, 3 à l’infirmerie (même à 5km du but l’infirmerie est pleine!). Ok J'ai compris! Je lui demande juste si je peux prendre un coca ?  "vite fait alors" me répond-il et c'est parti !

Il fait nuit et on a du mal à se repérer, à trouver le début du sentier dans le noir, le balisage est moyen, Christian est (encore!) au téléphone et ça dure.... Christian tu lui enlèves le téléphone, il finit dans les 200 premiers, parce qu’en course, il gère le club, sa famille, les copains...

Après avoir  raccroché, on se lance dans la descente piégeuse..... A fond ! A la frontale, racines, pierres, feuilles, gros pourcentage, tout à bloc ! Quand on rattrape un traileur, Christian crie "pardon" et moi "merci" et on l'enrhume. J'ai du mal à suivre, je suis en nage, je donne tout, on passe de 800m d'altitude à zéro et la température augmente au fur et à mesure que l'on se rapproche du niveau de la mer. En dessous de nous, la ville de Saint Denis grossit à vue d'œil.

J'ai vraiment du mal à le suivre, il est déchainé, dès qu'il voit la lueur d'une frontale en contre bas, ça l'excite et il en remet une couche, on doit largement être dans les 500 premiers, je lui demande de lever le pied, je suis mort !

En même temps, je sais que l'on va arriver au bout maintenant et mouiller le maillot comme ça, tout donner dans les derniers kilomètres c'est vraiment bon ! Le sentiment d'aller au bout de soi-même, pour rien, juste pour la beauté du geste, je me dis que c'est ça le sport.

photo11.jpgJe vois maintenant la route sous laquelle il faut passer juste avant le stade de la Redoute où se trouve l'arrivée. J'entends la sono du stade, dans les derniers lacets. Christian coupe tout droit, il paraît que c'est un raccourci, il est fou. Surprise ! Sous le pont de l'autoroute, il y a François et surtout Sylvie ! J'échange un bisou rapide  mais je ne pense qu'à la ligne d'arrivée, il reste à peine 500m avant la piste du stade et... Le maillot !

Souvent les gens me demandent pourquoi je cours ? Heu.... Je ne savais jamais quoi répondre. Maintenant je sais, je cours pour revivre ces 5mn là.

Au bout de 46h00, c'est gagné, je cours à fond sur ce trottoir qui mène au stade et dans ma tête ça fait pschitt, ça descend dans tout le corps, j'ai mal nulle part et c'est trop bon, un sentiment incroyable de satisfaction et de bien être. photo12-copie-1.jpg

 

On rentre dans le stade avec Kiki, on se donne la main, la foule nous porte, on passe la ligne ensemble je suis super heureux de l'avoir fait et de l'avoir fait avec Christian.

Sylvie arrive je tombe dans ses bras, tous les suiveurs sont là et c'est beaucoup d'émotion de retrouver Lulu, François et Florence qui sont heureux pour nous même si c'est forcément difficile pour eux, bravo à eux d'être venus à l'arrivée.

Mais je n'ai toujours pas mon maillot !  Je passe le contrôle pour l'avoir ; Du coup, je pointe avant Christian qui discute avec tout le monde, quelle indélicatesse de ma part ! Te l’ai dit Kiki : Fallait pas m'attendre!

 Au final 46h16mn, 494ème au classement général, 472ème homme, 196ème de ma catégorie d'âge.

Ça y est je l'ai le maillot tant désiré, je le mets, il est vraiment moche, mais c'est le plus beau maillot que je n'ai jamais eu!  Je ne l'ai pas volé et faut aller le chercher celui la, même pas en vente sur E-Bay.

Sylvie a eu peur que je me sente mal et est partie me chercher à manger, je me retrouve seul quelques minutes, je m'allonge sur le dos, les bras en croix sur l'herbe fraiche du stade, le corps s'arrête la tête aussi, je suis bien, heureux, je débranche tout.

Je regarde mon maillot, dessus il y a marqué "Diagonales des fous 2010, j'ai survécu", y a de ça...

 

Remerciements :

Je voudrais dédier cette course à Dedette, qui m'a fait venir au sport et à la course à pied, qui est un exemple de volonté et de ténacité, qui aurait voulu faire cette course, que ma course soit la sienne.

Un énorme merci à ma femme sans qui rien ne serait possible dans ma vie, qui me permet aussi de vivre ma passion malgré les contraintes.

Merci à mes enfants de leur soutien et leurs encouragements.

A tous mes amis, la famille, qui ont suivi la course, qui ont envoyé des textos et qui ont participé pour soutenir l'association.

Merci à Fétéa et Héléne pour leur accueil, leur gentillesse et bravo pour leur action. Si le sport est la culture de l’éphémère et de l’inutile, Fétéa elle construit du réel et du durable.

Une grosse pensée pour Florence François et Lulu, y en aura d'autres des belles à faire, ce jour là, vous passerez, pas moi, j'essayerai d'être aussi digne et élégant que vous dans  la déception.

Bravo aux copains qui ont bouclé la diago le lendemain, un super moment d'émotion pour moi:

- Daniel pour sa jophoto13.jpgie de vivre, son élégance et la  poésie qu'il met dans toutes choses.

- Les Dupond et Dupont de la course à pied Jacky et Didier, indissociables, qui passent partout, tout le temps et dans toutes les conditions, les ultras trailers de référence (fais gaffe Didier c'était limite là).

- Gérard l'élégance, l'humour, la volonté, le maniaque de la préparation (comme moi!) et le gars qui a le plus gros fan club du club avec Catherine, sa femme, groupie en chef, sa sœur, son beauf, le cousin, le neveu, la nièce... Tout un bus sur les routes de l'île(merci à eux aussi!).

- Merci à Pascal d'être mon pote et bravo à lui pour ce qu'il a fait, il n'en parle pas dans son compte rendu mais, ses derniers entraînements il faisait 2km et se claquait le mollet, donc juste prendre le départ dans son état faut en avoir des très grosses.

Je finis avec Christian et Maryvonne qui ont tout organisé, le séjour, les balades, tout géré sur place, merci de leur patience face au stress du coureur avant, pendant et après la course.

Un dernier mot pour Christian bien sur, sans qui je n'aurais jamais fait cette course, la confiance qu'il a su m'apporter, la qualité de ses entraînements, son calme, sa gentillesse, l'expérience qu'il sait partager. C'est un grand monsieur du sport et de la course à pied, je suis très heureux  et flatté d'avoir vécu cette course à ses côtés, ces moments la resteront à jamais gravés dans ma mémoire.

 

 

 

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4 janvier 2011 2 04 /01 /janvier /2011 23:36

I will survive !

 

P1a.jpg

 

C’est donc à froid, plus de 2 mois après l’événement que je vais tenter de mettre à plat (si je puis dire) mon récit de course : Le Grand Raid de la Réunion, alias ‘LA DIAGONALE DES OUFS’ !

Et je me souviens de la classe d’élèves de CM2 que j’avais visitée pour leurs raconter mon Marathon Des Sables en 2008. Une élève m’avait demandé ce que je désirais faire à la suite de ce périple dans le désert Marocain, et sans y avoir vraiment réfléchi au préalable, j’avais cité ‘la Diagonale des Fous‘. Rien que le nom de la course les avait bien fait marrer, et voilà ce qu’une élève m’avait écrit sur le blog de son école : « Continue dans cette direction, tu es bien parti pour de nouvelles aventures ; mais si tu fais la Diagonale des Fous, ne reviens pas avec l’ordonnance du médecin pour aller dans un hôpital psychiatrique ! (rire) » Alice CM2.

Alors voilà, passé ce préambule …  

Un jeudi après midi d’octobre à St Leu,

L’attente …

 

On se fait un petit repas de pâtes avec Alain et les filles, Sylvie et Marie, qui comme nous, ne savent pas encore trop ce qui les attend…  On tente de se reposer, le sommeil n’est pas franc, l’angoisse est un peu là, elle nous tiraille gentiment… l’après-midi est long et lourd … Allez, il faut y aller maintenant, la pression monte ! À force de préparer mon sac à dos, j’en ai oublié d’accrocher mon dossard, je le fais à la hâte, vite, Alain m’attend ! Il me manque une épingle … ‘No stress Pascalou, no stress !!!’. Je vérifie une dernière fois la présence de petit Hérisson, mon compagnon de route, la petite peluche de Nils, mon garçon. Allez, c’est parti !

0753Nous rejoignons le groupe du PEC avec mes trois amis de la tente 24 du Marathon des Sables 2008 : Lolo (Laurent Broquereau bien connu dans le Vienne), Seb et Philou. Après le MDS, la Diago … Ça crée des liens !

Les accolades à notre arrivée chez Christian et Maryvonne sont généreuses et sincères. Lulu me trouve une épingle pour finir de fixer mon dossard, François me voyant dépourvu de bâton m’en confectionne un avec les bouts restants pouvant s’emboiter. Je le prends sans hésiter, si ça peut me rassurer un peu … La solidarité est là dans le groupe du PEC !

Nous voilà à la première séance photo de groupe chez Hélène (il y en aura d’autres) autour de sa piscine à débordement ; vue plongeante sur la plage de St Leu et l’Océan Indien, magnifique…… Le Paradis ! … Avant l’enfer ...? Mais pas le temps d’en profiter, après un petit coca (je ne sais pas non plus que je me prépare à en boire des litres pendant 3 jours), un petit bisou à Marie, ou deux, ou trois... On se regarde sans trop rien dire … Mais non, je ne pars pas à la guerre ni à l’abattoir ! J’ai signé pour avoir ce dossard et faire parti de la fête, je tente de relativiser au maximum et de me rappeler mon objectif principal : PROFITER ! J’ai la chance de pouvoir être là, de me dire que je vais participer à un ‘truc’ peu commun, voir hors norme … ‘Alors souri Pascalou, c’est la fête !’ Je tente de l0764Ae faire en montant dans le mini bus et en regardant s’éloigner Marie et les filles restées sur le bord de la route …

Dans le bus, ça ne moufte pas trop, chacun se concentre à sa manière… ça bouchonne un peu à l’arrivée sur Cap Méchant, on descend se délasser les jambes (et la vessie) … on y va à pied ? Non, nous remontons dans le bus et nous garons un peu plus bas… L’entrée dans le stade, quelques gouttes de pluie, rien de méchant à Cap Méchant !

La nuit est déjà tombée, je ne m’en suis pas rendu compte… Une bénévole contrôle mon paquetage, je vide mon sac (à dos) … J’ai tout bon !

On s’assoit à l’entrée, on se restaure un peu, un petit café histoire de s’occuper … On s’échange quelques regards, quelques mots, c’est assez succinct. On est tous concentrés, ça se sent !

 

Jeudi 22h, Cap Méchant,

Altitude zéro, zéro kilomètre, zéro heure de course …

 

Maintenant dans le sas de départ, quelques photos, la pression monte mais le stress s’en va pour laisser la place à l’excitation ! J’y suis, je me referme sur moi-même, j’attends les 3 coups de canon,  la musique du groupe créole n’est plus là pour nous dire qu’on a encore un peu de temps devant nous. … Boum 1ier coup, Boum 2ème coup de canon ……. Et le troisième ? Je ne l’entendrai pas, c’est le départ, je suis juste embarqué par le flot intense de coureurs qui me pousse, voir me porte !

L’ambiance est énorme sur le bord de la route, extraordinaire ! C’est leur course, les Réunionnais sont là, hommes, femmes et enfants criants « allez papa », « allez maman » … Je pense à mes enfants que j’aurais bien aimé avoir près de moi ... Mais pas de sentiment, je me contente de réguler ma petite foulée avec Florence, François, Jacky, Didier et Gérard. Mon mollet blessé depuis Septembre et le trail du Sancy n’a eu que 50 minutes ces 2 dernières semaines pour être ‘testé’ lors d’un petit footing … C’est peu ! Et je sais surtout que la fin de ma préparation a été plus que perturbée ! Je suis moyennement rassuré mais pas de douleur alors j’essaie de vider ma tête de ces craintes et d’oublier ces 2 derniers mois d’entrainement un peu galère !

 Me voilà rassuré (le mollet ne bronche pas), nous sommes déjà au premier ravitaillement, et déjà nous perdons du temps … Commence alors la longue montée pentue et technique à souhait, on est dedans maintenant, fini la rigolade ! … Ou presque, car les pauses dans cette ascension sont nombreuses et plus stressantes et ennuyeuses que reposantes. 2555 personnes au départ se retrouvent sur un sentier monotrace et on piétine, on attend, on fait 2 pas, et c’est encore bloqué. C’est L’autoroute du sud le 15 août, ça bouchonne, on n’avance pas et le temps passe, mine de rien ! C’est un moment très pénible et je sais maintenant que Christian, notre coach préféré, avait raison, il fallait partir plus près de la ligne de départ et plus vite pour éviter cet inévitable goulot d’étranglement ! On aurait dû se positionner avec eux, quitte à ne pas les suivre et aller à notre rythme.

Le temps dans cette ascension me semble vraiment long et je m’ennuie presque à attendre et à avancer à petits pas. Je prends cependant le temps de lever la tête et d’admirer le ciel sombre et le hale rouge ocre incandescent qui flotte légèrement au dessus de la cime des arbres ; c’est le reflet du volcan … énorme ! ‘Profite Pascalou, profite !’ Le sommet de cette ascension approche, la végétation est moins dense, et je commence à ressentir du vent, du froid. Je crois que c’est à ce moment là que j’ai commencé à décrocher… c’est tôt, très tôt ! Arrivé en haut, j’ai mal à la tête, je me couvre, j’ai encore plus froid, je ne me sens pas bien, sans trop savoir ce qui ne va pas. J’ai du mal à suivre le groupe, je suis un peu en retrait avec François et je lui dis de ne pas m’attendre, de passer le message aux autres. Il les rejoint et maintenant, c’est à moi de gérer, seul, c’est mieux.

P2b.jpg

Le volcan est en éruption, quelques photos, je ne m’attarde pas trop car je suis frigorifié. J’entends le grondement de la terre, comme celui d’un orage souterrain, c’est un spectacle incroyable, quelle chance ! Mais j’ai du mal à prendre réellement conscience de la juste valeur de tout ça … Je suis dans la course, et je ne suis pas bien… Que m’arrive-t-il ?   Je repense à ce que m’avait dit Christian : « Tu arrives un peu trop tard sur l’île, le mardi pour un départ de course le jeudi … ». J’ai bien peur qu’il ait encore raison ; Pas eu vraiment le temps de récupérer du voyage et de la nuit d’avion, même pas eu le temps d’une petite ballade en altitude …  nous sommes à 2300m !  … Et pas eu le temps de m’acclimater à ce froid de canard ! C’est certain, je préfère irrémédiablement le chaud du froid et je me prends à regretter le désert du Maroc ! Qu’à cela ne tienne, il faut avancer, je suis encore bien loin du compte.  

Vendredi 6h34, Ravitaillement du Volcan, altitude 2320 mètres, 30ème km, 8h35 de course

Le doute s’installe …

 

Je rejoins les amis Gérard, Didier, Jacky,  François et Florence au ravitaillement du Volcan. Ils repartent tous très vite, je leur souhaite bonne route. Va alors commencer pour moi un long moment de solitude …

J’ai du mal à avancer dans la plaine des sables qui me rappelle les paysages lunaires du désert du Maroc, la température en moins. P3a.jpgJ’aperçois l’Oratoire Sainte Thérèse et sa ribambelle de trailers me montrant la voie de cette nouvelle difficulté, et je m’attarde au pied de cette montagne, le courage n’est pas avec moi. Un groupe de coureurs me dépassent, ils transportent une personne handicapée dans un fauteuil adapté. Je les félicite pour ce qu’ils font et les laisse s’éloigner, appuyé sur mon bâton, comme le cliché de l’employé DDE (blague…) ! Je réalise que pour la montée du col, ça va être très chaud pour eux, et pour moi aussi si je reste derrière ! Aussi sec, me voilà reparti en petite foulée et je les double juste à temps pour ne pas rester ‘coincé’ à devoir les suivre sur le sentier monotrace de cette ascension. Mon cerveau, comme mes jambes fonctionnent au ralenti mais je me félicite d’avoir eu ce court moment de lucidité…

Au ravitaillement de Piton Textor, je me force à avaler quelque chose, un bout de banane, un coca… Je rempli ma poche d’eau, je suis dans ma bulle et je ne parle à personne, je n’échange même plus aucun regard, je me referme sur moi-même car je sais maintenant que je dois trouver des forces que je n’ai pas, et je n’ai seulement fait qu’une quarantaine de kilomètres. Mentalement, je ne comprends pas bien ce qu’il m’arrive, je me prends à me dire qu’un abandon est possible, que je ne serai pas vraiment ridicule à l’idée de raconter à mes amis que c’était trop dur pour moi, que j’ai eu ‘les yeux un peu plus grands que le ventre’ ! Je m’assois sur un rocher, au bord d’une route, je suis au bord de la déroute ! P3b.jpg

J’ai un mal au crâne terrible, je prends une aspirine sans grande conviction. Il est tôt, le jour s’est levé, et il fait toujours trop froid pour moi. Je voie des concurrents me passer devant, les bras nus et la mine réjouie ; je ne leur ressemble pas … Allez, un petit coup de pied au c… ! ‘Te laisse pas abattre et bouge toi les fesses Pascalou !’

Me voilà à nouveau sur pied en direction de la plaine des Caffres. J’appelle Marie. Je lui dis que je ne suis pas bien, que je vais peut-être devoir abandonner. Elle ne me répond pas, elle ne m’a pas reconnu, ou elle ne m’a pas cru ? Elle m’encourage chaudement et je me relance, une nouvelle fois… Les textos de mes enfants arrivent à point nommé pour me réchauffer aussi. J’enlève une couche de vêtement et me remets à courir un peu dans la magnifique plaine des Palmistes où je suis surpris de voir un troupeau de vaches laitières dans un pré. Ok d’accord, des vaches, pourquoi pas… ?! Les paysages sont vraiment variés, quelques kilomètres plus tôt, nous étions dans les étendues rocailleuses de la plaine des sables. Maintenant, je ‘courrotte’ sur un sentier, il y a des fleurs, des aromes, de la verdure, si je ferme les yeux, le petit vent frais aidant, je pourrais être dans ma campagne Auxançoise… Mais non, je ne rêve pas, je suis sur l’île de la Réunion !

 

 

Vendredi 10h32, Mare à Boue, 50ème kilomètre,

Papi fait de la résistance …

 

Le ravitaillement de Mare à Boue se fait attendre, un chemin, on coupe une route, un autre sentier, un stand, non ce n’est pas là, un autre chemin… j’en profite pour me taper la discute avec une concurrente originaire du Pas de Calais. Je viens juste de l’entendre parler au téléphone et je me retourne pour vérifier que ce n’est pas la sœur de Dany Boone ! Elle a la tchatche, je ne pourrai pas rester avec elle très longtemps, mais elle est plutôt drôle et elle a la pêche,  contrairement à moi. Enfin, pendant ce temps là, je ne m’apitoie pas sur mon sort, surtout qu’on décide d’un commun accord de courir ensemble les quelques kilomètres restants avant le ravito. En fait, cette Ch’ti d’origine est mariée avec un Réunionnais, elle habite à St Pierre et tient un salon de coiffure depuis 4 ans. Et comme tout réunionnais, d’origine ou non, il faut un jour tenter le saut du Grand Raid !  Elle est accompagnée de 3 amis Réunionnais qui, comme elle, se lancent pour la première fois dans cette folle aventure. Elle les a distancés (ou peut-être n’ont-il pas supporté son bagou) et ils sont un peu derrière nous. Nous arrivons enfin à Mare à Boue où sa famille est là, elle m’invite généreusement, et très gentiment,  à venir partager le contenu de la glacière qui l’attend… Je la remercie mais je préfère retourner m’isoler et me ravitailler seul. On se souhaite bonne chance et je la laisse à ses bruyants bavardages …

Heureuse surprise, je retrouve ma ‘Team de Champions’ ! Florence se fait soigner des ampoules aux pieds et François est avec elle. Je me rassure un peu en me disant que je ne suis pas si loin d’eux, une vingtaine de minutes tout au plus ! Je me ravitaille de soupe tiède et de pates froides, mon éternel morceau de banane et mon verre de coca. Je crois qu’à ce moment, c’est la seule chose que je fais avec sérieux et discipline. Je n’ai pas de jambe ni un moral d’acier mais je m’alimente pour au moins ne pas perdre toutes mes chances !

Je trouve Catherine, la femme de Gérard, à la sortie du ravitaillement avec Colette et Michel. Ça fait également plaisir de les voir. Catherine me dit qu’elle va passer un coup de fil à Marie pour la rassurer de mon passage. Je ne suis pas encore complètement foutu ! Je continue …

Arrive ensuite la Forêt de Bélouve, c’est la jungle ! Elle sera l’un de mes plus mauvais souvenirs. Elle est dense, ses P4a.jpgsentiers sinueux, boueux, plus que vallonnés, sont remplis de racines et de rochers ! Je plante mon bâton pour m’appuyer au passage abrupt d’un rocher d’un bon mètre et ‘crac’, il casse et je m’affale dans la boue !  Mon précieux compagnon de marche restera planté là … A moi maintenant de ne pas en faire autant ! J’en récupère un autre un peu plus loin, il n’est pas très droit ni très solide mais c’est mieux que rien. Mais les montées et les descentes incessantes de ravine en ravine viennent à bout de mon abnégation et je finis par vraiment fatiguer… Moralement, c’est dur, surtout qu’il s’est mis à pleuvoir !

Je vie à ce moment là un échange peu commun avec 2 autres coureurs dans la même galère. L’un deux commence sérieusement à râler sur l’utilité du parcours de nous faire passer dans cet endroit, d’autant que quelques heures avant la course, il était encore prévu de passer par la route pour éviter ces sentiers trop humides où ma moyenne horaire doit avoisiner les 2 km/h ! ‘Allez papi Pascalou, avance !!!’

Le gars devant moi, excédé, décide d’appeler sa femme pour lui annoncer son abandon et lui demander de venir le chercher au ravitaillement suivant, sachant qu’en plus nous risquons de ne pas y être à temps puisque que les barrières horaires nous aurons rattrapées ! Le 2ème larron qui l’accompagne, bien que ne se connaissant pas, lui demande si sa femme ne pourrait pas le ramener aussi car il décide également de rendre les armes. Je suis derrière ces 2 types et je les entends se rassurer sur leur décision commune de rentrer à la maison… Dans ma tête, tout se bouscule et je dois avouer que je suis à 2 doigts de leur dire que je rentrerai bien avec eux puisqu’en plus, ils passent par St Leu, lieu de ma ‘home sweet home’ … Je résiste à la tentation du diable et je me tais ! P5a.jpg

A ce moment là, un gars me double en courant (au moins à 3km à l’heure !) me lançant que la barrière horaire est proche et qu’il faut s’activer si on ne veut pas passer à la trappe. Je décide dans un dernier espoir de lui emboiter le pas et de laisser à leur sort les 2 ‘joyeux’ lurons, tout heureux de me dire qu’ils ne sont pas pressés et qu’ils vont rendre leur dossard. Je m’accroche, je m’accroche vraiment, on sort enfin sur la route et le ravito est à 500 mètres… J’allonge la foulée du mieux que je peux (je suis au moins à 6 ou 7 km/h … pourvu qu’il n’y ait pas de radar !). Je ne sais pas comment je fais mais je cours et je me fais pointer (au contrôle, pas au radar…) à 15h06 ! La barrière est à 15h15 !!! … J’arrive à temps mais mon moral est au plus bas, je n’avais pas du tout imaginé ce scénario et ce stress d’une possible mise hors course. Machinalement, je refais le plein d’eau, je repars, je fais 50 mètres et je m’aperçois que j’ai oublié au ravitaillement le pauvre bâton que j’avais trouvé dans la forêt ! Je m’arrête et là, je craque ! Qu’est-ce que je fais ? Demi-tour ? Je continue sans ce bout de bois ? J’arrête tout ? Quelques secondes de doute intense ! Je refais ces ‘bip’ de 50 mètres dans l’autre sens en serrant les dents, je reprends mon bâton laissé par terre. Je retrouve les 2 types qui abandonnent et qui me demandent ce que je fais… je baisse la tête et ne leur répondrai pas ! Je repars démoralisé comme jamais je n’aurai été pendant toute la course… ! J’appelle Marie. Je lui dis que c’est fini, que je ne pourrai jamais être à Hell Bourg à temps, c’est la prochaine barrière horaire. Elle me dit qu’elle est arrivée à Cilaos avec Sylvie, la femme d’Alain. Elle m’encourage en me disant que tout n’est pas perdu, que je peux peut-être y arriver, et d’aller au moins jusqu’à Hell Bourg, et qu’après, je verrai bien … Je comprends que ce sera aussi très compliqué pour elle de venir me chercher … Du cirque de Cilaos au Cirque de Salazie, c’est un paquet d’heures de route, et de nuit en plus !

Je suis persuadé à ce moment là que je n’y arriverai pas. Mais je repars. Du goudron sous mes chaussures alors je tente de courir un peu. Et j’avance, je m’accroche à ce que je peux. Mais je ne pense plus à rien ; ni à ce qui fait mal, ni à regarder les paysages magnifiques qui m’entourent, ni à Hell Bourg, ni à Cilaos, surtout pas au Stade de La Redoute, mon esprit est vide ou presque, la seule chose que j’ai en tête, c’est ‘AVANCER’ (et ne pas réfléchir).‘Allez, avance Pascalou, un pied devant l’autre et avance !’

Vendredi 16h34, Hell Bourg, 71ème kilomètre, 18h35 de course,

Le Cap des Zombis …

 

Et puis, comme par ‘enchantement’, Hell Bourg arriva. Je rattrape juste avant le ravitaillement ma copine Ch’timi ! On se retape la discute, elle n’a pas perdu sa gouaille et elle a toujours autant le moral malgré l’épée de Damoclès au dessus de nos tête et la barrière horaire du Stade d’Hell Bourg ! On arrive à temps... 1/2h avant l’heure fatidique même !  « Tu vois, fallait pas s’inquiéter ! » me lance-t-elle en se marrant ! P5b.jpg

Je retrouve à ma grande surprise les copains au ravitaillement sur le stade. Tout le monde est là, quasiment prêt à repartir. J’apprends avec tristesse l’abandon de Lulu suite à une blessure aux adducteurs ! Je pense une fraction de seconde à rentrer avec lui mais quelque part dans ma tête,  je me dis que rien que pour lui, je dois continuer ! …De toute façon, Marie m’attends de l’autre côté du cirque de Salazie, dans celui de Cilaos… Pas le choix, faut y aller !

François et Florence semblent aller bien et me disent que Daniel, notre collègue de la Team 1, est reparti il y a peu de temps. Capitaine Jacky et sa bande repartent et je les laisse à leur destin. Je veux continuer seul à gérer ma petite (ou grosse) galère, sans les perturber ou les obliger à m’attendre. Mince, ma copine Ch’ti la bavarde se repointe, elle veut que l’on reparte ensemble car tous ses copains ont abandonné… Elle est bien sympa mais j’aimerais être au calme, je ne suis pas vraiment d’humeur, alors je m’active un peu et au moment où je mets mon sac sur le dos, la voilà qui me colle aux basques ! Je reste un peu en retrait de ses nouveaux discours et elle trouve quelqu’un d’autre pour étancher sa soif de parler… Il ne me reste plus que le Cap Anglais à affronter, une bagatelle à côté d’une pipelette comme elle !

P6a.jpgLa première partie de la montée se fait assez ‘gentiment’ et je ne comprends pas encore où sont vraiment les difficultés annoncées. Puis la nuit tombe … Je vais alors vivre le moment le plus difficile de mon périple ! Je ne le sais pas encore et il le valait mieux, sinon je serais rentré avec Lulu ...

Au bout d’une bonne heure et demie d’ascension de ces 1500m de dénivelé, je croise, étonné, 2 personnes qui redescendent. Ont t’ils perdu quelque chose ? Reviennent-ils à la rencontre d’un ami ? Un peu plus tard, une autre personne redescend sur Hell Bourg, puis une autre... Je comprends alors qu’ils abandonnent ! C’est dingue de faire demi-tour au bout de 2h ; je ne comprends pas bien ! Mais qu’il y a-t-il plus haut qui les poussent à rebrousser chemin ? Un Yéti en furie, un fantôme ou un mort-vivant ?! … Non, il n’y a que des vivants un peu morts !!!

Un peu plus loin, 2 ou 3 personnes sont en train de s’occuper d’un concurrent en difficulté, emmP6b.jpgitouflé dans sa couverture de survie, il a l’air au plus mal. Je m’arrête 2 secondes par solidarité, je ne suis pas des plus généreux à ce moment là, et comme on s’occupe déjà de lui, je continue sans me laisser perturber. Il faut être égoïste et ne se préoccuper que de soi et de ses propres problèmes et c’est ce que je fais. Je n’ai de toute façon ni la force physique, ni mentale pour aider quiconque ! La nuit commence à être fraiche et ma lampe frontale baisse d’intensité. Je devrais m’arrêter pour me couvrir et changer les piles mais j’ai peur de ne pas repartir et de tomber sur le côté, comme les autres que j’ignore en les voyants assis, hagards, blottis et transis dans leurs couvertures de survie, me demandant combien il reste de temps avant le sommet… Je ne répondrai à personne, n’aiderai personne, les yeux rivés sur mon halo de lumière et l’alternance cadencée de mes pieds. Petit rythme mais rythme quand-même ! ‘Continue comme ça Pascalou, Marie t’attends de l’autre côté … ensuite tu verras bien’ !

Je fatigue et le froid me gagne. Je dois m’occuper l’esprit et je tente de faire diversion en pensant aux dizaines de personnes qui m’ont acheté des kilomètres pour l’association de Fétéa, et de me les remémorer tous. Je les entends me dire en blaguant « si tu ne fais pas les kilomètres, tu les rembourses ? » ou bien « moi, je t’achète les derniers kilomètres ! ». Et justement, parlons en des derniers kilomètres, les 23 que m’ont achetés Marie, mes 2 filles Margaux et Lou, et Nils mon petit garçon pour les 3 derniers … ‘Tu ne peux pas les oublier Pascalou, tu dois y arriver et les honorer !’

Les virages serrés et les marches abruptes s’enchainent sans discontinuer, c’est dur et cassant mais je tiens. Je fais des pauses de quelques secondes et je résiste à l’envie de m’asseoir, voir de m’allonger. Ma lampe frontale s’essouffle aussi et j’ai vraiment froid maintenant ! Je pose le sac à dos sur le côté du sentier, je me mets à genoux et je prie … (non je blague ! pas le temps…). J’enlève mes gants et je me concentre pour changer les piles. J’ai les mains gelées mais c’est bon, c’est fait ! Je me réchauffe d’un un tee-shirt supplémentaire un peu humide que j’enfile comme je peux entre deux autres couches de vêtements. Je me demande si je ne dois pas sortir ma couverture de survie pour la mettre par dessus mes épaules, comme bon nombre de concurrents dans cette ascension. J’hésite, mais  non, ça va me ralentir … déjà que je n’avance pas à grand-chose !

Je reprends mon ascension du Cap Anglais, au rythme du craquement des couvertures de survie des trailers qui tentent encore d’avancer. D’autres dorment sur le côté en chien de fusil, à l’abri d’un rocher… Des zombis, vraiment tous des zombis dans le ‘Cap des Zombis’ ; c’est le petit nom que je laisserai à ce Cap Anglais !

Vendredi 21h43, Gîte du Piton des Neiges, altitude 2484 mètres, 81ème kilomètre,

Victoire sur moi-même …

 P6c

Mon moral n’est pas au beau fixe mais je me retourne dans la nuit étoilée et la lune éclaire les nuages en dessous de moi, comme un immense tapis de coton ; je suis hors du temps, c’est un moment magique ! Je me dis qu’il faut que j’imprime dans ma tête cette photo que mon appareil ne saura pas capturer à l’identique. Je m’attarde quelques secondes encore sur cette impressionnante sensation d’être minuscule ; je sais que ce sont des moments comme ça que je suis venu chercher ici, et je repars de plus belle comme si ce spectacle me donnait des forces insoupçonnées. D’autant que j’aperçois des lumières, est-ce le gîte du Piton des Neiges ? Je veux y croire ! Ces maudites lumières semblent s’éloigner et me font désespérer d’y arriver. Je ne les voie plus quand au détour d’un dernier virage, le gîte est là, à 500 m, j’y suis presque. Des sauveteurs ramènent au gîte un concurrent qui n’a plus la force d’avancer et qui semble au plus mal. Quand je me fais pointer, les abandons se comptent par dizaine et c’est ‘l’hécatombe’ (titre du quotidien du lendemain) sous la tente où une fois de plus les couvertures de survie portent bien leur nom. Didier doit y être, attendant les bienfaits d’une perfusion, mais je ne le sais pas à ce moment là. Je me ravitaille de plusieurs verres de soupe chaude, quelques bouts de bananes, mon bon vieux coca, et je ne m’attarde pas plus. Je demande mon chemin dans la nuit pour repartir et descendre le Bloc vers Cilaos. Je n’ai qu’une envie, y être, retrouver Marie, m’allonger, me réchauffer (pas avec elle quand-même … quoique ?). En tout cas, c’est réconfortant et motivant de la savoir près de moi dans cette aventure.

La descente vers Cilaos sera un long calvaire que là encore je n’imaginais pas. Des marches et encore des marches, des rondins de bois glissants, des racines, des pierres, et toujours ces marches irrégulières et cassantes. Je peste à haute voix et me demande pourquoi ‘tant de haine’ des organisateurs en ne voyant pas le bout de cette descente ! J’aperçois le stade de Cilaos éclairé et je me souviens de la belle époque où je pratiquais mon sport préféré sur de belles pelouses vertes où je jouais au foot en nocturne. Mais fini tout ça, place au sport d’endurance par excellence, l’ultra trail, et à l’ultra trail de référence mondiale, la Diagonale des Fous ! Mais pourquoi je suis là ? Suis-je vraiment fou !?

Ça y est, je suis sur la route, enfin sorti de cette descente interminable. J’y ai passé beaucoup plus de temps que prévu, il est minuit dix et la barrière horairP7a.jpge de l’entrée du Stade de Cilaos est à minuit trente. Un rapide calcul, sachant qu’il y a 3 km de route jusqu’au Stade, en courant à 7 km/h, je dois passer ! Je me booste la tête et les jambes et me voilà parti pour 20 mn max, au petit trot, mais ça monte encore, je me retrouve seul sur la route, je ne voie plus les projecteurs du stade. Une pancarte à gauche et puis plus rien. Je suis sur la bonne route ? Je flippe grave ! Je tourne à droite … Il n’y a personne pour nous guider ? Punaise, mais je suis où !? Me voilà reparti à pester tout seul et à pleins poumons (enfin, ce qu’il en reste …). C’est au bout de la rue, il n’y a plus de spectateurs pour m’encourager et je m’active !  

Samedi 0h36, Cilaos, 89ème kilomètre – 26h36 de course,

Le repos du guerrier, en colère …

 

J’arrive enfin et Michel, le beau-frère de Gérard m’interpelle : « Pascal ? » … il a du mal à me reconnaitre avec ma lampe frontale qui l’éblouie. « Dépêche-toi » me lance t’il, « ils vont fermer la barrière ! ». Marie arrive à son tour, je ne la ‘calcule’ même pas (la pauvre), je m’arrache pour ‘sprinter’ (c’est un grand mot) jusqu’au poste de pointage. Je suis fou de rage, il est minuit 34 à ma montre (26h34 que mon chrono tourne), s’ils me mettent hors course pour ces 4 minutes de retard, je les ‘explose’ !!! J’entends une bénévole dire ‘c’est bon, laissez le passer’ … OUF ! Je suis dans un état d’énervement que je n’explique pas et ma pauvre chérie, tout comme le sympathique Michel n’auront pas eu les remerciements qu’ils méritaient de m’avoir attendu aussi longtemps. Alors toutes mes excuses et désolé de cette attitude ! J’apprendrai par la suite que la barrière horaire avait été repoussée d’une heure, à 1h30 … Stress inutile donc !

En revoyant les images et les photos de Christian et Alain à Cilaos, je me dis aujourd’hui qu’on n’a pas dû faire la même course, et Marie n’a pas vécu la même chose que Maryvonne et Sylvie, sûrement beaucoup plus angoissant pour elle. Je ne parle même pas de Nathalie, qui attend son Didier, resté pour se faire soigner une déshydratation au Gîte du Piton des Neiges. Je vais rapidement dans le gymnase pour commencer par manger ; pâtes froides et un petit bout de poulet, tout aussi froid. Je vais tenter d’accommoder ça avec de la sauce tomate … gelée elle aussi ! Tant pis … Je m’assois à côté de François et Florence, heureux de les retrouver. Notre discours est assez négatif ; trop difficile, trop de problèmes rencontrés, la cheville douloureuse et enflée de Florence et ses ampoules aux pieds sont de trop, semble t’il.       François n’est pas au mieux non plus… Je leur dis que je suis comme eux, exténué, et que je ne sais pas si je vais repartir mais que je vais d’abord me reposer, et seulement ensuite je prendrai une décision… Ce sont les conseils du coach, je vais les suivre. Christian nous a toujours parlé de ce moment là comme ça, je vais donc m’y tenir.

Marie ne me rejoint pas et je m’inquiète de savoir ce qu’elle fait, je sors du gymnase laissant François et Florence, ainsi que la fin de mon repas, de toute façon, il ne risque pas de refroidir ! Marie et Sylvie attendent dehors, toutes les deux frigorifiées et je commence à comprendre le poids de l’attente qu’elles ont dû vivre aujourd’hui. Une sorte de ‘Diagonale des Fous Accompagnateurs’ pour elles. Ma pauvre Marie ne semble pas des plus enthousiaste, elle semble avoir souffert autant que moi après m’avoir attendu toute la journée dans l’angoisse de me savoir en mauvaise forme physique et surtout morale …

Je vais chercher mon sac d’assistance et reviens dire ‘au revoir’ aux filles, il doit être 1h 1/2 du matin et j’insiste auprès de Marie pour qu’elle rentre au gîte de Cilaos pour se reposer. Elle est aussi fatiguée que moi… « Ne t’en fais pas Marie, je vais me changer, me reposer un peu et je te laisserai un texto pour te dire ce que je fais, si je repars ou pas …».

Me voilà seul, assis au milieu du gymnase à ciel ouvert, à attendre de me faire masser. Il fait froid et je me demande pourquoi il n’y a pas de toit sur ces 4 murs ! Je vide le contenu de mon sac d’assistance sur le sol en béton et me voilà affairé à me changer. J’essaie d’être le plus organisé possible en tenant compte de ce que j’avais imaginé en préparant mes affaires de rechange. J’ai l’impression de mettre beaucoup de temps et tout est éparpillé autour de moi, ce qui fait marrer Daniel qui passe pour me dire qu’il repartira avec le groupe de Cap’tain Jacky. Gérard à son tour passe me voir, apparemment je suis immanquable… Il me demande ce que je compte faire, connaissant mon désarroi de la journée passée. Je lui réponds que je vais me reposer un peu, et qu’il me réveille quand ils partiront, que j’aviserai à ce moment là. J’adore la réaction de Gérard à cet instant, un petit sourire en coin et son regard malicieux, il a la certitude que je n’en resterai pas là et je ressens son plaisir de l’apprendre …

Je sais déjà que je repartirai ! D’ailleurs, pourquoi me serais-je arraché pour passer l’entrée du stade de Cilaos avec la crainte terrible de me faire éliminer ? Pourquoi à Hell Bourg je ne me suis pas arrangé pour rentrer avec l’ami Lulu ? Pourquoi à la barrière du parking de Bélouve, je ne me suis pas attardé avec les 2 ‘abandonneurs professionnels’ ? Et pourquoi dans la plaine des Caffres, à ce ravitaillement au bord de la route, je n’ai pas demandé à Marie de venir me chercher ? … Sûrement pour arriver à ce 90ème kilomètre de Cilaos, minimum syndicale que je m’étais imposé, et sûrement aussi pour ne pas en rester là !

François et Florence passent à côté de moi. Ils sont dépités et vont rendre leur bracelet, ils abandonnent ! Je ne sais pas quoi leur dire, leur décision est prise. Je les avais laissés un peu plus tôt avec leur assiette de pates froides pensant qu’il se referaient une petite santé, au moins qu’ils se reposeraient avant de prendre l’ultime décision. Ils sont frigorifiés, les vêtements de rechange de Florence ont été mouillés par la pluie tombée en soirée, sa cheville est enflée et douloureuse, François a la tête basse et je les voie s’éloigner vers la sortie … La course se termine ici pour eux et je n’aurai pas su quoi leur dire, je me souviens les avoir écoutés m’annoncer cela sans pouvoir leur répondre. J’aurais aimé leur trouver des mots de réconfort mais je reste bouche bée, impuissant !

C’est enfin à mon tour de m’allonger sur une table de kiné, je me fais masser le mollet qui tient le coup malgré tout. Je me laisse emporter par le sommeil … Humm que c’est bon ! « Hé ho c’est fini » me lance la kiné ! J’étais déjà endormi. Je la remercie et trouve un lit de camp qui me tend les bras ! Je ferme mon sac à dos, remets mes baskets et m’équipe de mon bonnet et coupe-vent, je suis fin prêt à repartir, chaussures aux pieds … Je m’enveloppe de la couverture, monte mon buff sur les yeux … ½ seconde s’écoule à peine que je suis déjà dans les bras de Morphée !

« Pascal ?! » … Tel un ressort, je me relève dans la même ½ seconde qu’il m’a fallu pour m’endormir ! C’est Daniel qui me cherche, ils sont tous prêts à repartir et c’est Gérard qui lui a dit que je reprenais ‘la route’ avec eux ! J’enfile aussi sec mon sac à dos, je suis debout ! Notre groupe est au complet, Le Club des Cinq est formé … Plus que 73 km et c’est l’arrivée... Je me prends à y rêver, c’est encore bien trop tôt mais la 1/2 h de sommeil que je viens de m’accorder ressemble à une nuit complète ! Didier a refait surface lui aussi, Nathalie et Catherine, inquiètes, nous font promettre de rester ensemble. Nous formons un cercle, nous nous tapons dans la main pour valider notre pacte de solidarité « C’est jusqu’au Stade de la Redoute maintenant !!! ».

Je ne suis plus le même, c’est une autre journée, une autre course qui commence, presqu’un autre homme qui va repartir avec ses 4 copains … Un type, certes, physiquement pas au mieux, mais moralement insubmersible, j’ai enfin sorti la tête de l’eau !

Le plein d’eau justement, c’est ce que je fais avant de repartir, je grignote 2 ou 3 trucs, sans surprise, soupe, banane et P9a.jpgcoca, on ne change pas une équipe qui gagne ! Il est 3h10 du matin, nous validons la sortie de Cilaos à 20 minutes du délai max ! Didier le rescapé nous explique vaguement qu’il n’a pas été pointé à l’entrée de Cilaos pendant que j’envoie un texto à Marie « Je repars avec les autres ». Elle me répond aussitôt de faire attention en me souhaitant bon courage et me donne rendez-vous à St Denis … Elle ne dormait pas en attendant ma décision, même si elle se doutait sûrement depuis longtemps que je n’étais pas prêt d’abandonner !

Samedi 3h09, départ de Cilaos,

Sous un nouveau jour …

 

Nous y revoilà, mais ça n’a rien à voir avec la première partie de course, alors direction le cirque de Mafate par le col du Taïbit. Nous nous engouffrons dans la nuit Réunionnaise !

Le pied du col du Taïbit arrive assez vite. Pendant que le jour se lève, je me réchauffe d’un café au ravitaillement nommé ‘Taïbit plage’ où la bonne humeur des bénévoles et des concurrents attablés règne en maitre ! c’est vraiment une autre journée qui commence ! Nous ne traînerons pas trop pour autant, car les barrières horaires nous collent encore aux basques, un autre café et du pain en guise de petit déj et nous voilà reparti. Notre Club des Cinq s’étire dans la montée du Taïbit et nous nous retrouvons régulièrement, chacun de nous à son tour menant le rythme, et je me laisse maintenant porter par le groupe… Quel confort ! Alain me passe un coup de téléphone pour avoir des nouvelles, P9b.jpgil est avec Christian, ils arrivent à Roche Plate après avoir dormi un peu à Marla. Je le rassure (enfin j’essaie) sur mon état de forme ainsi que notre avancée à tous les cinq. Didier a pourtant une sale tête, son coup de calcaire de la veille au Piton des Neiges lui a laissé des traces. Il ne parle pas, a les traits tirés et quand avec Gérard nous nous en inquiétons, il nous répond d’un « ça va » peu convaincant ! Nous décidons de nous arrêter souffler et de grignoter quelques trucs. « Ça va aller Didier … ». Un petit oiseau peu farouche vient picorer avec nous, Didier a récupéré et nous voilà reparti !

 Il fait un  temps magnifique, il fait chaud maintenant et j’aime ça, je range au placard mes vêtements chauds et je suis heureux d’être là. J’ai l’impression que c’est la première fois depuis Cap Méchant que je trouve enfin du plaisir et de l’envie. A ce moment là, rien ne peut m’arrêter même si l’ascension du Taïbit n’est pas de tout repos. Un hélicoptère venant de Mafate tourne au dessus de nos têtes. Je me retourne une dernière fois pour dire ‘au revoir’ à Cilaos, tout en bas de ces paysages grandioses. Bonjour Mafate,  attention, nous voilà !

La descente dans le Cirque est des plus agréables, les oiseaux gazouillent, nous aussi ! Nous croisons des randonneurs et Didier qui a retrouvé la pêche nous alimente régulièrement de P9c.jpgses blagues ‘Carambar’ qui nous font bien marrer ! Nous trainons un peu derrière avec Daniel pour prendre quelques photos, c’est les vacances ! Encore quelques lacets en descente et nous y sommes, Marla, le cirque de Mafate, le bout  du monde.

Samedi 8h55, Marla, 103ème kilomètre, 34h55 de course,

Gros dodo sous l’hélico …

 

Nous avons décidé de nous reposer un peu. Ça fait maintenant plus de 5 heures que nous crapahutons depuis Cilaos et le manque de sommeil nous a déjà rattrapé. Après nous être restauré, nous décidons de dormir ½ h, ¾ h, pas plus. Il fait trop chaud sous la tente et je décide d’aller m’allonger à l’ombre d’un arbre.    Je suis juste à côté de la piste d’atterrissage de l’hélico qui fera quelques allers-retours, mais d’aucune manière cela ne perturbera ma sieste. Je dors comme une pierre quand j’entends Gérard, n’ayant pas réussi à trouver le sommeil, sonner le rappel des troupes ! En effet, nous avons dormi 1h ¼  et il ne faut pas traîner, nous devons repartir et tenter de ‘gratter’ du temps sur les barrières horaires car notre pose plus longue que prévue nous a mis un peu dedans !

Il fait maintenant très chaud et il s’agit de bien s’hydrater car la fatigue commence réellement à s’accumuler. Je déconnecte un peu de l’environnement et des paysages que nous traversons, j’avance et ne me pose pas plus de question que cela. Nous descendons sur la Rivière des Galets, il n’y a plus de sentier et nous cheminons sur les blocs à la recherche du meilleur itinéraire jusqu’à la rivière que nous traversons. S’enchainent alors plusieurs montées et descentes au gré des ravines, et ces changements de rythmes me casseront les jambes, et parfois le moral, n’en voyant pas le bout. Cela fait maintenant plus de 40 heures que nous sommes partis de Cap Méchant et le temps semble s’allonger.

A chaque pointage, Trois Roches, Roche Plate et l’Îlet des Orangers, nous maintenons notre petite avance sur les barrières horaires, sans pour autant nous en contenter et il faut rester vigilant. Nous empruntons des passerelles pour traverser d’énormes ravines et les passages sont souvent étroits et vertigineux, c’est magnifique et j’en profite ! Mon leitmotiv me fait tenir le coup ! ‘Profite Pascalou, profite’.

La journée du samedi va finir malgré tout par passer vite et nous décidons d’atteindre le ravitaillent de Deux Bras avant de nous reposer à nouveau, sachant que la difficulté qui nous attend ensuite, non des moindres, s’appelle Dos d’Ane.

Samedi 18h44, Deux Bras, 126ème kilomètre, 41h22 de course,

Pas de sommeil au ravito …P10a.jpg

 

La nuit tombe en arrivant à Deux Bras. Il y a beaucoup de monde au ravitaillement, impossible de trouver un coin pour se poser, tous les lits sont occupés et aucune malheureuse chaise n’est libre. Je tourne en rond et j’erre quelques minutes dans ce camp en me demandant ce que je peux faire, et surtout où je pourrais bien me poser. Je trouve derrière une tente une vieille table en bois aux pieds cassés, ce sera mon lit ! En effet, impossible de se poser par terre sur ce terrain caillouteux et poussiéreux. Je vais récupérer mon 2ème sac d’assistance, je me change mais j’ai du mal à être efficace, j’ai l’impression de mettre des heures à refaire mon sac et à décider de ce que je prends ou ce que je laisse. Tant bien que mal, me voilà allongé sous la nuit noire et froide et je ne réussis pas à dormir. Il n’y a aucune couverture de libre et mon lit de fortune est plus que bruyant. Au moindre geste, les planches craquent bruyamment, je me relève et quitte cet endroit à la recherche d’un vrai lit. J’en trouve un qui vient de se libérer, avec une couverture en plus … Le super luxe ! Néanmoins, Je ne trouverai pas plus le sommeil et j’ai maintenant à nouveau froid. Je décide donc d’aller manger quelque chose ; tant pis si je ne dors pas. Je retrouve mes compères attablés, nous allons bientôt repartir et il ne manque que Daniel qui est allé s’allonger. Je n’ai pas vu le temps passer, sans m’être vraiment reposé, et nous sommes pourtant restés presque 3h à ce ravitaillement !

Samedi 21h39, sortie de Deux Bras,

C’est beau Dos d’Ane la nuit …

 

La traversée du torrent de Bras Sainte Suzanne, dans la nuit et sur des pierres humides n’est pas des plus simple mais tout se passera sans encombre, même si nous attendons Jacky qui décide d’inventer le ‘4 pattes à Deux Bras’ en glissade contrôlée. Daniel n’est pas avec nous, je me retourne, ne le voie pas, j’espère qu’il nous rattrapera plus tard. La montée de Dos d’Ane est très abrupte et technique. Des échelles et des mains courantes sont là pour nous aider à progresser. Je regarde en dessous de moi, sur les côtés, et je ressens le vide au bord de chaque sentier. Nous avançons à flanc de falaise, il fait nuit et je suis frustré de ne pouvoir admirer ces paysages qui doivent être à couper le souffle. A l’inverse, peut-être ne vaut-il mieux ne pas les voir ? Didier a d’ailleurs fait un écart, son pied ayant glissé sur le côté du sentier et c’est Gérard qui l’aide à reprendre le ‘droit chemin’. J’entends derrière moi une femme crier, elle vient de glisser de quelques mètres en tombant et sera heureusement rapidement bloquée par des branchages ! 2 concurrents l’aideront à remonter… Chaud ! Cette ascension semble interminable et les passages escarpés de plus en plus techniques. Il faut s’aider des mains et des ‘deux bras’ en empruntant les meilleurs appuis. Je suis content d’avoir anticipé le changement des piles de ma frontale avant d’entamer cette ascension, il me faut bien le meilleur éclairage pour ne pas rater une prise.

P11a.jpgDaniel nous a rejoints depuis un moment déjà mais il semble souffrir du manque de sommeil. Qu’à cela ne tienne, rien de plus compliqué pour lui que de dormir en marchant … ! Gérard le voyant tituber lui propose de se poser. Je me retourne pour voir ce qu’il se passe et voilà Daniel qui s’assoit sur un rocher au beau milieu du sentier, qui éteint sa frontale comme il l’aurait fait avec une lampe de chevet ; il veut dormir ! Il finira par s’allonger sur le côté, ses jambes dépassant sur le sentier, et nous nous reposons une petite dizaine de minute avec lui.

Nous reprenons notre progression, je suis un peu en retrait avec Gérard, visiblement agacé que les 3 autres filent devant nous à quelques mètres et que nous ne puissions pas bénéficier des lampes frontales du groupe. Je le laisse ronchonner mais en rattrapant nos amis, le voilà qui leur explique son désaccord. La fatigue semble avoir rattrapé notre sérénité mais rien de grave, nous repartons plus unis que jamais pour atteindre, enfin, le sommet de Dos d’Ane où nous attendent, dès la sortie de la forêt, nos suiveuses professionnelles, Catherine et Nathalie.

A ce moment là, je suis exténué et à nouveau vraiment fatigué. La nuit et le froid m’auront bien atteint sur le plan physique, en plus de cette dernière ascension.P11b Je m’assois sur le bord de la route pendant que Gérard change ses chaussures et que Catherine nous propose du pain d’épice. J’ai des brûlures d’estomac et Gérard me passe les médicaments qui vont bien. Catherine insiste pour me faire avaler un morceau de son pain d’épice miraculeux et ne pouvant même pas dire un mot, je m’exécute mais j’ai même du mal à m’alimenter, le cœur n’y est plus … Nathalie me prend en photo car je suis assis à côté d’une rangée de canettes de Dodos vides, et vu la tête que j’ai, on pourrait croire que c’est moi qui les ai liquidées ! Je me relève difficilement pour aller jusqu’au ravitaillement et nous saluons les filles avant de repartir.

Je ne me souviens plus vraiment des différents paysages que nous traverserons à partir de ce moment là, même s’il fait nuit et que dimanche, le troisième jour, est arrivé. J’ai du basculer dans un ‘autre monde’ et avancer machinalement en suivant le groupe. Je me souviens avoir fait quelques micro-sommeils de quelques minutes aux différentes poses pour récupérer un peu. Je me souviens avoir longtemps aperçu la ville du Port et ses lumières attrayantes en contrebas des falaises, je ne me souviens à peine d’une descente vertigineuse vers La Possession… J’y étais pourtant ?!

Dimanche 5h du matin, Stade de La Possession, altitude 2 mètres, 142éme kilomètre, 55h de course,

Régime Banane Coca …

 

Mais nous y sommes, C’est le pointage de La Possession, et nous décidons de nous reposer un peu, le jour va se lever et nous laisserons derrière nous une 3ème nuit dehors. Le ravitaillement est bien pauvre, pâtes froides sans rien d’autres, même plus une fourchette pour nous aider à les avaler. Qu’à cela ne tienne, je récupère une petite cuillère en plastique cassée et ma fois, ça me convient ; Gérard quant à lui utilise un bouchon de bouteille... pas mieux ! Il y a quelques pains aux chocolats qui ont vécu et qui trainent dans leur emballage, ça fera l’affaire. Je m’active pour ne pas perdre de temps à me ravitailler car je n’ai qu’une seule envie, dormir… Je remplis ma poche d’eau et mélange mon dernier sachet de glucose dans mon bidon. Je ne peux plus avaler de barres de céréales et j’en aurais trimbalées quelques unes depuis le départ pour rien. Je prends deux minutes pour me laver les mains, quel luxe ! Mais le vrai luxe, c’est de m’étaler à même le sol, de poser ma tête sur mon sac à dos, d’étendre mes jambes en hauteur sur une chaise, et de fermer les yeux ! Je crois avoir dormi 10 ou 15 mn quand Jacky me réveille, il faut y aller … je me relève difficilement en titubant, j’enfile mon sac à dos en me demandant ce qu’il m’arrive mais le fait est que ces petites minutes de sommeil m’auront requinquées. Après un coca en guise de petit déjeuner avalé à la va-vite, je repars aux avant-postes avec Didier. Nous décidons de trottiner et ça nous met la pêche. Nous avons toujours, depuis Deux Bras, nos 3 heures d’avance sur les barrières horaires et nous bavardons comme si nous démarrions notre petit footing du dimanche matin.

Notre Club des Cinq se rejoindra au ravitaillement suivant, Grande Chaloupe. Un concurrent du semi Raid est en colère et se dispute avec une personne de l’organisation, il a été mis hors course en arrivant trop tard à ce pointage, à 16 km de l’arrivée ! Un journaliste est là pour glaner quelques informations et je l’entends parler de la polémique qui enfle au sujet des barrières horaires un peu difficiles cette année. Les Réunionnais se plaignent de voir ‘leur’ course devenir trop élitiste à leur goût. C’est la première fois que les abandons et mises hors course sont si nombreux. Je ne me laisse pas perturber plus longtemps, j’ai mon programme bien planifié maintenant à chaque ravitaillement, coca banane, banane coca… Mais cette fois les morceaux de mon fruit préféré sont dans un sale état. Il fait vraiment chaud et nous sommes au 3ème jour de la course et certains de ces bouts de bananes semblent avoir le même âge ! Je demande à la bénévole si elle ne pourrait pas m’en trouver d’autres en meilleure forme, et très gentiment, elle me P12a.jpgdonne 3 ou 4 bananes entières toutes fraiches. J’en engouffre deux avec grand plaisir et je mets le reste dans mon sac, pour la route. Je ne peux plus rien avaler d’autre et mon régime banane coca m’aura réussi. Je me demande juste combien de kilos et de litre j’en aurai consommé … ? Nous repartons tous les 5 mais très rapidement nous allons nous étirer. La température est maintenant élevée, il doit bien faire 35° minimum au soleil et la chaleur est étouffante.

Nous attaquons maintenant le Chemin des Anglais, nouveauté 2010 du parcours, mais les pavés ont fait leur temps et P12b.jpgsont inégaux. Les appuis sont difficiles et les chevilles souffrent. Ce passage, mine de rien, grimpe bien plus qu’il n’en a l’air. Je laisse Didier me prendre quelques mètres car j’ai le mollet droit douloureux. Je sens bien que si je tire dessus, il risque de se réveiller pour de bon. Je suis à la fois content qu’il m’ait laissé tranquille jusque là mais un peu inquiet quand même à l’idée qu’il me fasse défaillir à 15 km du but. Nous redescendons maintenant vers une ravine en empruntant les derniers pavés de ce Chemin Anglais. Ils ont l’air d’avoir été posé à l’envers et chaque appui sur les angles des pierres cassantes demande une grande concentration pour ne pas s’affaler et y laisser son dentier. Je tente bien de courir de temps à autre mais cela m’use plus qu’autre chose. Je me résigne à finir en entier et je descends prudemment. Didier est devant, je suis en retrait et Jacky me suit de près. Gérard et Daniel ne sont qu’à quelques minutes de nous. Je me retrouve sur une route goudronnée, à St Bernard, qui doit nous amener à une dernière ascension nommée La Fenêtre. Mais cette route est interminable sous le soleil au zénith. Je ne peux plus courir et mon mollet est devenu très douloureux… ‘Allez Pascalou, plus qu’une petite douzaine de kilomètres !’

Des concurrents sont assis sur le bord de la route, à l’ombre d’un arbre. Ils me regardent passer au ralenti et m’encouragent, je les remercie et je résiste à l’idée de m’asseoir avec eux. Au virage suivant, un véhicule du SAMU est en train de prendre en charge un autre concurrent qui n’aura pas résisté à ces derniers kilomètres ! Quelle déception ce doit être d’abandonner à 10 bornes du but… Mon mollet me fait mal mais je passerai la ligne d’arrivée maintenant, même sur une jambe ! Alain me passe un coup de fil, il est arrivé hier soir (samedi), main dans la main avec Christian, en 46h ! ENORME, belle performance !!! Il me rassure, me dit que ça va le faire et m’encourage en me parlant de son magnifique tee-shirt ‘finisher’, et de l’extraordinaire ambiance qui nous attend à l’arrivée. J’appelle Marie dans la foulée et lui dit que je devrais être à la Redoute en fin de matinée. Elle est rassurée et elle a hâte maintenant que ça se termine, tout comme moi d’ailleurs !

Mais la fatigue m’a à nouveau rattrapé et je dois me reposer quelques minutes. Chouette, un arrêt de bus ! Je m’assois et souffle un peu. Un Rasta Man est assis à l’abri bus de l’autre côté de la route. Il se lève et m’applaudit pour m’encourager et me féliciter… Vraiment sympas ces Réunionnais ! Les gars que j’avais laissés à l’ombre de leur arbre passent devant moi et me demande si je vais bien. Je leur réponds que j’attends le bus ! Ça les fait marrer.                       Je ne m’attarde pas trop du coup et je repars de plus belle. Quelques mètres plus loin, je me rafraichis sous un robinet d’eau, de bon augure, et je me sens requinqué maintenant. Jacky m’a rejoint et nous retrouvons Didier avec quelques bananes que lui a donné un cycliste qui passait par là et nous nous les partageons (ça me manquait…) pendant que Gérard et Daniel nous rejoignent.

L’ascension du col de La Fenêtre n’est pas plus difficile que ça et j’ai l’impression d’être dans les Alpes. Daniel qui me suit me fait remarquer que je boîte bien bas. Mon mollet droit me gène vraiment mais je suis dans un état second et mon esprit est ailleurs, je ne pense pas à la douleur. Je décide malgré tout de récupérer un 2ème bâton pour m’aider, au moins pour monter à Colorado, la station mét

éo de l’île de la Réunion. Je ressemble alors à l’éclopé de la bande et je me fais moquer gentiment par les copains. Nous sortons de la forêt, un vent frais s’est levé mais le soleil continue toujours à nous réchauffer.

Dimanche 11h02, Colorado, 157ème kilomètre,

Un whisky Coca ou une Dodo ? …

 

Ça y est nous y sommes, Colorado, le dernier pointage avant la ligne d’arrivée ; 61 heures de course ! Le ravitaillement est festif, nous blaguons en écoutant les musiciens qui nous abreuvent d’une musique Bretonne un peu décalée. Un bénévole me demande ce que je veux boire et je lui commande un Whisky Coca, lui disant que j’ai un peu marre du coca tout seul ! Sérieusement, Il me propose une Dodo, mais je préfère rester ‘light’. Je m’assois pour me masser le mollet, il ne doit pas me lâcher maintenant ! C’est alors que nous apercevons Hélène et Fétéa qui arrivent pour faire quelques images du désormais fameux ‘Club des Cinq’. On se marre et on est sur un nuage, il ne reste plus qu’à en descendre pour arriver à St Denis. Elles nous accompagnent sur quelques centaines de mètres, je voudrais courir un peu (pour la caméra) mais mon mollet me l’interdit ! Ce serait dommage maintenant de m’handicaper encore plus pour boucler les 5 kilomètres qui nous restent. 

P13a.jpgNous voilà dans cette dernière descente tant attendue. Elle est technique à souhait, Christian nous avait prévenus, et il ne s’agit pas de se louper, ce serait ballot ! Au détour d’un virage, nous apercevons d’entre les branches, le Stade de La Redoute ! Est-ce possible ? Doit-on y croire ? … Oui oui, on y croit ! On le prend en photo et on se filme mutuellement avec Gérard … Ça sent l’écurie ! Un dernier coup de fil à Marie qui me dit qu’elle est arrivée depuis une bonne heure déjà et que tout le monde est là à nous attendre avec impatience maintenant ! On peut les comprendre… Nous sortons de la forêt et les derniers virages ne seront pas pour nous, nous coupons en effet au plus court, pas au plus facile, mais nous sommes visiblement pressés d’en finir ! J’entends Gérard me dire de faire attention et que la prudence serait d’emprunter le sentier sinueux mais je ne l’écoute pas… Ce n’est pas le chrono qui me fait speeder, mais l’envie d’en finir et de retrouver Marie ! Le corps humain est incroyable car je ne sens plus rien, aucune fatigue, aucune douleur, ni même mon mollet, et j’ai d’ailleurs lâché mes bâtons depuis un bon moment dans la forêt.

Et puis, ce sont les derniers mètres très rapides, j’en suis même surpris, qui nous amènent sous le pont juste avant la route qui nous guidera jusqu’au stade. L’émotion est à son comble dans notre groupe, et les accolades sont généreuses, mais c’était sans compter sur la présence de François, nous attendant sous ce fameux pont, derrière ses lunettes de soleil qui ne pouvaient masquer les larmes coulant de chaque côté de son large sourire ! Il est heureux pour nous autant que je suis déçu pour lui. A ce moment là, je craque devant l’émotion des uns et des autres, et surtout devant celle de François. Il est aussi heureux pour nous, qu’on est triste pour lui …

Nous devons revêtir le tee-shirt officiel des sponsors et j’ai un mal fou, l’émotion l’emporte et je n’arrive plus à rattacher mon sac à dos. Didier vient m’aider, c’est fini, on le sait. Nous entamons alors le bitume et j’aperçois Alain venu à notre rencontre, aussi ému que nous, heureux pour nous, ça fait plaisir ! Je ne cesserai de pleurer jusqu’à la ligne d’arrivée et j’ai remis mes lunettes de soleil moi aussi, malgré que l’ami Didier me demande de ne rien cacher, mais au contraire d’être fier et d’assumer ces larmes… Je sais, ça peut paraitre bizarre, mais je ne pense pas à mon imminente ‘victoire’ sur moi-même, je pense à François, Florence et Lulu avec qui j’aurais tant aimé terminer cette course. Ils auraient dû en être, sans l’ombre d’un doute.

Dimanche 13h01, Saint Denis, Stade de la Redoute, 163ème Kilomètre, 63h01mn58s de course,

J’ai survécu !

 

Ça y est, nous y sommes, les derniers mètres sont là, la piste de terre battue du Stade de la Redoute est sous nos pieds, nous nous tenons par la main, je m’arrête une seconde voir Marie. Je sors de ma poche le petit hérisson de Nils. Il m’aura accompagné au Marathon des Sables et aura traversé La Réunion… Sacré petit Hérisson !

 

P14a.jpgAlain nous crie « Allez, profitez maintenant ! ». Le public nous applaudit, nous félicite, c’est énorme. Nous sommes portés jusqu’à la ligne d’arrivée, il n’y a plus de douleur, plus de doute, elle est là, à 20 mètres, elle nous tend les bras … 63 heures ! Je tombe dans ceux de Marie … Puis ceux de tous les amis, les embrassades sont émouvantes ! J’enfile mon tee-shirt ‘J’ai survécu’, j’en avais rêvé … ‘tu as survécu Pascalou, tu as survécu !

 

 

Petit Hérisson peut maintenant se reposer. Il rentrera en métropole et retrouvera Nils et son lit douillet. Il retournera faire une autre ballade, un autre jour, dans d’autres contrées, pour une nouvelle aventure. Il ne sait pas encore où ni quand, et pour l’instant, la question n’est pas là … P14b.jpg

 

Migné-Auxances, fin décembre 2010,

Epilogue …

 

J’ai vécu 2 courses, la première jusqu’à Cilaos, seul. Ce ne sera pas vraiment un bon souvenir, sinon d’avoir réussi à vaincre l’envie de lâcher prise... C’est cette première partie de course qui me laissera ce sentiment de frustration, de n’avoir pas vraiment réussi ma course.

 Difficile de dire cela pourtant, car j’ai vu Lulu, Florence et François abandonner, avec tristesse pour eux, sans n’avoir pu leur trouver les mots qu’ils auraient peut-être aimé entendre, mais je sais que cette expérience leur servira et qu’ils rebondiront, sans aucun doute.

La deuxième partie de course aura été assurément plus agréable, grâce au groupe que nous avons formé à partir de Cilaos. Alors merci à Capitaine Jacky, sans doute le plus vaillant d’entres nous, qui nous aura ouvert la voie. Merci à l’ami Gérard, notre métronome à l’assurance sans faille, qui n’aura jamais fléchi et qui m’aura bien aidé. Merci à Didier, le roi de la blagounette Carambar, qui aura toujours su m’encourager et me soutenir en me lançant ses « Allez mon Pascalou ! ». Merci à Daniel, le sympathique ’intrus’ de la Team 1, avec qui nous aurons flâné en prenant des photos, toujours avec le sourire et la bonne humeur, sûrement le plus ‘cool’ de la bande.

ds REUN 0001 (859)Un grand MERCI à notre coach préféré, Christian, pour toute l’organisation autour de ce voyage, et aussi toute cette année de préparation écoulée, toujours dans la bonne humeur et le respect, mais sans oublier de chambrer les copains tout de même ! Et félicitations à lui pour son super Chrono de grand compétiteur !

Merci à Alain qui n’a jamais douté à mon sujet, et qui a toujours su me le rappeler, mon préparateur mental en quelque sorte ! Et évidemment, bravo pour sa performance, que l’UTMB se tienne à carreaux !

Merci aux accompagnatrices et aux accompagnateurs qui n’auront jamais rien lâché pour REUN-0001--774-.JPGnous encourager et nous féliciter ! Merci Catherine, Nathalie, Véro, Sylvie, Annie, Colette et Michel ! (Encore désolé Michel pour mon énervement à Cilaos).

Énorme merci à Maryvonne de nous avoir si bien accueillis sur son Île, et d’avoir participé à notre préparation physique au Ti Punch !

Bravo à Fétéa pour ce qu’elle fait avec Taxi Brousse, et félicitations à Hélène pour son film très sympa. Un graP15b.jpgnd  merci à toutes les deux de nous avoir reçus comme des princes ! 

 

Evidemment, mille fois mille merci à Marie, qui m’aura supporté, et dans les deux sens du terme ! …Et qui aura souffert, plus même que j’ai dû souffrir, car je serais bien incapable d’endurer un dixième de ce qu’elle a vécu ! Je sais aujourd’hui que je préfère être à ma place, dans la course, qu’à la sienne, dans l’attente. Et encore merci à Sylvie d’avoir été à ses côtés pendant ces 3 jours.

Mille millions de merci à mes trois enfants, Margaux, Lou et Nils, qui m’auront réconforté de leurs nombreux P15c.jpgP15d.jpgmessages, tombant toujours à pic pour me réchauffer le cœur. Ils m’auront toujours suivi et encouragé, je suis fier d’eux ! …Et sans oublier de remercier Petit Hérisson, toujours dans les bons coups, et qui ne m’aura pas lâché non plus !

P15e.jpg             

Quant à moi, je suis heureux, et fier tout de même, d’avoir découvert l’île de la Réunion de cette manière-là !

 

Bon ben voilà, ça c’est fait !  Faudra passer à autre chose maintenant Pascalou ….’

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16 décembre 2010 4 16 /12 /décembre /2010 00:26
VILLAGE TV lance une nouvelle émission sur "l'athlétisme autrement", avec un premier numéro de "courir, la diagonale des fous" 

REUN-00001--1936--copie-3.jpgRetrouvez ce dernier reportage réalisé en collaboration avec James Lay , un grand passionné de la course à pied ; tous sur villages tv et sur internet :

http://www.villages.tv/webstv. html?from=30

 

La vidéo est  également en ligne sur www.villages.tv   
 
Une version est à l'antenne également, canal 20,REUN-00001--1938-.jpg
Horaires de diffusion pour cette fin de semaine :
 

jeudi vendredi




9H30 7H57

12H11 13H03

17H38 20H20

19H06

21H20

Retrouvez également tous les  reportages de Village TV sur l'opèration

 


Mais aussi sur www.villages.tv

Marche à suivre :


Cliquez sur le lien : Ensuite, dès que la vidéo est chargée :logo mada

Dans le menu déroulant à droite : Choisissez votre programme :

Poitiers EC Athlétisme
LA DIAGONALE DES FOUS
  • Portraits de coureurs
  • la Diagonale vue par la Présidente
  • Bande annonce
  • Christian baigue et Fétéa Drouaud

LE   PEC

  • La Présidente : Marie-Cécile Doha

Courir ; L'émission 

  • Courir : La Diagonale des fous
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14 décembre 2010 2 14 /12 /décembre /2010 19:12

kevin.jpgDepuis quelques mois, nombreux sont les articles de ce blog, de presse, voir télévisés avec les reportages de Village TV, concernant notre épopée à La Réunion " la Diagonale des Fous".

Préparation, reconnaissances sur le terrain, récits de course, tout a été relaté ; mais ce qui n'a jamais été évoqué, ou si peu, c'est le côté "remise sur pieds des tamalous ".

Habitué à suivre les sportifs de haut niveau , tels poitiers Volley ou ceux du Pôle France d'Athlétisme, il n'y avait qu'un pas à franchir pour suivre les sportifs "des Hauteurs". Ce pas, Kevin l'a franchi en acceptant de suivre un, puis deux, puis trois, puis toute une colonie de trailers de notre petit groupe. Et là ! Il y avait du boulot, car en presqu'une année de préparation de trail, les traumatismes sont nombreux ! et la clientèle, plus très jeune ! donc plus à risque !kevin--1-.jpg

 Les chevilles,  les genoux, les adducteurs, les épaules, les fessiers .........tout y passe chez les vétérans du PEC !  surtout lorqu'ils se mettent dans la tête de participer à une course de fous dans l'océan indien ! et qu'ils ne se ménagent pas trop ! Il en faut de l'entretien, service après vente inclus !

Il a relevé le défi, Kevin, le super Kiné, et il a gagné son pari. Ils étaient bien 10, sur la ligne de départ à Cap Méchant le 21 Octobre à 22h, prêts pour avaler les 163 km et 9600m de dénivellé de cette "Diagonale de Fous"

Mais attention, la folie, c'est contagieux ! ! !

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12 décembre 2010 7 12 /12 /décembre /2010 23:56

L’envie d’écrire m’a prise en lisant vos récits respectifs, et oui la diagonale des fous quoi dire ?

Pour vivre à côté d’un coureur (et quel coureur mon Didier), c’est beaucoup de sacrifices : comprendre la passion, adhérer à une équipe, partager des week-ends, trouver sa place c’est difficile, mais la passion est là et elle se partage.

Donc cette année ce fût un grand combat, plusieurs week-ends de préparation  (le Grand Brassac, Tirange, Le Sancy et oui toujours le massif central…c’est quand qu’on change ???? et bien surprise le Trail du bout du monde arrive et enfin un week-end ou il y a une la mer et le dénivelé,  tout est réuni pour découvrir une nouvelle région que du bonheur …

Et puis le mois d’octobre arrive et là un seul objectif la diagonale des fous, ce voyage tant attendu, il est là devant moi, et l’île de la Réunion s’ouvre à nous. C’est une île grandiose, une diversité impressionnante de paysages et de climats, j’en prends plein les yeux et j’adore… les habitants sont chaleureux, leur rythme de vie est zen, une île ou il fait bon vivre.

 Et puis le mercredi 20 octobre arrive :

 ds_0736.jpgRDV au stade de la redoute, pour récupérer les dossards, les coureurs d’un côté et les supporters de l’autre, le soleil est au rendez-vous, je recherche l’ombre avec mes copines supporters, nos coureurs vont chercher les cadeaux d’accueil et leurs puces qui ne les quitteront plus, prise de photos lors de la signature pour récupérer le dossard (t’as signé c’est pour en ……).ds_0741.jpg

Retour à l’appartement pour la préparation du sac, là tu observes et surtout, surtout tu ne dis rien, car à force de remplir ce sac Didier ne sait plus ou il range ses affaires… « Il est ou mon sifflet poche de droite ou poche de gauche ??? » tu sens la concentration, la peur d’oublier et « si j’avais besoin de ça », la peur de manquer, mais sa concentration et sa passion dominent et le sac est enfin prêt, on dit  que la nuit porte conseil.

 Le jeudi 22 octobre :

Et oui, après un petit déjeuner, la nuit a porté conseil : on redéfait le sac, on refait un contrôle et cette fois ci tout est prêt. Je discute du parcours des barrières horaires et des endroits ou je peux le voir, mon inquiétude est grande ne sachant pas les temps de passage c’est difficile de se projeter, et puis il y a la montée de Cilaos ses 400 virages, j’ai pris la voiture pour m’entrainer à plusieurs reprises mais le doute est là « non NAT, tu vas y arriver » oui la force de l’intérieur est plus forte que tout, et je suis une battante. Et puis voir Didier c’est le plus important. Allez un petit tour à la piscine, un petit repas, une petite sieste pour combler l’attente du départ.

Jacky nous rend visite pour savoir a quelle heure nous partons pour le rendez-vous photos, nous lui proposons de l’emmener.

ds_0753.jpgDidier se prépare, le sac sur le dos, il est prête la pression n’est pas visible mais au fond de lui je sens l’impatience du départ, Jacky nous rejoint, il est seul, Véro est très émotive et ne viendra pas au départ. Nous faisons quelques photos chez Hélène.

Et ça y est, direction Saint Philippe pour le départ, j’ai décidé d’accompagner Didier et oui chaque moment est important. Qui a dit qu’il n’y avait rien à voir ???, je prends ma voiture et je suis Michel, Colette, Catherine et Gérard. A notre arrivée la foule est présente, l’ambiance est là, des groupes de musique sont présents, je laisse Didier et Gérard à l’entrée du parc, et oui nos coureurs sont parqués, là je vois une petite vieille en tenue tyds DSC01363pique qui récite son chapelet ou qui dit des prières, elle est très impressionnante, mais elle se fond bien dans le décor…allez un bisous et rendez-vous à la Redoute.

Avec les autres supporters, nous faisons le tour du parc pour voir si nous pouvons apercevoir  nos coureurs, c’est un slalom qui s’engage, la foule est serrée, nous arrivons derrière un grand grillage et là « eurêka !!! » le groupe est au complet…photo oblige…

Nous repartons, pour trouver une petite place assise pour voir le départ, l’ambiance est là, les spectateurs mettent l’ambiance, ils sont même debout sur les toits des maisons, le plus surprenant c’est qu’ils sont plus d’une trentaine !!!!22 heures les 3 coups retentissent le départ a sonné, j’aperçois Gérard, mais mon Didier est trop petit, ce n’est pas grave je sais qu’il est là par la pensée. Nous regagnons nos voitures et là dans la noirceur de la nuit une maison nous apparaît, une allée éclairée avec une pergola  derrière elle une baie vitrée où est installé une voiture rouge avec une exposition de tableau, je me frotte les yeux, j’y crois pas une voiture dans une galerie !!! Ils sont surprenant ces réunionnais…

Catherine monte dans la voiture avec moi, nous sommes remplies d’émotion et oui le départ : «  ça c’est fait », elle me parle de son programme de demain où elle va voir les coureurs à Marabout et déjà j’ai du regret je n’y serai pas car j’ai prévu l’ascension des 400 virages de Cilaos. Nous avons décidé avec Véro de partir de bonne heure.

 Le vendredi 23 octobre :

 Je passe chercher mes copines Annie et Maryvonne et je suis Véro et en route pour Cilaos, l’ascension s’effectue a petit pas, les routes sont étroites, les tunnels impressionnants, un seul véhicule a le droit de passer : alors par précaution il est conseillé de klaxonner avant chaque virage afin d’éviter d’avoir à reculer, Cilaos nous apparaît et je n’ai pas vu les 400 virages c’est a peine si j’ai soupçonné la difficulté « concentration oblige ». Enfin ouf!! Nous sommes arrivés…Je reçois un appel de Didier, il s’inquiète et veut savoir si tout va bien, je lui confirme notre arrivée et lui dis de passer le message à Jacky.

ds_0835.jpgEn compagnie d’Annie et Maryvonne, nous visitons Cilaos, notre gîte, son musée de la broderie, ses montagnes, ses boutiques, sa boulangerie avec un gros millefeuille (mon gâteau préféré)…j’hésite… « Je le prends ou pas » j’opte pour le prendre à 4 heures : manque de chance l’après midi la boulangerie est fermée « tant pis pour moi » !!!

La journée me parait longue, j’ai pourtant le temps de passage de Didier régulièrement, mais je ne l’ai pas vu depuis le départ et ça me manque beaucoup …Catherine, Michel et Colette arrivent en fin d’après midi, ils nous donnent des nouvelles des coureurs. En fait allez a Marabout c’était possible et praticable même si le froid était présent.

Et puis nous allons au stade, Christian ne devrait plus tarder, il finit les derniers mètres avec Maryvonne, Nous apprenons que Lulu a abandonné et qu’il est à la recherche d’un véhicule pour nous rejoindre, je propose d’aller le chercher mais Maryvonne me le déconseille 400 virages de nuit ce n’est pas 400 virages de jour, entre temps Lulu appelle pour dire qu’il a un chauffeur, nous sommes rassurés et nous consolons Annie qui était très inquiète. Alain arrive, Sylvie le soutient, il nous raconte sa course, la difficulté du parcours un vrai moulin à parole, on sent l’excitation de la course, une vrai folie…Catherine reçoit un appel de Gérard lui disant que Didier s’est déshydraté et qu’il fait une pose au Piton des neige, 8km le sépare de Cilaos.

Et là je tombe, déshydratation je connais :

1er UTMB : déshydratation au bout de 35 km, 1er échec moral pour lui et pour nous, la déception du non accompli, Didier restera déterminé (il finira par l’avoir ce tee shirt finicher UTMB même au bout de plusieurs années et en compagnie de son copain Jacky d’ou le surnom DUPONT ET DUPONT. Ce sont tous ces souvenirs qui me passent par la tête, cette émotion que j’ai connue et cette peur de l’échec.

Puis le Mali ou durant la course, Didier a aussi été perfusé, son corps lui a permis de terminer, je me revois tous les soirs à la barrière de BANDIGARA dormir à la belle étoile et regarder le ciel en soufflant «  tu vas y arriver, je sais que tu as la force, tu es un battant ».Mon ventre se noue, l’attente va être longue…Je décide de me joindre aux autres pour le repas du soir au gîte, je suis incapable de dire quel a été le menu, mes pensées sont ailleurs je ne cesse de dire à Didier par la force de la pensée : «  tu es un battant, tu as la force ». Lulu nous rejoint, il a du mal à marcher.

Marie aussi a des nouvelles de Pascal, mais elle très inquiète le mot abandon est prononcé dans certain discour, ma boule au ventre grossit.

Je repars sur mon rond point juste avant l’entrée des coureurs au stade et j’attends, Véro m’appelle pour que l’on se rejoigne, elle apprend pour Didier.

ds_0835-copie-1.jpgMichel et Colette essaient de me rassurer, Catherine ira même à plusieurs reprises au point info pour savoir si Didier est parti du Piton des neiges ou pas, mais personnes ne sait, l’attente sur mon rond devient longue, mais c’est l’arrivée de Daniel, je bondis… vite l’appareil photos et pleins d’encouragement 90 km ce n’est pas rien… 

Et puis se fût l’arrivée de Gérard et Jacky, mon ventre était noué depuis bien longtemps, Gérard à son arrivée m’a chercher du regard, et m’a embrassé puis ce fut le tour de Jacky et là l’émotion est sortie (et oui Jacky c’est une longue histoire un UTMB, un suivi d’étape en étape, une complicité entre deux personnes Dupont et Dupont) mais il manquait un Dupont : Le mien. J’apprends qu’il s’est vidé toute la journée. 0854A.JPGIls se veulent rassurants mais le doute persiste, j’expliquerai les raisons de mon émotion à Jacky, j’apprends que Didier est perfusé, mais j’y crois encore et je persiste  dans l’attente sur mon rond point..

ds_0855.jpgLes lucioles continuent de descendre, et je vois apparaitre notre féminine Florence accompagnée de François, c’est super 90km, l’effort se voit sur les visages, la douleur aussi, je ne les reverrais qu’après pour qu’ils m’apprennent leur abandon (mon émotion est grande, l’échec je sais ce qu’il en est , moi qui suis restée sur mon rond point peut être que si j’avais pu leur donner l’assistance pour les aider à se changer et les ressourcer moralement, mais je suis resté collée à mon rond point dans l’attente de voir Didier, je cogite dans ma tête), je leur dis que tant que Didier n’est pas là je resterai là, je leur cède mon lit, je verrai plus tard…

ds_0870.jpgEt puis ce fût l’arrivée de Pascal, un grand dénouement après prêt de 90 km tout seul, il arrive il court car il y a la barrière horaire, j’apprendrais plus tard qu’elle avait été reculée, il part se restaurer, Marie viendra à nouveau me voir avec Sylvie pour savoir ce que je fais, je décide de rester sur mon rond point et je leurs dis d’aller se reposer, merci pour leur intention.

Les lucioles se font rares, un petit groupe chante créole mais plus je patiente avec Michel et Colette plus les supporters se font rares. Je suis de plus en plus inquiète, Michel et Colette décide d’aller se renseigner au point info pour prendre des renseignements pour Didier, et là Michel se retourne et le voit, non il se frotte les yeux, croit à un mirage, Didier est là en train de se restaurer. Il prend ses jambes à son cou et me prévient de son arrivée, il est 2h du matin.

 ds_0856.jpgEt moi non plus je n’y crois pas c’est un miracle, il me tombe dans les bras, il à un drôle de visage. La fatigue est installée, les rides se sont multipliées, il est épuisé, il grelotte, il me demande de l’aider à se changer, il finit de se restaurer et veut dormir un peu. Il a déjà décidé de repartir. Il me raconte qu’il a été perfusé avec du glucose et une piqure de primperan, qu’il avait été obligé de descendre a Cilaos car personne ne restait la haut (effectivement Il ya eu 800 abandons à Cilaos). ds_0857.jpg

Didier décide de s’allonger sur une table, je le borde avec la couverture de survie, il me demande un petit bisou et tombe dans les bras de Morphée, je le regarde dormir (le voir comme ça allonger sur cette table c’est une drôle d’impression).

 Après quelques minutes, Didier doit changer de place, les tables doivent servir pour le petit déjeuner de la course du lendemain, je lui propose d’aller sous les tentes.

Nous traversons le stade et il rencontre une personne avec un tee-shirt rouge et lui dit « Salut mon copain Jacky » sauf que ce n’est pas lui, je me demande sur quel planète il est, à ce moment là (pas sur la terre). Je lui trouve un lit, il se repose. Pendant ce temps, je rejoins Catherine et Véro, nous sommes assises sur notre mur, et encore sous l’euphorie de cette arrivée (je ne peux pas expliquer ce que je ressens : la joie de le savoir ici avec ses copains). Nous pensons déjà à leur départ de Cilaos car les bus arrivent pour récupérer les abandons. Nous décidons de les rejoindre, tout le monde se prépare pour quitter Cilaos et c’est a cinq qu’il repartent avec la consigne de rester ensemble, et c’est le cri de guerre. ds_0864.jpg

Catherine, Véro et moi décidons de regagner nos gîtes respectifs, un repos bien mérité. J’arrive dans le miens, dans une chambre pour 8, et surprise il ya des ronfleurs parmi nous (non, non je ne suis pas une balance !!!!).

 Samedi 24 octobre :

 Petit déjeuner, je discute avec Catherine pour lui dire que je vais suivre le reste de la course avec elle. Nous nous mettons d’accord, attendons les temps de passage de nos chers et tendres et nous irons les voir à Dos d’âne.

Et me voilà parti avec Maryvonne Annie et lulu pour la descente de Cilaos, je dépose tout ce petit monde à leur appartement et je leur dit un grand merci pour tout ce partage à Cilaos.

Je rentre à l’appartement, petite douche, direction piscine pour me délasser car je n’ai pas dormi de la nuit et je suis sous pression, il faut relativiser…un petit repas, un regard sur le téléphone pour contrôler mes SMS, et oui il avance. A chaque SMS, nous textotons avec Catherine. Nous décidons d’aller à Dos d’âne RDV à 17 heures. 17h15, Michel, Christophe et Catherine sont au RDV puis nous partons. Rassures toi Gérard, nous garons la voiture prête à partir. L’arrivée des coureurs est impressionnante, ils doivent escalader une échelle, les supporters viennent en famille, ils emmènent pique-nique, boissons…etc. Avec Michel et Christophe, nous descendons voir le coucher du soleil. Michel et Christophe repartent, nous restons entre filles et choisissons une entrée de maison pour nous installer (deux pierres nous serviront d’assise). Nous sympathisons avec un groupe de jeunes qui comme nous attendent 5 coureurs. Nous dégustons des bananes et des petits gâteaux, ainsi que le fruit de l’arbre à pain. Nous voyons des voitures rouler sur 3 roues, que de spectacle, Catherine en tombe à la renverse. Et puis coup de fils, nos coureurs arrivent, vite, vite mon sac un petit chewing-gum qui arrache à l’eucalyptus, ah oui Catherine confirme ça arrache !!!!ds_0924.jpg

Le club de cinq arrive, ils se jettent…pas sur nous …lol… sur le pain d’épice, ils sont épuisés G érard change de chaussures et hop c’est reparti cette fois si RDV à la redoute

Nous repartons de Dos d’âne, la nuit est bien avancée et nous arrivons à bon port.

 Dimanche 24 octobre :

 Je me lève vers 8heures 30, je déjeune et Véro me rend visite, elle est déjà venu 2 fois mais je dormais,  elle veut venir avec moi au stade de la redoute, et m’apprend que la veille on s’est loupée de peu car elle voulait venir avec nous (je suis déçue j’aurai du l’appeler mais avec des si on referait le monde). Elle est impatiente, elle ne veut pas louper l’arrivée et moi non plus. Nous contactons Catherine et sa bande, ils passent nous prendre, nous sommes au stade vers 11heures30.

ds_0929.jpgLes SMS sont toujours là et l’attente devient moins lourde à porter, je sais que l’issue est proche, j’au hâte de le voir franchir la ligne d’arrivée. Pour palier à l’attente, nous décidons de déjeuner.

 Jacky appelle Véro pour lui dire de partir pour le stade, elle lui répond qu’elle y est déjà .Il est heureux, et puis François est parti aux nouvelles, Didier à de l’avance sur les autres, il les attend pour rester solidaire au Club des cinq. L’arrivée se profile.ds_0946.jpg

 


Ils sont là, l’émotion se voit sur les visages, Didier franchit la ligne, il tombe dans mes bras, et c’est l’émotion qui envahie chacun. Que du bonheur !!!

Je te dédie Didier, ce journal. Merci pour toutes ces émotions qui m’ont fait vibrer pendant cette course. Nous avons eu des doutes, tu m’as fais peur mais tu restes mon miraculé.

Je te remercie Baptiste pour ton soutien au jour le jour et toi Pauline pour ton esprit de compétition.

DIAGO_0001_-251-.JPGCe journal est aussi ma façon de m’exprimer, de raconter et de permettre à d’autres de comprendre pourquoi il est si important de suivre la personne de son cœur.

Ce voyage c’est aussi une pensée pour toi pépé Yvon qui me regarde de la haut, tu as fait parti de mon voyage quand la vie t’a pris, j’ai vu des baleines et ce jour là restera a tout jamais gravé dans ma mémoire.

 

Merci a tous ceux qui sont rentrés dans ma vie durant ces trois semaines et avec qui le partage fût intense.

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7 décembre 2010 2 07 /12 /décembre /2010 21:13

EN ROUTE POUR UNE NOUVELLE AVENTURE

"Le grand raid de la REUNION"

 Tout d’abord plaçons-nous dans le contexte réunionnais. Nous sommes sur une île superbe et grandiose : sa végétation luxuriante entre mer et montagne, sa population très accueillante nous charment à chaque instant.

Médiatiquement parlant, à La Réunion, le grand raid est quelque chose d’énorme.

Quelques exemples : dans le mois d’Octobre, les 2 journaux locaux publient tous les jours chacun minimum 4 pages sur le Raid. A l’approche de la course, jusqu’à 12 pages, avec entre autre la liste complète des coureurs, avec leur dossard et leur photo.

Canal + Réunion a retransmis en direct sur le canal 99 les 3 jours de course.

C’est de l’engouement dans l’ile, presque de la folie, autour de l’événement.

 

ds REUN 00001 (772)ds DSC01363

    LE DEPART :

Après 2 km de bouchon et une bonne demi-heure d’attente, nous arrivons enfin à Cap Méchant. Seuls les coureurs peuvent pénétrer sur le stade du départ, l’entrée se fait par groupe d’une dizaine. Il est 20 heures 30 le Jeudi 21 Octobre. La vérification des sacs et du matériel minimum est contrôlé, premier passage réussi. La tension commence à se faire sentir ou est-ce la concentration ? Je termine mon gâteau sport et mes petites bananes de la Réunion.

Après l’attente, sur ce stade de graviers, agrémentée d’un spectacle de groupes locaux c’est l’appel des dossards privilégiés qui commence (Tiens, ils ont du m’oublier, tant pis !).

Il est maintenant 22 heures, les dernières consignes données, c’est enfin le départ (coups de canon à poudre mouillée…). 2555 lampes sont libérées sur une petite route de village.

 Les 5 premiers km, les spectateurs sont massés sur le parcours, il y en a partout, jusque sur les toits des maisons, dans les arbres, c’est du délire !...

Nous tournons sur la gauche dans les champs de canne à sucre et c’est le début de la montée vers le volcan. Les réunionnais sont partis comme des fous, à une allure de 10 km/h et continuent au même rythme dans les côtes.

Pas de problème jusqu’au premier ravitaillement au KM 13 qui se fait par un sentier de forêt assez large. Puis, c’est le goulet annoncé, on passe un par un et les réunionnais partis comme des fous bouchonnent car ils n’ont plus rien dans les chaussettes. Mais impossible de doubler,

 il faut prendre son mal en patience. 0n a fait un choix, celui de la sécurité.

PA220013.JPGDU VOLCAN A MARE A BOUT :

 Enfin, on monte. Le sommet semble proche et le soleil se lève. Plus je me rapproche du sommet, plus je me rends compte que ce n’est pas le soleil mais la lueur incandescente de l’éruption volcanique qui illumine le ciel accompagné de grognements sourds. Il est environ 5 heures du matin, quand j’atteins le ravitaillement de Foc Foc (2494 D+ et KM 23,7). Celui de la route du Volcan (2590 D+ et KM 30,9) arrive sans soucis. J’avale une soupe, un coca-sel, une banane et nous  repartons vers l’oratoire Ste Thérèse (2829 D+ et KM 37). Dans la montée, on domine la plaine des sables.

Puis c’est le ravito de piton Textor (2985 D+ et KM 40,1). Là, nous retrouvons Axel et Fathia, des copains de La Réunion. C’est sympa d’être encouragé par des têtes connues.

Les barbelés des parcs à vaches nous guident dans la plaine des cafres.

Il est 10 heures, nous arrivons à Mare à Boue (3072 D+ et KM 50.4), deuxième gros ravitaillements. Je mange des nouilles et un morceau de poulet sous un crachin qui n’est pas très chaud. Florence  a des ampoules, elle va les faire soigner.

Nous repartons tous les 3 car depuis Foc Foc, je suis avec Didier et Gérard. Nous retrouvons François et Florence au gré de nos arrêts. Pascal est plus loin.

DE MARE A BOUT  A CILAOS :

Nous entrons dans la forêt primaire. Par beaux temps, c’est lumineux presque accueillant. Mais sous la flotte, ce n’est P1000009.JPG pas du tout la même chose, même si les arômes, les bouquets d’impatiences et toute cette végétation sont magnifiques. Soudain, en descendant de grosses racines, je glisse et crack : je casse mon bâton. Je me suis assis dessus et il n’a pas apprécié. Mais, le crack a aussi un peu refroidi quelques secondes, mes compagnons qui pensaient plus à un de mes membres qu’à mon bâton. Tant pis, je finirai le raid sans bâton.

Nous arrivons sur la route qui mène au gite Bélouvre. C’est là que commence le changement de programme. En fait le parcours devait emprunter la route jusqu’au gîte mais comme dans les jours qui ont précédé la course, il a fait très beau et sec, la direction de course a changé et nous sommes passés par les chemins. Résultat, 2 heures de plus à travers la forêt de Bélouvre sous la pluie et bien sûr dans la boue car quand tu passes en 2000 ième position, ce n’est plus le chemin que le premier a  découvert. Ces dénivelés n’étaient pas comptés dans le road book.

Il est 14 heures environ : pointage de Bélouvre (3541 D+ et KM 64.6). On recharge le camel back. Le ravitaillement est un peu léger. On atteint le gite de Bélouvre et la magnifique vue sur le cirque de Salazie.

Maintenant, la descente vers Hellbourg se fait sans problème avant le gros morceau du raid. Nous arrivons au stade d’Hellbourg  (3608 D+ et KM 71,5) à 16 heures. Daniel est là avec Lulu qui nous annonce qu’il arrête, car il a un problème d’adducteurs. Daniel repart pendant que nous nous ravitaillons.

On attaque le fameux Cap Anglais et ses 1500 mètres de dénivelé. Il est 16 H 30 : c’est parti à l’assaut de cette difficulté que l’on a reconnue une semaine auparavant. Il nous avait fallu plus de 3 h30 de jour.

Les premiers mètres donnent déjà le ton avec un chemin étroit et assez raide. Ca s’élargit un peu mais on marche sur un tapis de racines. Elles sont bien sûr glissantes, il faut regarder où l’on met les pieds. La pente redevient de plus en plus raide et la nuit est tombée, on cherche ses appuis sur les rochers ; enfin la croix du Cap Anglais !

Le chemin continue sur de la rocaille. Didier commence à avoir envie de vomir. On ralentit quelque peu et il nous demande de le laisser.

Avec Gérard, nous arrivons au Gite du piton des neiges  (5101 D+ et KM 81.8). On est presque à 2500 m d’altitude. Il fait froid et il y a du vent. On s’est changé quand Didier arrive à son tour. Il est pris en charge par un médecin car il a un début de déshydratation. A ce moment-là, j’ai pensé que  la course était terminée pour lui.

Le laissant en sécurité, Gérard et moi repartons vers Cilaos. La descente par temps sec et de jour n’est pas plus compliquée que ça. Par contre, de nuit et sous la pluie, ce n’est pas forcément une partie de plaisir ( avec en plus des gens qui appréhendent l’exercice).

La partie haute est passée sans encombre car sèche. La suite plus humide ralentit les ardeurs de chacun. Ca glisse... A la sortie d’un virage, des coureurs sont arrêtés, je freine en urgence et je tombe sur les fesses. C’est un rocher qui me reçoit. J’ai un peu de mal à me relever mais je me frotte et je repars. Je ne vais pas rester là quand même ! J’ai le coccyx bien mâché mais ça ne me gêne pas trop par contre ça refroidi mes ardeurs et celles de Gérard par la même occasion. On mettra un peu plus de temps.

Enfin, le Block puis l’arrivée au stade de Cilaos (5121 D+ et KM 89,9).

Véro et les copains sont là pour nous accueillir, c’est super ! Nathalie est très inquiète lorsqu’elle nous voit sans Didier. Je lui explique que nous l’avons laissé en sécurité au gite du piton des neiges.

Je me fais masser et soigner mes dessous de pied qui sont à vifs. Un podologue me pose du tulle gras avec un strap. Je vais manger et c’est là que je retrouve Florence et François qui se ravitaillent. Ils sont arrivés pendant que je me faisais soigner.

Ils ont le moral au ras des pâquerettes. François fais une obsession sur la boof, il n’arrive pas à se rassasier et à entrainer Florence dans son délire. J’essaie de ramener Florence à la raison mais sans succès : le froid, les chevilles enflées et les ampoules ont été plus forts que mes modestes arguments du moment.

Je croise Pascal qui nous dit qu’il veut manger et dormir un peu avant de savoir s’il va continuer. Un lit picot me tend les bras... Je m’endors presque aussitôt.

Environ 1 heures après, quand Daniel vient me réveiller, il a décidé de finir avec nous. 

 

DE CILAOS A DEUX-BRAS :

Je sors de la tente et je retrouve avec joie mon Didier Diagonale-1--805-.JPGpresque requinqué, quoi que ?… mais avec une grosse envie de terminer.

Il n’est même pas question de le laisser après ses péripéties de la nuit. Pascal est là donc il a pris l’option de continuer. Nous sommes 5 à repartir de Cilaos.

 Il est 3 heures du matin et nous avons encore 3 groupies (Catherine, Nathalie et Véro) qui ont attendu et bravé le froid. Elles nous font promettre de rester tous les 5 jusqu’à St Denis.

Elles sont inquiètes.

Après, un petit cri de guerre, nous voilà repartis. Descente jusqu’à la rivière Bras Rouge, c’est là que commence ma saga avec les eaux. J’ai bien fait rire les copains. Premier gué à passer sur des pierres, je glisse et forcément premier bain pour le gauche. Ce n’est pas terrible un pied mouillé et je fais avec.

Il fait presque jour quand nous arrivons au pied du Taibit. Un petit ravito sympa nous attend sur la route du col. On ne s’attarde pas. La montée vers le col du Taibit est très agréable car plus nous avançons, plus les vues sur le cirque de Cilaos d’abord, puis celui de Mafate ensuite sont spectaculaires et grandioses. On en prend plein les yeux.

On arrive à Marla (6453 D+ et KM 103,2), sur la musique d’une star locale. Le ravitaillement est constitué d’un bon rougail saucisses chaud. A 9 H du matin, ça fait du bien…

Pendant que mes compagnons cherchent à dormir un peu, je me fais changer les straps de mes pieds qui ont trempé. Je pense qu’il ne faut pas prendre de risque avec les pieds, le chemin est encore long. Puis Gérard vient me voir pour me dire qu’il n’arrive pas à dormir car la musique et l’hélico qui fait des va et viens l’empêchent de fermer l’œil. Il veut aller essayer de dormir plus loin donc  je repars avec lui. Il trouve rapidement un coin qui lui convient.

Moi, je décide de continuer tranquillement jusqu’à ce qu’ils me rattrapent. Je flâne, j’en prends pleins les yeux. Je m’arrête même regarder dans la rivière aux galets où j’aperçois quelques petits poissons.

J’arrive doucement aux 3 roches  (6458 D+ et KM 106,2). Où je me ravitaille un peu et je m’assois avec les gens de l’organisation pour attendre mes compagnons.

 Ils arrivent avec un Gérard quelque peu contrarié. Le turbo est mis et ça ne traine pas jusqu’à Roche Plate.

Un premier exploit, j’ai traversé le gué sans mettre les pieds dans l’eau.

Les superbes paysages se succèdent les uns derrière les autres jusqu’à Roche Plate (6850 D+ et KM 111,5), puis la Brèche (7035 D+ et KM 113,1) là on domine encore le cirque de Mafate. 9658903.jpgDes précipices vertigineux avec des passages protégés par des mains courantes, nous laissent bouche bé. On change de versant à la Brèche en direction de l’ilet aux Orangers.

C’est par un escalier géant que débute cette descente, il y a des centaines de marches bétonnées. Je subis la chaleur jusqu’au ravitaillement de l’ilet aux Orangers (7135 D+ et KM 116,4) où je me régale de tartines de pâté. Ca change…

Nous reprenons notre route par le GR qui n’est pas très piégeux. Mais une certaine lassitude en cette fin d’après-midi commence à s’installer. J’ai d’ailleurs pris le poste de secours de la passerelle du pont Doucy pour l’étape de Deux-Bras. Et non Jacky !  Il y a encore 4 km.

A l’intersection du Grand Raid et du trail de Bourbon, je me retrouve à discuter avec un concurrent réunionnais du semi-raid qui a déjà fait plusieurs fois la diagonale mais cette fois-ci il n’a pas été tiré au sort. Tout en discutant je distance mes camarades dans les derniers km avant d’arriver à Deux-Bras (7515 D+ et KM 126,8) : deuxième grosse étape.

Après un moment d’attente, je me fais masser et changer les straps de mes pieds, puis je m’allonge enfin pour dormir. Ce sera de courte durée, car déjà  j’entends des voies connues qui murmurent sous la tente. Didier et Gérard se prépare, il faut repartir. Je me lève sans difficulté puis nous allons manger un autre rougail saucisses, mais aux lentilles celui-ci.

 DE DEUX-BRAS A ST DENIS:

Il est 21 H 30, quand nous repartons. 200 m plus loin, une rivière à traverser… Il y a du courant et des pierres pas trop stables et glissantes. Eh bien !  Je vais passer sans me mouiller les pieds. J’ai inventé le 4 pattes sur pierres. Bien sûr, pas sans me faire chambrer !

Enfin, j’ai les pieds secs pour continuer et pour moi, c’est le principal.

Aussitôt  la montée vers Dos d’Ane commence très raide. Ensuite, ce sera plus de l’escalade avec un sentier très étroit où il faut être très attentif  et ne pas mettre un pied de coté.

 La moyenne va bien baisser dans cette portion.

Je m’étonne sur mon état de forme. Je suis très bien mais je reste sur mes gardes car ça va tellement vite dans l’autre sens. Enfin, on débouche sur une rue de Dos d’Ane (8210 D+ et KM 131,1), là nous retrouvons 2 intrépides que sont Catherine et Nathalie.

Super, elles ont du pain d’épice ! … que l’on mange de bon cœur (merci à vous deux).

Le ravitaillement est bien plus loin et il est tellement pauvre que l’on recharge simplement en eau les camel back.

On entame la descente vers la Possession, d’abord par un chemin puis par la route. Au bout de 3 km, on nous fait bifurquer, et là, ce n’est pas la route mais une ravine que l’on va suivre jusqu’à la Possession. Nous trouvons aussi bien des chemins faciles que des portions avec rochers à escalader ou à descendre. C’est une horreur qui va durer prés de 3 heures.

Nous croisons des gens qui rentrent chez eux par ces passages. Même de gros rats sont présents. Je trouve le temps long et peste tout haut après l’organisateur à chaque fois qu’il faut se retaper un pierrier mais c’est ça le trail, le vrai !

Enfin, il est 5 heures. Nous sommes dans  les rues de la Possession, c’est un soulagement… On ravitaille, on se repose un peu, on se change avant d’aborder la dernière portion de notre aventure. Le jour se lève, nous repartons par le chemin des anglais. Le chemin des anglais est une route pavé avec des pierres de lave qui ont été plus ou moins bien placées. Le chantier doit avoir presque 300 ans et n’a jamais été restauré.

La Grande Chaloupe (8833 D+ et KM 147,3) il fait bon, la mer est calme, nous avons même droit à un croissant avec le café. Il y a aussi des petites bananes mais il faut repartir.

Le chemin des Anglais continue presque jusqu’à St Bernard. Nous prenons la route et passons dans le village. J’ai envie d’eau fraiche depuis un moment - une épicerie, je fonce et ressort avec une bouteille de Cilaos pétillante et fraiche. Qu’est-ce que c’est bon !

Nous sommes tous éparpiller, chacun a fait la dernière montée à son rythme.

Nous nous attendons à la Fenêtre. Un cycliste s’arrête et commence à discuter, puis il sort de son sac des petites bananes de son jardin. Délicieuses !...

Le dernier arrive et nous repartons ensemble sur le chemin vers Colorado.

Ca commence à sentir bon, l’arrivée est presque là.

L’émotion commence à monter, je repense aux moments forts de cette saison qui m’ont préparé au but que l’on s’était fixé. Je remémore tous ses km, les dures à Tiranges, les bons puis l’abandon à Champsaur et le Sancy pour finir avec difficulté.

 Fétéa et Héléne sont à Colorado (9656 D+ et KM 157,8) pour nous filmer. On se ravitaille une dernière fois, il n’y a plus que la descente vers la Redoute.

J’appelle Vé9638242.jpgro pour lui dire que l’on devrait être au stade vers 13 H. Elle me répond qu’ils nous attendent depuis le début de la matinée. Alors, très bien, on arrive !

La descente se fait tranquillement. Ce n’est pas non plus la plus compliqué, on savoure. Bientôt, le stade, nous apparait au détour d’un virage. Puis, nous commençons à entendre les clameurs des spectateurs qui deviennent de plus en plus fortes. On se rapproche…

Dans l’euphorie, on prend même des raccourcis bien involontairement. Mais une fois que c’est parti, c’est parti !

Enfin, nous sommes en bas, je retrouve Didier qui nous a un peu lâché dans la descente. Quand il sent l’écurie, on ne peut plus l’arrêter. François est là pour nous filmer, nous tombons dans les bras les uns des autres, c’est gagné !

Pour finir, nous changeons de tee-shirt pour celui obligatoire de l’organisation, on se recoiffe !… Non, c’est une connerie, il faut que la foule sente l’homme qui a fait 163 km.

On finit les derniers 500 mètres sous les encouragements respectueux des passants, des cyclistes ou des automobilistes auxquels je réponds par un simple signe de la main.

A l’entrée du stade, nous nous prenons par la main, c’est grandiose ! J’en ai tellement rêvé depuis des mois, que j’essaye de ralentir le train pour que cela dure le plus longtemps possible. Mais, mes camarades m’entrainent, c’est génial !

On passe la ligne, j’aperçois le temps 62 H 59, on tombe une nouvelle fois dans les bras les uns et les autres, mais aussi de Christian et d’Alain qui ont fini un peu plus tôt (en 46h 16 : les fous !!). Maillot.JPG

Nos supportrices sont toutes là, heureuses et  soulagées que l’on soit arrivé en entier.

Un bénévole nous encourage à aller pointer pour la dernière fois. Nous recevons la médaille et le tee-shirt jaune avec un superbe « J’ai survécu ».

 

Merci d’abord à ma Véro qui a supporté mes absences pour les entrainements et les courses, pour sa patience dans leurs préparations et pour tout le reste et c’est énorme.

Merci à Cyrielle et à Ludo pour leurs SMS d’encouragements, ça donne des ailes.

 

Merci aux X-men et aux copains pour leurs SMS et leurs messages sur le blog, c’est bon de se sentir soutenu.

 

Merci aux supporteurs et aux supportrices qui ont été derrière nous pendant tout notre périple et qui on vécu beaucoup de moments difficiles

 

Un merci à Christian qui pour la nième fois m’emmène au terme d’une des plus grandes courses du monde. Surtout avec mes faibles moyens il a du mérite, le bougre.

Bravo à toi et à Alain, pour votre performance.

 

Un merci à mes compagnons qui ont dû me supporter durant 63 Heures. Ca c’est une performance !

A Didier mon compagnon qu’on croyait avoir perdu au piton des neiges et qui est revenu à Cilaos pour finir avec le groupe. Génial !...  (Encore un de terminer, Didier).

A Pascal qu’on n’a pas vu sur la première partie mais courageux fini aussi avec nous.

A Daniel qui a su prendre le bon wagon pour voyager en première classe parfois même avec couchette.

A Gérard, qui ne m’a pas lâché les basques durant toute la course. Mais que c’était bon de te savoir pas trop loin.

0977-copie-1.JPG

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2 décembre 2010 4 02 /12 /décembre /2010 22:40

CLASSEMENT  DES EQUIPES  :

POITIERS EC 1 = 24ème  avec 2320 POINTS

POITIERS EC 2 = 30ème  avec 3980 POINTS

SUR : 110 EQUIPES ENGAGEES

Au delà de l'extraordinaire aventure humaine individuelle vécue par chacun d'entre nous, il est bon de souligner l'extrême motivation  de chacun, émanant d'un engagement collectif !

Engagement de 2 équipes avec tout d'abord un 1er challenge collectif au profit de FISAKAISANA

BILAN DE CE CHALLENGE : 3651 KM VENDUS ET 3651 EUROS RECOLTES

Ce challenge a été largement remporté par LE TEAM : POITIERS EC 2 avec plus de 2000 KM vendus.

 

MAIS .......COMME PREVU ......REVANCHE DU TEAM POITIERS EC 1 SUR LE TERRAIN ! ! !

 

BILAN DU CLASSEMENT PAR EQUIPES : POITIERS EC 1 = 24ème  avec 2320 POINTS devant POITIERS EC 2 = 30ème  avec 3980 POINTS. A noter que 110 équipes étaient engagées au départ !!!

 

Et si l'ami Daniel ne s'était pas sacrifié pour aider ses petits camarades du team  POITIERS EC 2 ( ils ne s'en sont même pas aperçù !!! ) et s'il était resté avec Alain et moi même , le team POITIERS EC 1 serait rentré dans les 15 premières équipes ! Quelle abnégation ce brave Daniel !!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!

Si, si c'est vrai, on le voit bien sur ses vidéos, il passe son temps à  se filmer les pieds pour se passer le temps !!!!!!!!!!!!!!!!!!

Bien entendu, chacun l'aura compris, ce dernier paragraphe n'est qu'une blague, puisque nos 5 compères ont décidé collectivement de terminer la course ensemble depuis Cilaos

 ds DSC01421

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30 novembre 2010 2 30 /11 /novembre /2010 00:47

Cet album pourra être complèté par les photos de course de chacun

 

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23 novembre 2010 2 23 /11 /novembre /2010 22:01

163 kms, 9600 mètres de dénivelé positif, 2555 coureurs au départ, 1444 à l'arrivée.
A ce jour cette 18ème édition (2010) reste comme la plus dure jamais courue sur l'île de la Réunion. La présence de la star de la discipline, le Catalan Kilian Jornet, a suscité un engouement sans précédent. Mais, loin des premières places, certains avaient pour seule ambition de terminer cette course mythique.,

comme on peut le voir sur cette vidéo...

VIDEO N°1

  NE PAS OUBLIER / Pour regarder les vidéos : mettre le curseur du bandeau sonore ( de l'entête du blog) sur pause ou arrêt

 

VIDEO N°2


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Profil

  • Kiki 86
  • FINISHER  : Diagonale des Fous à La Réunion 2002, 2007,1010 et 2012  ou je me classe 1er V3 , 2017, 2021 et 2022 avec ma fille Céline
UTMB : 2008 et 2011 
Marathon des Sables 2010
Objectif : 2023 : Senpereko Trail - Montan'Aspe - Trail des Cathares
Date de naissance : 28/08/1952
  • FINISHER : Diagonale des Fous à La Réunion 2002, 2007,1010 et 2012 ou je me classe 1er V3 , 2017, 2021 et 2022 avec ma fille Céline UTMB : 2008 et 2011 Marathon des Sables 2010 Objectif : 2023 : Senpereko Trail - Montan'Aspe - Trail des Cathares Date de naissance : 28/08/1952

L'ULTRA POUR HORIZON

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PALMARES

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DERNIERS RECITS D'ULTRA-TRAILS

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L'ÎLE INTENSE "LA REUNION"

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OBJECTIFS 2021

° TRAI DES CITADELLES 70KM (AVRIL) Annulé Covid

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TOUR DE LA GRANDE CASSE 66 KM (AOUT)

° LA DIAGONALE DES FOUS 167KM (Ile de la Réunion, Octobre

 

      

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WIDY GREGO "SPORTIF DE L'HUMANITAIRE"

Mes Entraineurs

Roger PASSARD : Professeur d'Education Physique et Responsable de l'ALERTE GRAYLOISE, qui de cancre en sport m' a propulsé en deux ans "Champion Départemental Minime de Cross" à PORT SUR SAÔNE

Jean-Pierre GORGEON : Co-équipier et Entraineur à l'ASPTT POITIERS m'a permis de réaliser :

  • 15'48"70 sur 5000m, le 14/06/1997 lors des Championnats Régionaux à NIORT (45ème Perf Nationale V1et 5ème M45)
  • 33'42"60 sur 10 000m le 31/05/1998 lors des Championnats de France Vétérans sur Piste à LYON PARILLY ( 21ème Perf Nationale V1 et 6ème M45)
  • 2h40'46" au Marathon le 12/10/1997 lors des Championnats de France de Marathon à REIMS (95èm Perf Nationale V1 et 31ème M45)

Jean-Claude FARINEAU : avec qui j'ai partagé depuis 1984, les charges, parfois lourdes de Dirigeant à l'ASPTT POITIERS, puis au PEC à partir de 1999. Grâce à ses entrainements judicieux, je n'ai jamais raté une qualification aux Championnats de France de 10 km

Jean-Paul GOMEZ :
Finaliste Olympique du 10 000m à MONTREAL en 1976 : Bien que ne m'ayant jamais entrainé m'a toujours apporté des conseils éclairés, notamment lorsqu'il entrainait  à mes côtés l'école d'Athlétisme de L'ASPTT