"COSTA-BRAVA -XTREM RUNNING" ou nos vacances en Espagne
Si pour vous Costa Brava est synonyme de vacances au soleil sur des plages bondées dans des stations construites n’importe comment et desservies par des routes surchargées, nous ne parlons pas du même pays.
Si pour vous 135 km de trail en trois étapes au bord de la mer c’est sans difficulté, nous ne parlons pas de la même course.
Tout avait commencé l’an dernier quand mon amie Cécile m’avait parlé de cette course et que j’ai lu son article dans Ultrafondus. Tentant d’allier un déplacement touristique auquel les épouses sont les bienvenues, dans de bonnes conditions de confort, hotel le soir, avec un vrai parcours de trail, une dénivelée cumulée de plus de 5000 mètres, le tout en fin de printemps, quand la nature méditéranéenne est la plus belle et les jardins botaniques traversés fleuris au mieux. En début d’année, Didier et Jacky, grands explorateurs de l’univers trail, se sont facilement laissés convaincre de m’accompagner.
C’est donc à six, avec nos épouses que nous sommes partis dans cette aventure. Voyage facile grace à Jacky. Visite de Girona le jeudi soir, recommandée à juste titre par Gérard.
Nous voilà à attendre le départ de la première étape vendredi à 15 heures sur le bord de la plage de Blanes. Après un contrôle approfondi des sacs, l’organisation ne plaisante pas avec le matériel obligatoire, nous nous élançons avec 180 coureurs de plus de 10 nationalités sur notre course accompagnés par presqu’autant de coureurs inscrits seulement sur la première étape de 25 km (les bleus d’après la couleur de leur dossard).
Le parcours traverse trois jardins botaniques superbes qui dominent la mer. Les couleurs vives des maillots et des sacs s’ajoutent à celles de la végétation. Tout de suite des escaliers, des raidillons, à monter à descendre. On court entre ville et rivage, souvent sur le « chemin de ronde », notre sentier des douaniers, très souvent parfaitement aménagé. On traverse des plages de sable, grandes ou simples criques. On se faufile entre les promeneurs, plus très jeunes, les terrasses de café. On contourne de grandes villas. Et on transpire beaucoup. Il fait très chaud, le soleil nous brûle le dos, la nuque. On souffre vite, les imprudents partis trop vite, surtout des bleus, paient cher leur témérité. Les sacs à eau se vident et se remplissent aux 3 ravitaillements prévus à partir du 10° km. L’occasion de voir nos épouses transportées par l’organisation. Des passages en pleine nature aussi, techniques à souhait. C’est dans l’un d’eux, une côte pleine pente dans un sous bois touffu que nous perdons Jacky. Didier est devant, je m’arrête avec un groupe qui porte assistance à une fille victime de crampes. Je ne sais plus où il est et, après l’avoir attendu un moment, je repars le pensant à tort devant. Nous finirons donc quelques kilomètres plus tard avec Didier en dévalant les rues médiévales de Tossa del Mar en 3 heures 37, Jacky nous rejoignant 12 minutes après.
Véro, Nathalie et Bénédicte qui nous guettaient en haut du village après avoir pris un bain dans une petite crique nous rejoignent et nous emmènent à l’hôtel. Tous,nous apprécions le confort de nos grandes chambres et le spa dans lequel nous nous délassons avec plaisir, coureurs comme accompagnatrices.
L’affaire se corse après un diner-buffet plein de tentations mais aussi bien adapté aux coureurs par la diversité de l’offre. C’est que le brieffing des coureurs va se faire en espagnol et, à sentir l’attention un peu inquiète du public, les explications sont certainement utiles. Heureusement les filles ont lié connaissance avec une autre accompagnatrice, bilingue, qui nous traduit ce qui lui paraît essentiel.
Samedi départ de l’hôtel à 8 heures pour un départ de la course à 9 heures à Sant Feliu de Guixols. Grosse étape de 55 km avec 2100 m de dénivellée, temps limite de 10 heures et une barrière horaire au 35° km qui ne permet pas de trainer en route. C’est sur la promenade de bord de mer que nous nous élançons avant d’attaquer à nouveau bien des escaliers et sentiers escarpés. En ce début de week end beaucoup de bateaux sont venus mouiller dans les criques que nous dominons ou traversons quelque fois non sans risque. Comment rester concentré sur la pose des pieds au milieu de ces belles femmes en topless, voire de ces nudistes un peu interloqués de subir le défilé des coureurs qui pour un peu devraient les enjamber ? Mais nous ne nous laissons pas distraire, il faut faire la course. Une longue portion de front de mer en ville est agrémentée par une haie d’honneur des bénévoles et de nos épouses. Nous courons un long moment avec Lee, un jeune Gallois avec qui la conversation est limitée par la musique qu’il écoute à fond. Nous nous suivrons ou précéderons alternativement pendant ces deux jours. Mais sa fougue ne le sert pas et notre régularité finira par le reléguer à plus d’une heure au général.
En fin d’après-midi l’orage qui grondait éclate. C’est sous une petite pluie que nous finirons cette étape très nature, non sans que le sol rendu glissant nous réserve quelques surprises. Dans la descente abrupte de la seule prairie du parcours je fais une partie de tobogan ce qui ne m’empêche pas de rester devant tout un groupe qui nous bouchonnait sur ces singles techniques. Plus loin c’est Jacky qui se retrouve, sans dommages, sur les fesses après une glissade sur le béton d’un passage en bord de mer. Le final se fait à un train soutenu qui nous permet de laisser derrière nous tout un groupe qui nous agaçait. Plusieurs kilomètres de plage ou de bord de plage nous attendent avec en prime la traversée d’un rio qui, grossi par l’orage violent à cet endroit, nous oblige à avoir de l’eau à mi-cuisse. Didier y laisse un peu d’énergie et il perd une minute sur Jacky et moi, en 8 heures 58. Nous sommes quand même bien entamés et nous allons trouver long l’attente du départ du car qui nous emmène à Roses dans un nouvel hôtel, plus vieillot que celui de la veille, mais nous sommes vite devenus exigeants… Après un trajet un peu fastidieux, nous n’aurons que le temps de prendre une bonne douche avant le diner. Nous nous couchons vite après car demain lever aux aurores pour un départ à 6 heures.
Dimanche, c’est le corps un peu endolori et les chaussures enfilées encore trempées que nous nous présentons au départ à quelques centaines de mètres de l’hôtel . Les contrôles sont simplifiés, il faut dire qu’il y a un vent fou, qui a soufflé toute la nuit en tempête, rendant difficile le montage des arches et quasi-impossible le port de la casquette. Mais le ciel est dégagé et nous aurons à nouveau un soleil magnifique. Le peloton s’est réduit à cause des barrières horaires et des abandons. Le parcours va être différent, un peu plus souvent à l’intérieur des terres, sur d’anciens sentiers muletiers ou sur des pistes roulantes, souvent sur des crêtes avec des vues lointaines. La mer bleue azur moutonne. Les genêts brillent et embaument. Un plaisir d’autant que la forme est là et que tous les trois nous avançons bien, avec le temps de discuter avec un petit bout de femme, portugaise, à qui il ne faut pas en raconter question ultra et qui sera toute la journée dans notre allure. A un moment, alors que nous suivons un groupe de cinq coureurs, les balises indiquent de suivre le chemin de ronde pour faire le tour d’un petit cap, ceux-ci s’en vont tout droit. Je crie pour leur indiquer le parcours, pas dupe de la manœuvre, ils tentaient de couper. Regard noir quand ils me dépassent. Mais je leur ai peut-être rendu service, au bout du cap un des organisateurs veillait ! Nous descendons sur Cadaqués, vieille ville blanche, pour retrouver les femmes au ravitaillement. Nous repartons dans la colline pour le point culminant du parcours, 310 mètres. Un nouveau passage en bord de mer, une nouvelle ascension et nous débouchons à l’aplomb de Portbou et de sa vaste gare jonction entre les réseaux français et espagnols. Reste à dégringoler vers l’arrivée en bord de mer que nous franchissons tous les trois main dans la main, heureux et émus de cette belle aventure en 7 heures 54.
C’est autour d’un excellent repas de tapas préparés pour les coureurs et accompagnateurs que nous refaisons la course en buvant enfin une bière à laquelle nous avons rêvé. Parcours d’une beauté incontestable, très varié, dans de beaux paysages maritimes avec une nature souvent sauvage. Les chemins prédominent largement sur le goudron. Mais parcours très exigeant. Balisage en général bon mais il faut rester vigilant et on peut avoir des hésitations. En 20 heures 30 au général nous sommes 71°, 72° et 75°, mais seuls 103 coureurs seront classés sur presque 180 au départ. Bon niveau général d’ailleurs, avec des coureurs bien équipés et il le faut, notamment quant à la réserve d’eau. Très bonne organisation, simple et joyeuse. Nous repartons donc avec notre médaille, un beau tee shirt et un diplôme de finisher. Tout le monde, coureurs et accompagnatrices, est content. Merci des encouragements reçus pendant la course, Didier, expert du maniement du portable en courant, nous faisait partager les nouvelles.
Je m’accorde un rapide bain de mer, Didier se contentant de tremper ses jambes, avant de reprendre le bus qui va, après une halte-douche à l’hôtel d’hier soir, nous ramener au point de départ du vendredi où nous avons laissé la voiture. Un peu long, d’autant qu’il nous faudra refaire le trajet dans l’autre sens pour rentrer dans la nuit sur Poitiers.
Pour moi c’était la découverte d’une course à étapes et j’ai eu beaucoup de plaisir à courir avec mes deux compagnons, soulagé aussi de les sentir apprécier cette course qui ne leur a pas joué d’aussi mauvais tour que l’Ecotrail. Bilan très positif. Course à conseiller vivement et pour ceux qui veulent essayer de nous reconnaître : http://costabravaxtremrunning.blogspot.com/.
Xavier
ALBUM PHOTOS : ICI