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8 décembre 2014 1 08 /12 /décembre /2014 21:51

Saintelyon.jpgEn premier lieu, Pierre Florek, Gwen Pestel, Régis Lebarbier, Cedric Marsen et moi-même tenons à remercier le Coach ( Christian Baigue ) pour l'accompagnement et l'accueil qui nous a été réservé (Bon, Cédric n'est pas à proprement parler un "nouveau").
Nous tenons à remercier les vieux... enfin ceux qui sont là depuis très longtemps au club (et dans les anciens clubs ou guildes de coureurs) pour leur accueil et leur compréhension, il est vrai que nous sommes quelque peu arrivés avec nos gros sabots, et que ça va continuer, faudra vous y faire.

La SaintéLyon pour résumer : "Je n'ai à offrir que du sang, de la peine, des larmes et de la sueur" et pour le coup, je peux vous assurer qu'aucun des ingrédients ne manque...

Au final, un joli WE entre amis partageant la même passion, des phrases mythiques qui seraient censurées si je les publiais, des images, des moments, des douleurs, qui nous donnent hâte d'être au Trail des Piqueurs pour profiter d'une sortie club digne de ce nom.

Les Résultats :
- Pierre Florek : 09:54:54
- Gwen Pestel : 10:02:31
- Cédric Marsen : 10:02:55
- Jean-Pascal Bernard-Hervé : 11:20:27
- Régis Lebarbier : 11:20:28 (lol, il est dernier le gros nul hé)

Le déroulé de la course :
Avant de me lancer, petite anecdote, Régis ne devait pas prendre le départ, au lit avec 39 de fièvre, le jeudi et vendredi... SMS le samedi soir "hé je suis là, on se retrouve où ?". Notre seule réponse "collégiale" : le gros débile...

Ligne de départ, un peu d'attente, mais il fait bon, peu de tensions apparentes, l'envie de se lancer. Les premiers kil se feront à bonne allure, un peu rapides, tout comme les premières heures de montée. Globalement nous restons bien ensemble, passons le premier ravito au 15ème sans nous arrêter, puis filons au ravito du 28ème.
Arrêt sur ce ravito, un peu long pour certains, pas assez pour d'autres, l'histoire de la course en somme. Entre ce deuxième ravito et le 3ème, les premiers écarts se creusent, Cédric décide de partir seul, nous restons globalement ensemble juqu'au 3ème, puis on ne se trouve plus avec Pierre et Gwen, Régis et moi décidons de rester ensemble jusqu'à la fin.
Là où les 5 devants décident de ne pas rester sur les ravitos, Régis et moi prenons notre temps : 40 minutes et 30 minutes sur le 4ème et 5ème), on souffle, on cause avec les gens, on s'étire mollement, pour tout dire on glande pas mal, notre seul objectif étant de finir sous les 12H, voyant qu'on avait beaucoup de marge, on cherche pas à repartir plus vite ! (ce serait mentir de dire en revanche qu'on aurait pu réellement accélérer en course, même si globalement en terme de vitesse pure, on n'est pas si loin que ça des 3ers, ça se joue sur une grosse 1/2H probablement).
La fin de course : Cédric poursuit seul son bonhomme de chemin, il sera repris par Pierre, ayant un ticket de sortie car Gwen était cramé, puis par Gwen, lui même devait être bien fatigué... Il faut dire que la dernière côte dans Lyon donne juste envie de crever les pneus des organisateurs (et autres plaisirs de torture que Régis et moi avons allègrement développé durant la montée pour le plus grand plaisir des gens nous entourant, sur ce coup là je crois qu'on a redonné du moral aux coureurs...)
Un GRAND merci à mon Régis qui après sa grosse défaillance entre 5H et 7H du mat' m'a littéralement porté et boosté sur les 2 dernières heures.
Le Trail, c'est une aventure collective, c'est penser aux autres, pas à soi.

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31 octobre 2014 5 31 /10 /octobre /2014 22:14

135 km en 4 étapes

Une course d'extreme !

Une semaine que nous sommes à Alter Do Chao, ce magnifique village au cœur de l'Amazonie qui offre ses belles plages de sable fin aux touristes lorsque le fleuve Tapajos s'assèche. Un village ou l'on a envie de venir vivre tant les habitants sont accueillants. Pourtant le climat y est rude par sa chaleur et son taux d'humidité. Le thermomètre avoisine les 40 degrés et la peau est humide en permanence.

J-4 : les premiers concurrents commencent à arriver. Des Anglais, des Américains de l'Arizona , un Coréen, des Japonais, des Belges, des Suisses, Irlandais, Suédois, Portugais, Polonais, Russes,Australien ... Et bien sur les Brésiliens qui arrivent des grandes villes .
Nous sommes trois français seulement : Widy, Lucien et moi.
La pression commence à m’envahir. Il se dit que nous allons tous connaître l'enfer alors que je viens de passer une semaine au paradis !
Finalement c'était le bon ordre, car je ne suis pas sûre d'en ressortir vivante !

J-3 : Lucien, notre ami Guadeloupéen est arrivé lui aussi. Nous décidons de faire une petite balade en guise d'entraînement : grimper un petit morne que l’on aperçoit tout près. Pour cela, il faut traverser un bras de fleuve, environ 30 mètres. Un service de barques est organisé. Avec Widy , nous avons déjà fait cette traversée .

Là ce matin, nous y retrouvons Jen ,Amy et le Coréen qui ont eu la même idée que nous mais en plus les filles souhaitent expérimenter leurs sacs à dos chargés et étanches, c’est donc à la nage qu’elles franchissent le fleuve pour atteindre l’autre rive. En condition de course quoi !

Je les vois traverser tranquillement. Leur technique: pousser tranquillement le sac qui flotte devant elles !

 

Vous connaissez tous Widy ? Il aime les choses simples ! Pour la compétition, il nous a prévu des sacs poubelles en guise de sacs étanches !

Ça paraît simple bien sur, mais pour moi qui ne sait nager qu’en piscine ou dans le lagon de Sainte Anne en Guadeloupe, ça ne va pas être une mince à affaire ! La pression commence sérieusement à monter mais je me tais. ...

j-2- 18h, il fait déjà nuit, le petit square d'Alter Do Choa est très animé. Nous allons prendre le bateau qui nous conduira sur le point de départ de la course : Ituapama, un petit village perdu au fond de l’Amazonie. C’est un bateau à trois niveaux semblable à tous ceux que nous avons vu depuis notre arrivée à Santarem ou à Alter Do Chao. Ce sont les principaux moyens de locomotion que les Indiens ont pour se déplacer ou pour transporter les denrées alimentaires, l’eau Etc…
Tous les concurrents sont là et nous attendons tous les informations. Des voitures viennent nous chercher avec nos bagages (valises, sacs à dos) par petits groupes et nous débarquent un peu plus loin sur la jetée. Là, nous sommes carrément dans le noir et chacun doit se débrouiller ! Un petit pont en bois, une barricade à enjamber, 50 mètres de plage ... et embarquer.

 Nous, nous installons nos hamacs au niveau deux pour une traversée qui durera une dizaine d’heures.

 

 

Je m'allonge dans mon lit de fortune et curieusement je m'endors malgré l'agitation qui règne sur le bateau. Surtout les Brésiliens qui sont très bruyants ! Le départ du bateau est prévu pour 2h du matin. C'est à ce moment là que je me réveille car mon hamac se met à se balancer sérieusement, allant même cogner un poteau tout près ! Je me dis alors que si toute la traversée est ainsi, cela va être terrible ! Mais non, tout rentre dans l'ordre quand le bateau prend sa vitesse de croisière et je me rendors comme un bébé bercée par le ronronnement du moteur!
Le soleil se lève, c'est magnifique ! Nous sommes sur le fleuve Tapajos, une mer d'eau douce ! Je n'avais jamais imaginé une telle immensité ! Ce fleuve qui après les crues s'assèche dégageant une multitude de bras de fleuves et de plages de sable blanc. Vers 9h, tout le monde est déjà debout, le capitaine du bateau se dirige vers une belle plage et nous débarque là pour une petite escale d'une heure afin que nous puissions profiter de cette belle eau en guise de baignoire.

En début d'après midi, le voyage prend fin et nous débarquons sur une autre plage sur laquelle Shirley, l'organisatrice, est là pour nous accueillir. Nous acheminons nos bagages, environ 300/400 mètres plus loin.
Là une habitation, comme sortie de nulle part au bord de la
forêt ! Une maison en briques recouverte de tôles et tout autour quelques payottes.
Pas de route, ni chemin, seul l’accès par le fleuve est possible. Un groupe électrogène leur fournit l’électricité.
C'est là que Julio et sa famille vivent en autarcie.
Pas de meubles. Des hamacs pour dormir, un coin cuisine rudimentaire mais la joie de vivre règne là ! Des gens accueillants et souriants .
Julio a aménagé un coin avec des poteaux. C'est là que nous allons installer nos hamacs, tous serrés les uns contre les autres pour deux nuits avant le départ fatidique.
Je remarque que tous ont apporté des toiles imperméables qu'ils tendent au dessus de leur hamac en prévision d'une éventuelle pluie. Lucien nous dit que ça faisait parti du matériel obligatoire.

Nous, je vais me répéter mais vous connaissez Widy ! Voyager léger et encore plus lorsqu'il s'agit de compétition! En 2007, lors de sa première participation, il avait plu une seule fois et il y avait une solution de repli. Et puis le règlement était écrit en anglais, nous n’avons pas fait l’effort de le traduire.
- "Ne te tracasse pas Jackye" m'a-t-il dit avant de partir.

 







Pour les repas d’avant course, la femme de Julio fera cuire, riz, haricots, farine de manioc, poisson, poulet. Et Inutile de vous dire que ce ne sont pas des poulets d'élevage !!!
Les concurrents qui désirent acheter, peuvent le faire moyennant quelques réals (environ 3euros par repas).
S'en suit le contrôle des sacs et la "consultation" avec médecins pour vérification du matériel médical obligatoire, l'électrocardiogramme .... puis la remise des dossards.


Les sacs et valises sont ouverts à terre, et chacun de nous trie son matériel. Et voilà quelques gouttes de pluie commencent à tomber, se transformant rapidement en petite averse ! Tous replient à la hâte leurs affaires et les mettent à l'abri sous les toiles....
Compliqué pour nous qui n'en avons pas ! Heureusement l'averse n'est pas trop méchante et tout rentre dans l'ordre. Le soir, nous nous glissons dans notre hamac et duvet humide. Je crois que c'est la chaleur de notre corps qui aura séché le tout !
Pour nous l'aventure est déjà commencée !

J-1 – C’est la préparation des sacs de course. Surtout penser à tout et ne surtout rien oublier car dans la soirée nos valises seront prises en charge par l'organisation et nous ne les retrouverons qu’à l’issue des six étapes.
C’est aussi la journée briefing. Un peu compliqué, quand on ne parle ni anglais, ni portugais ! Heureusement Haround, le cameraman belge nous traduira l’essentiel. Là nous apprenons que pour la 10 ième édition, l'organisation a changé le parcours qui passe à 275 km et l'a renforcé en difficultés !
À chaque étape, nous aurons plusieurs traversées de fleuves, dont certaines 200 m de long. Cette année, les pluies ayant tardées, l’assèchement a pris du retard donc elles seront plus nombreuses et plus abondantes.
Deux étapes nouvelles dites de montagne ! Aie, aie ! Heureusement à l'issue des quatre premières étapes qui constituent le parcours de 135 km, chacun de nous pourra opter pour l'étape longue ou pas .... Moi, sans rien dire, j'ai dans l'idée que mon choix est déjà fait ! Une étape longue de 140 km , c’est fou
non ? 

On nous parle aussi des dangers : arbres à grosses épines, plantes coupantes et bien sûr la faune en passant par les jaguars, les serpents, les piranhas, les anacondas, les mygales sans oublier les fourmis dont certaines ont un venin très
douloureux !! Ils racontent que Shirley , l’organisatrice serait restée douze heures sous morphine suite à une piqure de fourmis .

Trois serpents devaient nous être présentés, mais surprise, en ouvrant la boîte en carton, ils constatent que deux ont déjà pris le large !! Seul un cobra de plus d’un mètre de long va circuler d’épaules en épaules. Enfin pour les plus courageux !
En cas de morsure, on nous donne les consignes à suivre, mais je comprends bien que le mieux, c’est de ne pas se faire mordre.
Ce soir là, je suis contente de me coucher dans mon hamac même humide plutôt qu'au ras du sol !!

On nous parle aussi de l'orientation à la boussole au cas où l'on se perdrait. Moi qui ne sais même pas m'en servir ! Un repère, le matin nous marcherons le soleil dans le dos et le soir face au soleil. Aussi toujours se rapprocher du fleuve.
Aujourd’hui ça me fait un peu rire car les trois quarts de la course s’effectuent dans la forêt où l’on aperçoit à peine le soleil ! Mais le balisage était vraiment au top !
Puis c’est un médecin qui prend la parole pour nous parler des problèmes d’ampoules aux pieds. Quasi inévitable de ne pas en avoir puisque nous avons les pieds mouillés voir trempés en permanence. Mieux prévenir que guérir, dit-il !
Il nous donne quelques conseils.
Pour clôturer la réunion, Shirley remercie Julio qui a bien voulu mettre à disposition de l’événement toutes ses ressources humaines et matérielles.

Il prend la parole, en portugais bien sûr. Je ne comprends rien à ce qu’il dit mais dans la vibration de sa voix, dans l’expression de son visage et de ses yeux, je devine toute l’émotion qui l’habite et le plaisir qu’il partage avec sa famille à nous accueillir. Pour eux, habitués à ne voir jamais personne, c’est une fête.
Il est intarissable !
L’après midi, nous faisons connaissance avec les autres concurrents et échangeons avec les enfants des villages voisins qui sont venus en barques avec leurs parents participer à la fête car c’est un véritable événement pour eux et une nouveauté.
Le soir, nous nous couchons de bonne heure et je me persuade que tout ira bien. J'essaie de chasser toute appréhension. J'ai même hâte que nous commencions.

Julio, à droite de la photo

 

1ère Étape de 27km avec un départ à 7h
Dès 5 heures, à la lueur de la lampe frontale, chaque concurrent s'affaire à ranger ses affaires, plier le hamac, le sac de couchage, prendre son petit déjeuner. C'est fini les bonnes crêpes de tapioca faites par l'épouse à Julio !!
Julio a allumé un feu de bois qu’il entretient pour chauffer de l’eau dans un gros chaudron. Chacun vient s’approvisionner pour réhydrater les lyophilisés et aussi constituer sa réserve d'eau froide : 2,5 litre, c’est obligatoire sous peine de
pénalités !

Nous sommes sur la ligne de départ. Petit briefing rapide de Shirley : aujourd'hui 4 CP (check point), un quart d'heure de pose obligatoire à chaque CP.
En quittant le 4ème CP, nous entrons dans une zone dite niche des jaguars ! Elle nous explique qu’en raison de nombreux arbres couchés par le vent, les jaguars se sont installés là et reproduisent.
Elle nous conseille de ne pas nous isoler car le jaguar ne s'attaque jamais à un groupe. Brrrr!

5-4-3-2-1 c'est parti !!

Les 70 concurrents sont sur la ligne de départ.
Pour les médias qui vont filmer la course, nous sommes tous fiers de trottiner, mais rapidement la réalité nous ramène à la raison ! Pour moi, c’est un sac qui pèse au moins 10kg à sec ! D’ailleurs, ce n’est qu’à l’issue de la 6ème étape lorsqu’il ne contiendra plus que le sac de couchage et le duvet, que je parviendrai à l’oublier ! Sinon, il me lacérera les épaules et le dos en permanence ! Pourtant pas de superflu ! Juste un short et un maillot pour passer la nuit au sec, une paire de chaussette, un mini , vraiment minimum de toilette et une mini pharmacie en plus du matériel obligatoire et de la nourriture, hamac et duvet.
Nous sommes à peine sortis du campement que nous avons déjà une traversée d'un petit cours d'eau ! Au rien, 3/4 mètres peut être et 30 cm d'eau claire ! Un tronc d'arbre peut servir de passerelle. Si on a l’équilibre, il permet ainsi de garder au sec ses pieds un peu plus longtemps. Je tente le coup ! J'ai bien tenu 3 secondes en équilibre sur un fil, lors d’une animation quelques jours auparavant sur la place d'Alter do Chao. Pourquoi pas un peu plus sur un tronc d'arbre ! Je me lance ! Mon sac est bien calé sur mon dos, ça a marché !!
À peine je suis passée, j'entends un plouf ! Tout le monde n'a pas eu ma chance ! Le cameraman a déjà fait sa première prise d’images, mais ce n'est qu'un début !
La forêt nous a déjà happés ! Cette forêt dense que nous ne quitterons pratiquement plus. Cette forêt qui me rappelle la forêt de Guadeloupe très humide, mais aussi des zones plus sèches telle la forêt de Givray en beaucoup plus drue ! Elle apporte une moiteur permanente à notre corps. Les quelques rares fois ou nous la quitterons sur les dernières étapes, ce sera pour longer des belles plages de sable fin et les pistes. Et là , la température atteindra plus de 40° !
Une petite montée et une petite descente facile, nous abordons une autre montée qui s’annonce plus raide et là déjà un bouchon, comme s’il se passait quelque chose d'inattendu ! Je ne comprends rien de ce qui se dit car c'est en portugais.
Je vois un coureur couché à terre. Malaise? J’apprends très vite que nous avons dérangé un essaim d'abeilles et que le coureur en question était allergique.
Le soir, Widy me racontera avoir été piqué 4 ou 5 fois. Normal, passant le premier, c'est lui qui a dérangé les abeilles ! Mais, il a la peau dure, je crois que le venin n'a même pas atteint le derme !
Montées, descentes, montées, descentes, peu de répit ! Bien sûr ce n'est pas de la haute montagne, les montées sont courtes mais raides même !
Pour moi qui n’utilise pas de bâtons, je dois m'accrocher aux arbres qui sont nombreux, sinon je gravis à quatre pattes. Et attention aux arbres, comme on nous avait prévenus, il y a une espèce qu'il vaut mieux éviter ! Des épines dures de 2 à 4 cm. Une fois, par inadvertance, je me suis fais avoir. Heureusement mes gants ont atténué la casse mais j’ai encore quelques marques!
Les rares parties plates de sentiers, j'essaie de trottiner mais elles sont parsemées d'obstacles ! Et ce sac à dos qui m’encombre toujours !
Des troncs d'arbres couchés là parfois depuis de nombreuses années. Des petits troncs, des troncs énormes, quelques fois un amoncellement de troncs ! Contourner l'obstacle ? La forêt est dense et avec tous les dangers annoncés, ah non, ne même pas y penser !
Il arrive qu'il soit plus simple de passer dessous à quatre pattes ! Avec mes courtes jambes et mon gros sac à dos, vraiment des fois c'est compliqué pour moi !
Pour les descentes, bien sûr elles sont à l'identique, semblables à des toboggans et comme dans les montées, je cherche les arbrisseaux ou les lianes auxquelles je peux m’accrocher pour freiner.


Les premiers kms, je suis un petit groupe de concurrents. J'entends encore des échanges devant moi comme si il se passait quelque chose d'anormal ! J'essaie de questionner celui qui me précède. Il me répond quelque chose comme "baracado" !
Je ne comprends pas de quoi il s'agit et j'image que peut être ils ont vu un serpent ! Comme l'homme voit que je n'ai rien compris, il me montre. Un trou dans le sol ! Je rigole rassurée !
Petit à petit le groupe se désagrège car chacun avance à son rythme. Je suis donc rapidement toute seule mais je prends confiance en moi. Après 2 heures de marche environ, j'atteins le 1 er CP.

Je respecte la pose obligatoire et je repars avec un japonais. Je me souviens encore du démarrage difficile : un talus abrupt à escalader ! Je n’y arrive pas, le poids du sac me renvoie en arrière ! Il doit me pousser en soutenant le sac ! Nous rions ensemble. Au 2ème CP, j'arrive encore seule. Alors que je refais les réserves d'eau et mon plein d'énergie en mangeant un peu, j'aperçois ce qui m'attend 50 m plus loin : ma 1 ère traversée de rivière !!!
Je sors mon grand sac poubelle et un jeune brésilien qui fait parti de l'organisation m'aide à y glisser mon sac à dos sans que le sac poubelle ne se déchire, et le fermer avec une longue ficelle. Il fait au moins 4 / 5 nœuds pour tenir le sac bien serré. J'ai envie de lui dire de faire moins car je sais qu'après la traversée ce sera difficile à défaire mais c'est important que mes affaires ne se mouillent pas.

Maintenant, je dois porter mon sac jusqu'au bord de la rivière. Je le prends à bras le corps. Je n’ai pas de prise pour bien le tenir !
Pff, compliqué ! Mais je revois dans ma tête tous ces clichés d'hommes à Santarem qui chargent les bateaux ! Des centaines de kg sur les épaules ou la tête ! Je ne vais pas me plaindre avec mes 10 malheureux kg !
J'arrive au bord de la rivière à traverser : maxi 15 mètres. Ce n'est pas beaucoup, je questionne à l'aide de gestes le brésilien qui surveille et je comprends à sa réponse que j'ai pied. Il me fait voir la corde tendue et je comprends que je dois me débrouiller. La ficelle du sac entoure mon corps. C'est parti ! J'avance pas à pas, je m'accroche à la corde, mon sac flotte derrière moi et me suit, tel un petit chien que je promène en laisse. J'essaie de sourire devant cette situation. Arrivée au milieu, je me souviens que l'eau est à hauteur de ma poitrine. Je me tiens bien fermement à la corde et j’avance. Même pas le temps d'imaginer que je ne suis pas toute seule dans l'eau ! Pourtant, ce sont la souvent que les anacondas viennent dormir ! Le mieux, c'est de ne pas y penser !
Ça y est, je suis passée. Ouf !
Comme je l'avais imaginé, les nœuds sont bien serrés et la ficelle enchevêtrée. Je prends le temps de ranger tout ça et c'est reparti.
Toujours la même chose : un petit sentier étroit jonché de feuilles mortes, des montées , des descentes, des troncs d'arbres à escalader , le tout bordé d'une végétation intense, des lianes qui s'entrelacent.
Je suis seule sans l'être vraiment, je ne les vois pas mais leurs cris m'accompagnent : Les oiseaux de la jungle et les petits singes sont bien là !
Quelques fois, c'est comme si ils m'encourageaient et me disaient :
- "Allez Jackye, fais ton chemin, la route est encore longue! ".
C'est ce que je fais. Montées, descentes ..... Ça manque un peu de variété !
Au CP3, pour le quitter c’est encore une traversée d’eau, mais là, ça me paraît plus costaud. Je dois me débrouiller toute seule pour en saucissonner mon sac dans la poche poubelle, fermer le tout, et m'approcher du bord.
Deux hommes sont là sur le bord pour surveiller les opérations. À mes interrogations toujours par gestes, je comprends que je n'ai pas pied et pourtant je dois y aller ! C'est parti pour une quinzaine de mètres. Rapidement mes pieds ne touchent pas le fond. Pas de panique, je suis cramponnée à la corde et j'avance par la force des bras. Je sens la ficelle qui tire le sac et je me dis pourvu que j’aie bien attaché le tout, n'osant même pas me retourner !
J'arrive au bout et là, un gros talus abrupt pour atteindre la terre ferme, une super belle plage de sable blanc. Et ce sac, à extirper de l'eau ! Comment vais-je faire ?
Je panique un peu, toujours cramponnée à la corde, je me retourne et tout à coup, je vois qu'un des deux hommes m'a accompagnée sur toute la traversée.
Il me tend le sac et m'aide à le hisser. Nous constatons que la poche est percée, je m’en débarrasse.
Je le congratule de "obrigado" . (Merci)
Je longe la plage sur un petit kilomètre, en plein "cagna", mais heureusement les balises me ramènent vers la forêt. Là, pas de marquage indiquant le nombre de km parcourus. Avancer, c'est ce qui compte.
Peu avant l'arrivée au CP4 je me souviens de cette longue descente tellement pentue que sur une vingtaine de mètres, une corde a été installée pour que l'on puisse se ralentir. Mais pire encore, un peu loin, c'est carrément une descente en rappel !
Un brésilien est là et me fait voir la technique.
Le choix je ne l'ai pas, il faut y aller et finalement je me débrouille bien! Seulement sur les deux derniers mètres, c'est vraiment le vide. Aucune accroche pour les pieds et je ne sais toujours pas comment j'ai atterri ! Je crois, un pompier chargé de la sécurité m'a récupérée au vol !
Le CP 4 se trouve sur une petite crique au bord du fleuve. Je me rappelle qu'au briefing, ils avaient indiqué que la niche aux jaguars se trouvait juste après dans les cinq premiers kilomètres avant la ligne d’arrivée et qu'après 15 h, les bénévoles seraient chargés de bloquer les coureurs. Les pompiers « serre file » les accompagneraient.
Il est 14h, j'ai de la marge. Je prends mon quart d’heure de pose et j'en profite pour me restaurer avec un peu de taboulé. Je me rafraîchis un peu dans le fleuve. Les quinze minutes sont écoulées, je pourrais repartir mais je suis seule. Les bénévoles me laissent le choix, me laissant imaginer que peut être, le danger n’est pas si terrible que ça !
Entre temps, un coureur suédois est arrivé. Il doit respecter aussi sa pause. Je suis sage et je décide donc de l'attendre pour repartir, ce sera plus rassurant même si l'homme n'est pas très costaud. On dirait même qu'il est malade ! Les jaguars s'attaquant au plus faible, j'ai donc une chance d'être épargnée !!
J'en profite pour me faire un petit brossage de dents. Le docteur et Charlotte qui sont là, écarquillent les yeux. Je crois que je suis la première à leur faire le coup !
J'ai une grosse pensée pour Brice de l’EPA. Il est coutumier du fait et j’avais trouvé son idée très bonne. Charlotte immortalise le moment avec une photo.
14h 25, le suédois est prêt, nous décidons de repartir. Dès le départ, c'est une grosse montée. Je suis loin d'être rapide mais là franchement le suédois n'avance pas et doit s'arrêter tous les 10 mètres pour reprendre son souffle. La montée se fait progressivement, une descente et encore, encore montée, descentes…. Un coureur brésilien nous rattrape et fait un petit bout de chemin avec nous mais il finira par nous lâcher car il perd du temps. Vraiment, notre petit suédois ne va pas bien. Il me fait comprendre qu’il a des nausées.
Je me souviens à Alter do Chao, quelqu’un racontait qu'un coureur suédois avait prévu de se nourrir essentiellement d'huiles d'olives et de coco. Une nouvelle technique qui permet d'absorber beaucoup de calories pour une petite quantité, allégeant ainsi la charge.
J'image que c'est lui le coureur en question. Franchement, sa technique, elle n’a pas l’air très efficace, je n'essaierai
pas !!!!
À ma montre, il va être bientôt 17 h. Mon seul objectif, c'est de finir l'étape avant la nuit. Je décide donc, moi aussi, de l'abandonner à son triste destin : être la proie des jaguars !!! Non je plaisante !
Bientôt je commence à voir la lumière à travers les arbres, je pense que je ne suis pas loin du prochain bivouac. Je débouche enfin de la forêt pour atteindre la plage et qui dit plage dit fleuve ! Là, le fleuve est immense. Un bateau à moteur attend avec un homme aux commandes.
La fatigue aidant, je panique intérieurement et je me dis : "Shirley, cette femme est folle, elle ne va me faire traverser
ça !!"
L'homme me fait signe que je dois monter à bord. Ouf ! Il enclenche les manettes et telle une princesse, il m'emmène sur l'autre rive. La première étape est terminée.
C'est là le premier bivouac ! Comme la fois dernière, une plage, quelques maisons en paille et la forêt qui cerne le tout. Là aussi, des poteaux ont été installés par les indiens, pour accueillir nos hamacs.
Widy et Lucien sont là pour la photo d'arrivée.
Widy me racontera, avoir interrogé Lucien : " tu crois que Jackye va arriver à franchir tous ces obstacles ? " .
Il était un peu inquiet pour moi quand même !

La nuit ne va pas tarder. Widy prend en charge l'installation de mon hamac pendant que je vais au fleuve prendre le bain.
Rinçage des vêtements, des chaussures, chaussettes, inspection des pieds ! Compte tenu de ma mauvaise expérience au marathon des sables, j'en avais tiré des leçons. Tous les points de frottements, je les avais protégés avec des pansements double peau.
Aucun dégât ! Super ! Je laisse les protections en place.
Un short et un maillot sec sur le corps, il ne me reste plus qu'à me restaurer. Les indiens du village entretiennent un feu de bois qui chauffe l'eau pour la-ré hydratation des repas.
La nuit est maintenant bien présente, nous nous rendons compte que le ciel est devenu très chargé, quelques éclairs apparaissent même tout près.
À peine, ai- je fini de manger que les premières gouttes commencent à tomber.
Ça y est, l'orage est sur nous. Comment protéger nos couchages ?? Avec un malheureux poncho non réutilisable jeté à la hâte dans mon sac à dos, Widy improvise une bâche !
Mais la pluie s’intensifie, le tonnerre gronde. Mes uniques vêtements secs sont désormais trempés, et je commence à grelotter. Heureusement, la pluie cesse rapidement, laissant le hamac et le duvet dans un état d'humidité avancé.
Plus rien de sec à me mettre sur le dos; j’ai froid et la fatigue aidant, mon moral est au plus bas.
J’ai du mal à m'imaginer repartir le lendemain : devoir enfiler vêtements de course et chaussures trempées pour attaquer la deuxième étape qui nous a été annoncée comme étant la plus difficile.
J’aperçois Shirley qui vient de terminer le briefing. Je m’avance vers elle et lui fais part de mon état d’âme. Je lui dis même que j’ai envie d’abandonner ! Gentiment elle me rassure, me disant que ce serait dommage car passé les deux premières étapes, les autres sont plus faciles.
- " Fais ta nuit, et demain tu décideras quand tu seras reposée me dit-elle. Tu es bonne, tu peux le faire ".
Elle m'assure aussi qu’il n’y aura qu'une traversée d’eau et que j’aurai pied car l’eau, c’est vraiment ma hantise. Franchement Shirley est adorable mais je crois qu’elle n’a pas fait les parcours !!!!
Je m’engouffre dans mon duvet, la mort dans l’âme et j’attends que le sommeil me gagne. Il se fait un peu tarder. Plusieurs fois, j’entends des applaudissements. Ce sont les coureurs retardataires qui arrivent. Les derniers arrivèrent vers 22 heures. Je me suis dit que je n’étais pas la plus à plaindre, ni la plus mauvaise ! Et c’est ainsi que je me suis endormie bercée par le chant des animaux de la forêt.

2ème Étape de 28km avec un départ à 7h
Même rituel : Réveil dans le noir, préparation du sac, petit déjeuner et briefing avant le départ !
C’est l’agitation autour de moi qui me fait ouvrir l’œil. J’ai bien dormi et j’en suis toute étonnée. Pendant mon sommeil, les batteries se sont rechargées. Vraiment le corps est surprenant.
Je me mets debout et je m’active pour être bien à l’heure. Normal, mes chaussures et mes vêtements de course (legging et maillot EPA) sont trempés !
Je garde donc pour le dernier moment la contrainte de les enfiler. J’ai une bonne paire de chaussettes neuves et sèches dans mon sac, ce sera mon seul petit plaisir de départ !
Ca y est, le départ est donné. Quelques foulées sur la plage et la forêt nous engouffre déjà dans une montée.
Des montées abruptes, et des descentes qui font bien mal aux orteils. Souvent je descends en crabe pour les soulager. Notre ami Lucien, a lui aussi bien mal dans les descentes. A un moment, je me retrouve derrière lui. Il les descend sur les fesses pour économiser ses orteils. Je lui demande en riant s’il fait de la luge. !
A un moment, il y a une petite rivière dont le lit est creusé. Pas très profond mais suffisamment pour bien se mouiller. Un gros arbre est couché en travers et doit nous servir de passerelle sur 6/7 mètres. Un brésilien est là pour superviser les opérations. Il me propose de me soutenir en me prenant la main mais franchement je ne sens pas en mesure de traverser sans tomber même avec son aide. En plus la chute peut faire mal, car l’arbre est bien au dessus du niveau de l’eau. Et je n’ai pas de sac poubelle pour protéger mon sac !
Rapidement je sais que la seule façon pour moi de traverser, c’est de m’asseoir à califourchon sur l’arbre et d’avancer en me soulevant par la force des bras. C’est parti ! Mission réussie !
Comme annoncé, l’étape est très exigeante. Lors d’une longue montée, je rencontre Jen et Amy. Jen est assisse et Amy la ventile. Vraisemblablement, Jen ne va pas très bien. Dans un mauvais anglais, je demande si je peux être utile. Nous nous faisons des signes. Je comprends qu’elles gèrent et que je ne leur servirai à rien, aussi je continue mon chemin.
Le règne animal est toujours présent mais seuls leurs cris me le rappellent. Pour oublier la douleur de l’effort, je laisse vagabonder mon esprit et je pense aux personnes que j’aime. Je pense à ma fille Christèle, à qui j’essaie de transmettre cette force de guerrière qui m’anime. Comme j’aimerai partager ces aventures avec elle. Ces épreuves qui malmènent le corps mais qui le rendent, oh combien plus fort !
Le dépassement de soi ! Pour certaines personnes, ça doit paraitre fou mais moi, ça m’aide à prendre confiance en moi.
C’est déjà le début d’après midi. L’étape est très rude mais aujourd’hui, il semblerait qu’il y ait moins de traversées d’eau. A peine, ai-je fini cette constatation que je croise quelques jeunes brésiliens de l’organisation. Nous nous saluons d’un signe de tête. Quelques centaines de mètres plus loin, stupeur ! Une bonne quinzaine de mètres de rivière. J’entends des voix, sans voir les personnes. J’imagine un point de contrôle de l’autre côté. Personne à qui demander quelle est la hauteur de l’eau. Me rappelant que Shirley m’avait dit que j’aurai pied, j’y crois !
Le sac collé au dos, les mains accrochées à la corde, j’avance pas à pas jusqu’au moment ou je sens bien que le bas du sac est carrément dans l’eau. Un faux pas et je suis déséquilibrée par la lourdeur du sac qui m’emporte en arrière et mes pieds se décollent du sol. Je me retrouve en position comme si je faisais la planche ! C’est bien involontaire ! J’essaie de me remettre debout, arque boutée et crispée sans lâcher la corde, je vais même paniquer en appelant au secours. Mais je pressens que personne ne va m’entendre donc je m’applique à reprendre mes esprits et surtout me remettre en position bien debout. J’y arrive. Je continue ma progression, j’atteins le rivage ! Je suis sauvée !! Je ressors de l’eau. Mon sac ne pèse plus 10 kg mais une tonne ! Il s’est gorgé d’eau. Je pense à mes affaires mal protégées ! Encore une nuit qui s’annonce dans l’humidité ! Ca casse le mental ! Et l’appareil photo ? Je ne donne pas cher de sa peau !
Comme imaginé, quelques centaines de mètres plus loin, c’est le point de contrôle.
J’y retrouve les deux jeunes Belges qui m’avaient doublée. Quel plaisir de pouvoir parler la même langue ! Je leur raconte ma mésaventure. Ils ont bien entendu une voix, mais ils pensaient au contraire que c’était quelqu’un qui prenait plaisir dans l’eau.
Comme quoi, dès fois on pourrait mourir sous l’œil de son voisin qui ne comprend pas ce qui se passe !
Je m’hydrate bien et avant de repartir ; je demande combien de km il y a, avant le prochain CP : 6 km me dit-on.
Et c’est reparti, le parcours, toujours noyé dans cette même végétation étouffante est relativement facile. J’en profite pour trottiner un peu, malgré que les lanières du sac me lacèrent les épaules. Je vais mettre plus de deux heures avant le dernier CP.
Je pense que le kilométrage indiqué n’était pas bon ! A l’arrivée, avec Lucien, nous échangeons sur ce sujet. Il est bien d’accord avec moi pour dire que nous avons fait beaucoup plus !
Ce jour là, une petite pente rapide et nous arrivons dans un village plus imposant. Plusieurs familles vivent là dans des maisons en bois et paille. Pour nous, c’est même l’hôtel avec étoiles ! Nous pouvons installer nos hamacs sur une grande plateforme en bois, face à la mer, qui a un toit en paille. Il peut pleuvoir cette nuit, nous serons à l’ abri ! Et bien non, c’est sous un beau ciel étoilé et une grosse lune toute ronde que nos rêves vont germés …
Même rituel, baignade dans le fleuve, lavage (enfin rinçage !) des vêtements, inspection des pieds … Ce soir là, les premiers désagréments aux pieds apparaissent : quelques ampoules et les ongles des gros orteils sont touchés. Mais j’ai connu pire !
Quelques petites tiques se sont accrochées à mes jambes. Gary, un des médecins de l’équipe va s’occuper avec une pince à épiler à me débarrasser de ces intrus et soignera mes pieds.
Les enfants du village sont là, s’approchent de nous. Nous sommes une curiosité, je crois, à leurs yeux. Ils sont très gentils et ne quémandent pas. Pas grand-chose à leur offrir, juste prendre quelques MMS sur notre réserve de course. Même, un si petit cadeau les rend joyeux.
Comment ils ont l’air heureux, loin de notre civilisation moderne, qui nous happe et nous rend addictes de choses inutiles.

3ème Étape de 38km avec un départ à 6h 30
Le rituel est toujours le même, je vais donc faire court.
Que retenir de particulier de cette étape plus roulante ? Les quelques montées sont plus faciles, et les descentes aussi. Je peux courir un peu même si régulièrement il y a des obstacles : troncs d’arbres à escalader. Quelques traversées de rivières mais la particularité de l’étape, ce sera les marécages et les remontées de cours d’eau sur plusieurs centaines de mètres ! Et de la boue encore et encore !
Les derniers kilomètres se font sur les plages, le fleuve à gauche et des habitations à main droite. Les Indiens m’applaudissent, certains m’offrent de l’eau pour me rafraichir, ce qui me permet de ne pas relâcher mon effort malgré la température qui doit avoisiner les 40 degrés ! Je suis obligée de refroidir le moteur en me mouillant la tête souvent. Ce jour là, les traversées d’eau sont les bienvenues ! Et puis je commence à m’y habituer ! Le matin ; j’avais bien protégé mes affaires dans des petits sacs poubelles à l’intérieur du sac; l’appareil photo est HS, donc plus de craintes de ce côté-là ! Le seul regret, ne pouvoir immortaliser certaines vues, certaines scènes. C’est la première étape ou nous commençons à rencontrer les autochtones.
Pas très loin de l’arrivée, je me souviens d’une traversée ou j’aurai pu passer sur un grand pont en bois très haut perché qui sert aux villageois aux moments des crus. Je vois d’autres concurrents qui l’empruntent mais il manque quelques planches et il parait bancal. Il ne me m’inspire pas. Les femmes du village sont en train de laver le linge à la rivière. Il fait si chaud que la traversée me rafraichit. Au plus profond, l’eau m’arrive à la taille et mouille juste le bas du sac.
Quelques kilomètres encore et c’est l’arrivée de l’étape dans un village ….
Le rêve, les indiens nous ont installé des douches. Installation de fortune entre quatre tôles, mais oh combien rafraichissantes !
Un petit passage chez les docs pour les pieds. Ce sont surtout les ongles des gros orteils qui vont mal.

4ème Étape marathon avec un départ à 6h
Ce matin, je me sens bien sereine. Dès la première étape, je m'étais programmée pour le 135 km je crois ! Rien que de penser que l'étape 5 est annoncée pour 147 km , voir plus, je ne suis pas plus vaillante que ça ! Que les plus fous aillent ! Il y en aura 25 je crois !!! Pour ma part, je me suis débarrassée de la nourriture inutile. Histoire de gagner quelques grammes dans le sac pour cette 4me étape.
5,4,3,2,1 c'est parti !!
Là aussi un rituel, toujours commencer l'étape par une bonne montée. Comme ça tu es tout de suite dans l’ambiance. Cette étape marathon, se découpera en deux parties : une plutôt dénivelée avec deux ou trois grosses montées et passé la rivière, du plat ou presque.
A un moment, avant le 1e r CP, je me sentais bien en forme et je profitais d'un tronçon relativement plat pour courir un peu. Aucun danger en vue, juste un tronc d'arbre à escalader !
A un mètre du tronc, mon pied gauche se prend dans une racine et c'est parti pour une belle chute ! C'est tellement inattendu que j'y vais de bon cœur !! La tête en avant, mon nez s'écrase contre lui !
Là j'entends franchement un craquement! Je me relève un peu sonnée et j'imagine que je viens de me casser le nez. Une vision très fugitive me
traverse : Philippe de l’EPA, que j'ai vu sur Facebook quelques jours auparavant, avec le visage bien écorché suite à une belle chute ! Bienvenu au club !
Je me masse un peu et finalement pas de douleur particulière ! J'ai juste l'impression que la peau est un peu égratignée et un bon hématome. Le craquement, j'imagine que c'est l'arbre qui a émis ce bruit et en fait mon nez était plus solide que lui et surtout moins vieux !
C’est quand même trop bête de tomber à un endroit qui ne présente aucun
danger !
Quelques petites traversées mais c'est surtout celle du milieu de course qui me laisse le plus de souvenirs ! En effet j'arrive au CP, main dans la main avec un petit garçon indien, qui a fait un petit kilomètre avec moi. Oui, le fleuve est bien aussi large que Shirley l'avait annoncé ! Un bon 200 mètres avec un peu de courant. Une corde bien sûr me permettra de m’y accrocher mais malgré tout je ne suis pas rassurée ! Charlotte, une anglaise qui fait partie de l’organisation, qui connaît désormais mes appréhensions de l'eau me fait comprendre qu'elle va m'accompagner. Elle enfile son maillot de bain et m'explique comment attacher mon sac à la corde et c'est parti. J'avance par la force des bras en poussant en même temps mon sac et avec les jambes, je fais les mouvements de la brasse. J'avance bien ! A mi chemin, un pompier est aussi à mes côtés et me parle pour me mettre en confiance. Il me parle de Charles de Gaulle. Je rigole et lui dis " non François Hollande!!».
Quand on ne sait parler que le français, ça limite drôlement les échanges ! Nous rions tous ensemble et c'est ainsi que j'atteins l'autre rive presque décontractée! Alex le photographe est là, il est même impressionné. Plus tard il dira à Widy " your wife is strong! " .
Je vais aborder la partie plate de l’étape, pourtant cette partie je vais la trouver bien longue. En effet mon repas du jour " le taboulé' ne m'inspire pas. Au cours de la traversée, les amandes et le gingembre confit qui devait constituer mes encas ont pris l’eau. C'est quand même eux qui me conduiront péniblement sur la ligne d'arrivée car je n'arrive à avaler rien d’autre. J'arrive peu avant la tombée de la nuit. Ce soir là, à l'arrivée comme à la 2 ième étape, un jus de fruit frais confectionné par les indiens nous est offert. Hum ! Excellent ! Une douche aussi est installée ! Trop bien.

Lucien a opté lui aussi pour les quatre étapes Ensemble, nous allons donc nous restaurer. Les femmes du village ont préparé du riz, haricots, tapioca, poulet, poisson comme les premiers jours à Ituapama. Oh le choix est limité, mais ce sont des aliments sains et ayant mangé quatre jours que des repas lyophilisés, franchement ce n’est que du bonheur. Nous ferons même un petit km à pied pour trouver une bouteille de coca à acheter. Nous le consommons sur place, pour éviter toute ambigüité car Widy est toujours au régime lyophilisé et eau. Toute incartade lui vaudrait une pénalité puisque le règlement l’interdit bien sûr.

5ème Étape longue avec un départ à 4h
L’étape initialement prévue à 147 km (il se disait même 160) a finalement été ramenée à 120 km selon un plan B. Mais même 120, c’est déjà beaucoup et vous pouvez tous comprendre qu’avec des températures à 40° et une hydrométrie de 99% , que mon choix était très sage et raisonnable.
Pourtant au moment où j’écris, j’ai quelques regrets car c’est vraiment à cette étape là que se manifestent toutes les émotions ! Se dépasser, se surpasser, survivre ! Quelle joie de franchir la ligne d’arrivée même si le corps est cassé, malmené.
Sur les quatre étapes que j’ai faites, je suis restée dans les limites de mon corps et je n’ai pas ressenti ce dépassement.
Le choix d’arrêter, était beaucoup motivé par les nombreuses traversées de rivière. Vraiment pour moi, c’était ma « bête noire ». Pas spécialement la peur de l’eau, car les traversées sont bien sécurisées et je m’y étais habituée. Mais n’étant pas équipée de sacs étanches, j’avais peur d’arriver le soir avec mes affaires trempées. C’est mon côté matériel qui ressort !
Le départ se fait à 4 H du matin. Je suis debout pour y assister.
Shirley adore surprendre ! C’est donc dans le noir et par une traversée dans l’eau, que les 25 courageux concurrents commenceront l’étape.
Le groupe qui ne prend pas le départ, est acheminé en bateau sur le village d’arrivée de la longue étape. Là, nous passerons deux jours de rêves sur une belle plage en attendant les premières arrivées. C’est Widy et Régis un brésilien qui arriveront presque main dans la main, vers minuit. Widy avait du temps d’avance pour garder la première place, alors il a bien géré sa course et du coup il est arrivé presque frais comme un gardon !
Pourtant quand il arrive, il me raconte qu’il y a un passage difficile et dangereux même sur plusieurs kms.
- Une rivière encombrée d’arbres couchés à remonter : des arbres au fond de l’eau, au niveau ou au dessus de l’eau. Tu dois toujours te faufiler dessus, dessous, tes jambes s’enfoncent dans l’eau sur un lit de feuilles mortes jusqu’à la taille. Pas question de passer sur les bords, c’est impossible, la végétation est trop dense. Et ne surtout pas penser car on peut imaginer que c'est le refuge de beaucoup de bêtes qu' il vaut mieux voir en photos qu'en réel !
Moi-même j’ai mis plus de 2 heures avant de sortir de là et c’était de jour !
Ah oui ! Tous vont abandonner ! me dit-il.
Pourtant tous franchiront la ligne d’arrivée ! Les derniers, les japonais arriveront après 60 heures de galères, deux heures avant le départ de la dernière étape. Mais tous arrivent, transcendés, avec le sourire même ! Ou des pleurs ! Mais des pleurs de satisfaction, de joie ! Le bonheur d’avoir survécu ! Beaucoup se souviendront du brésilien Elcio qui se met à pleurer, comme un enfant, à gros sanglots.
Avec Lucien et Widy , nous nous interrogeons sur les motivations des participants . Viennent-ils exorciser leur corps ? Ont-ils des choses à se faire pardonner et de ce fait ils s’imposent des tortures pour se punir ??
Non, tout juste se dépasser, sortir de la vie quotidienne qui nous happe et nous fait oublier notre nature humaine.
Vivre une aventure, à grandeur réelle : le Jungle marathon, une course d'extrême !.

6ème Étape : 15 km – départ à 9 heures
Pour le fun, puisque ça ne compte pas dans le classement du 135 km, tous les concurrents, quelques bénévoles de l’équipe médicale, nous prenons le départ.
Pour une fois, je sens à peine le poids de mon sac à dos car il ne contient plus que le hamac, le sac de couchage et la réserve d’eau.
C’est un parcours sur une huitaine de km de piste et le reste de plage, sous une température bien élevée, avec une traversée de fleuve de plus de 200 m identique à celle de la quatrième étape.
Juste quelques petites crampes en plein milieu de la traversée, viendront me perturber sans doute dues au changement de température.
Ce sera la seule étape où je vais pouvoir trottiner tranquillement et non marcher mais qui me prendra quand même plus de deux heures !
Enfin le jungle marathon ne reste qu’une aventure !

Vous pouvez retrouver les aventures de Jackye sur son site :

Courir pour un dépassement et une découverte de soi : ICI


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29 septembre 2014 1 29 /09 /septembre /2014 21:17

PIERRE-1.jpgArrivée jeudi 21 août à Grenoble avec Didier et William, excellent chauffeur qui avait déjà l'habitude de conduire des hautes personnalités. Sur une aire d'autoroute j'ai rencontré mon fournisseur de vin de Chinon qui a 3 caisses qui m'attendent chez lui. Ce petit périple s'annonce sous les meilleures auspices.

A Grenoble, on retrouve Cédric, Nico, Pascal et Baptiste le fils de Didier qui nous suivra pendant la course avant de rejoindre les bénévoles de l'UTMB. Nous sommes arrivés juste pour le briefing. On voit tout de suite la différence avec les ultras plus célèbres, l'assemblée est plus restreinte. Malgré tout, la remise des dossards est longue, nos sacs sont vérifiés en détail pour tout le matériel obligatoire. Le temps devrait être clément, le pantalon et les gants imperméables ne sont plus exigés. On rentre à l'appart, préparer les 2 sacs de base de vie, avant de revenir les déposer.photo 1-copie-1

Soirée pâtes et potes à l'appart; ça ronfle et ça sent l'homme au petit matin. Chacun ses habitudes alimentaires au petit déj avant la course, mais la grosse brioche apportée par William est bienvenue.

Départ à 8h. A 8h-5 je m'aperçois que j'ai oublié ma casquette à l'appart. William me la ramènera au ravito du 20è km. On part quelques km tranquilles dans les rues de Grenoble; je suis avec Didier et Cédric est déjà devant. Très rapidement Didier disparait, surement derrière et c'est parti en solitaire.

La 1ère partie dans le Vercors est assez facile et roulante. Au 20è je retrouve William qui me donne ma casquette et je lui donne un bâton que j'ai cassé vers le 10è. Je continuerai la course avec un seul bâton mais cela ne mUt4M-2014-B_Audige-207.jpg'a pas gêné. Cédric est reparti depuis 3 mn, me dit William; je pense que j'ai du partir un peu trop vite. 

Au ravito de Vif (46è km) je me sens en pleine forme. Baptiste est là. Je le retrouve au lac Poursoulet  (78è), il m'apprend que Didier et Pascal sont ensemble à 1h derrière environ. J'ai encore cette impression d'être parti trop vite. Et les ennuis commencent à 4km de la base de vie, La Salignière (km 87). Là une descente de 4km avec un dénivelé de 1300m; 30% en moyenne ! Je ne suis vraiment pas un bon descendeur, encore moins sur ce type de descente technique et de plus en pleine nuit. Beaucoup me doublent et j'arrive très fatigué. Plat chaud ! Ben ... des nouilles tiédasses, pour le reste toujours la même chose, jambon, saucisson pour le salé. Je commence à rêver d'un boeuf Ut4M-2014-B_Audige-208.jpgcarottes accompagné d'une bonne bière.. Je reste 3/4 heure, repars tout propre mais pas assez ravitaillé. 8 km de montée avec 2100m de dénivelé+. Dur !!!  Surtout la fin; à 1km du ravito à Croix de Chamrousse, il y a un épais brouillard, on ne voit pas à 5m. Je retrouve des coureurs aussi perdus que moi ; on ne voit pas les balises, le chemin est mal tracé. On finit par tomber sur un bénévole parti à la recherche de coureurs égarés et qui nous accompagne jusqu'à la station.  5 heures pour faire ces 8,7km ! Je reprends des forces, ingurgite tout ce qui me tombe sous la main. Une dame me dit qu'on ne peut pas repartir avec ce brouillard et d'attendre un peu. "Mais pas de problème !" Je préviens Marylène et je m'allonge sur une banquette et prends 3 heures de sommeil ! Je repars alors avec deux camarades toujours dans un épais brouillard, mais l'un d'eux est du coin et connait très bien le chemin et on arrive au Pra vers 10h du matin. En arrUt4mVercors1-700x500.pngivant à Freydières (km 112) vers midi, je consulte ma messagerie (merci Benoit pour tous tes SMS) et vois les messages de Kiki qui se demande ce que je fais à Chamrousse depuis 5h du mat ! Le pointage du Pra n'a pas été signalé sur Internet. Je rassure d'abord Marylène avant d'appeler Coach Kiki. J'ai du mal à le couper, il veut tout savoir. Quel grand bavard celui-là, mais ça me fait très plaisir de l'entendre et de sentir son intérêt. Il m'apprend que Nico a du abandonner. Dommage j'aurais bien aimé fêter une bonne place de sa part à mon arrivée. Dans l'après midi, je finis par arriver à St Nazaire (km 126) où je retrouve Baptiste qui me donne des nouvelles de Didier et Pascal. Ils restent ensemble. Je me dis que c'est bien pour Pascal , néophyte sur cette distance, d'être accompagné d'un "vieux briscard".  Un peu jaloux aussi, j'aurais bien aimé courir avec Didier, même à supporter ses blagues carambar toute la course. J'ai Cédric au téléphone, il a bien récupéré UT4M_TV_327.jpgà St Nazaire après un coup de mou. Il est au moins 4h devant. Je pars avec des vêtements tout propres. La nuit tombe et il reste encore 42 km de montées, descentes, de ravitos avec un accueil toujours sympa des bénévoles mais trop uniformes sur l'alimentation. Sauf au Sapey (km 149) où une bénévole a fait un gâteau aux mirabelles, délicieux ! En plus devant un feu de cheminée. L'endroit nous a tous marqués, tous les copains s'en rappelaient le lendemain. Ma lampe frontale a commencé à dysfonctionner, heureusement j'ai la 2ème, prêtée par Coach adjoint Phiphi. Et elle éclaire 3 fois mieux que la mienne ! Du col de Vence (157) dernier ravito, j'entame la longue descente jusqu'à Grenoble, doublant quelques coureurs fatigués et en étant doublé par quelques coureurs du 90. Les 3 derniers km dans Grenoble désert, le long de l'Isère, sont longs.. Pas un chat.. Jusqu'à l'arrivée à 6h15 le dimanche devant 3 personnes en toute confidentialité. Je garde mon plaisir au fond de moi, mais je pense à l'arrivée de mes copains à l'UTMB devant un public enthousiaste et une animation d'enfer.

Je prends mon tee-shirt finisher, (la dame me donnera le finisher 90 au lieu de 160 mais Cédric m'en a récupéré un le lendemain, qu'il m'apportera à mon retour en octobre) et je rentre à pied à l'appart en 1/4 heure tranquille. William est là, il m'apprend qu'il a abandonné sur le 90. Une bonne douche, au lit à 8h.. 8h07, le téléphone ! C'est Kiki ! Il ne comprend pas que je sois déjà couché et me conseille de faire un peu de récup en trottinant un peu. Il peut se reconvertir dans le comique en attendant de récupérer ses genoux celui-là. Pas le temps de se rendormir, Baptiste arrive avec Didier et Pascal, tous deux finishers moins de deux heures après moi. Bon on prend plutôt le petit déj au lieu de dormir et on se raconte nos exploits. Puis une bonne bière (sans boeuf carottes) avant midi et on repart de Grenoble, William en forme a bien récupéré de son indisposition intestinale de la veille. Il conduit une bonne partie, puis Didier. J'en profite pour gagner 2-3 heures de sommeil. Arrivée à Poitiers vers 20h30... Et départ le lendemain à 13h pour Roissy puis l'avion . Arrivée à Mayotte à midi le mardi et 1ere réunion au lycée dès 14h.

Après la 6000D en juillet et avec le Bourbon fin octobre, je sens que ma préparation va être optimale pour l'objectif de la saison ,la course des Pères Noël à St Benoit en décembre (Avec JP bien sur).

Je remercie tous ceux qui m'ont soutenu sur FaceBook, par SMS, au tel ...  Baptiste et William rencontrés au bord des chemins.. Une mention très particulière pour Benoit qui m'a envoyé plusieurs SMS d'encouragement le samedi jusqu'au dimanche matin alors qu'il était au mariage de son cousin; au fur et à mesure de ses SMS, il me semblait que je pouvais mesurer son taux d'alcoolémie croissant, inversement proportionnel à ma vitesse sur le parcours !

10645047_10203906284328840_7783622769328929274_n.jpg

UT4M_TV_334.jpg

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22 septembre 2014 1 22 /09 /septembre /2014 21:24

Alain.jpgSur cet UTMB mon objectif était de faire une belle course, régulière et de ne pas craquer ou de craquer le plus tard et le moins fort possible.

J’ai fait une bonne saison, je connais cette course pour l’avoir finie en 2011 et avoir fait deux fois le parcours en reco. Je pense qu’en partant sur mon niveau d’endurance et en tenant jusqu’au bout je peux m’approcher des 30h00 voir un peu moins (29h59 je prends).

Pour ça il faut faire la course quasi parfaite, ne pas se blesser, ne pas avoir de problèmes, ne pas être malade, avoir la bonne météo, etc… Avant le départ j’estime que j’ai 5% de chance de le faire. Ça veut dire aussi que je pense avoir le potentiel pour le faire, c’est peut être présomptueux. J’ai passé 5 ans à faire du marathon en pensant avoir le potentiel pour faire moins de 3h00 et je ne l’ai jamais fait…

Ensuite c’est assez clair dans ma tête, si je rencontre des soucis gastriques ou physiques, mon objectif sera de finir. SAM 0583(1)

Si tout va bien de ce côté-là ça va dépendre combien de temps je tiens un bon rythme, si je craque à Courmayeur (80km) je ferai plus de 40h00, si je craque (comme en 2011) vers Champeix (120km) ce sera 35h00, si je ne craque pas (ou très peu) je m’approche des 30h00 mon rêve d’ultra traileur.

Chamonix le 29 aout à 17h30, place du triangle de l’amitié, c’est parti :

Départ prudent, au cardio pour ne pas me mettre dans le rouge. 

Je vais me faire doubler pendant 3h00 de course, je reste dans ma bulle je ne m’occupe pas des autres.
Il pleut fort et on est trempé complétement, les chemins sont gras, on laisse du jus. Ma priorité est de ne pas tomber, surtout dans la première descente très glissante.

Pas grand-chose à signaler sur cette première partie de course jusqu’au pied du col du bonhomme, première grosse difficulté, où j’arrive vers 22h30 après 5h00 de course, il fait nuit depuis 2h00. 

Je ne suis pas le seul à prendre l’eau, ma lampe frontale fait des flashs et se coupe. Je change la batterie, pas mieux…. Ok c’est mort l’électronique a pris l’eau.

Ma lampe de secours est minimaliste, les piles datent de 2 ans et ont bien servi une nuit en Corse (Vaco je t’embrasse). Les piles de rechange sont dans le sac mais il me faut une pièce de 2 euros (que je n’ai pas) pour ouvrir la lampe et …. Je n’ai plus de lampe pour le faire.

Pour un psychopathe du matériel je suis très mauvais sur ce coup, mon UTMB aurait pu s’arrêter là, qulampe.jpgel con. 

Bon je fais quoi? J’abandonne? Je continue? Un vieux souvenir de 2011 revient à moi. Petzl, qui est partenaire, de la course doit avoir un stand du côté des Chapieux, après le col du bonhomme. Ils fournissent des piles, il doit bien y avoir une lampe pour moi, au pire je trouverai quelqu’un pour m’en prêter une, les copains peut être?

Avec ma lampe qui éclaire à peine mes pieds je continue. Je pense que la montée ne sera pas un problème, Il y aura du monde pour m’éclairer, on est en mode marche ça devrait le faire, pour la descente par contre… On verra là haut, j’avance.

Effectivement monter n’est pas un problème par contre la descente c’est chaud, j’ai pris des risques j’ai perdu du temps, des places aussi mais c’est passé. Il doit y avoir un bon dieu pour les traileurs, même pour les plus imprudents.

Je découvre la vitesse lumière en trail, enfin plus exactement la vitesse proportionnelle à la lumière… Mais aussi un truc formidable, sans frontale la nuit on voit les étoiles dans le ciel et ça, c’est magique.

J’arrive aux Chapieux, je tombe sur Jacky et Vero, trop content de les voir. En face d’eux le stand Petzl, je plaide ma cause auprès de la responsable. On fait un sport formidable avec des gens formidables, elle me prête une lampe NAO et m’écrit sur un bout de papier ses coordonnées pour renvoyer la lampe! Je lui fais 4 bises, je l’adore Marie, merci à elle et à Petzl une marque Française qui fait des lampes fiables… Petzl et Marie ont sauvé ma course.

1h40 du matin, j’ai un phare de voiture sur la tête, je suis toujours en course et ça c’est bon.

Avec tout ça j’ai négligé mon hydratation et je sens que ça ne passe pas trop, je monte le col de la Seigne tranquille et au lac Combal je prends une grande soupe (sans le vermicelle != gluten) et deux cocas. Et ça passe, ça débloque le ventre, un gros pipi bien clair (désolé) me confirme que le circuit fonctionne à nouveau. L’essence arrive au moteur.

A partir de là je suis très bien, j’enchaine le mont Favre, le col Chécrouit puis la descente sur Courmayeur qui se fait avec 3 espagnols, on descend très fort, je retrouve des sensations en descente après une année compliquée avec ma cheville gauche.

courmayeurJ’arrive à la base de vie de Courmayeur à 6h30 après 13h00 de course, le jour se lève sur l’Italie et le ciel est dégagé. Je suis toujours impressionné par l’organisation, 2500 sacs d’assistances à gérer et on a son sac en main alors qu’on court encore. Et puis 2570 (mon numéro de dossard) prononcé par une belle Italienne c’est chantant, celle langue est belle.

Ravito express au programme, se laver les pieds, mettre de la crème anti frottement, changer de chaussettes, refaire le sac, se changer, remplir les bidons. 15mn en tout, les pieds sont nickels.

La grosse montée sur le refuge Bertone se passe bien et en haut une surprise m’attend. Je tombe au ravito sur Vincent Delebarre, il vient de dormir au refuge, fatigué. Alors ok ce n’est plus le même Delebarre que celui qui a gagné l’UTMB, la diagonale des fous ou les templiers, mais quand même le croiser en course c’est un grand moment. On discute, j’ai fait un stage avec lui je le connais un peu. C’est un grand monsieur de notre sport, toujours un mot, une attention pour les autres. J’ai croisé une légende à 2000m de l’autre côté du mont blanc.

J’adore ce chemin, Bertone, Bonatti, Arnuva, il fait beau, on court en face des glaciers et la montagne est belle. 9h00 du matin au refuge Bonatti (le plus beau des Alpes), je m’accorde une minute pour boire mon coca devant les grandes Jorasses, un des plus beaux paysages du massif. Tous les voyants sont au vert.

J’arrive au 100ème km en haut du grand col Ferret, toujours du vent et du brouillard ici. J’ai été moins facile qu’auparavant dans la montée, 11h00 du matin et 17h00 de course.

Je vais maintenant aborder une partie que je redoute, plus de 20 km de descente, de plat, de relances jusqu’à Praz de Fort, ensuite il faut enchainer deux montées, Champeix et Bovine la terrible. Les UTMBs se jouent souvent là, pour la gagne devant (cette année encore François d’Ahéne fera la différence ici), pour rester dans les barrières horaires derrière. C’est aussi ici que ça abandonne le plus, la descente, les chocs, la fatigue, les ampoules, les tendinites, le mental.

J’ai de bonnes jambes, je descends bien, souple. J’enchaine bien sur le plat vers la Fouly avec un jeune Allemand on avance bien, je double pas mal de concurrents depuis ce matin. En arrivant à la Fouly je ne connais pas mon classement mais je me doute que je suis bien placé car dans la grande tente du ravito il doit y avoir 20 bénévoles et… 3 coureurs.

Je déteste la portion La Fouly – Praz de Fort, c’est moche, c’est plat, c’est dur. Mais je cours encore et c’est la bonne nouvelle. La montée sur Champeix est plus dure, je pioche un peu la fatigue est présente, un peu de lassitude et le sommeil qui s’invite au programme. Le risque de craquage est là.

C’est le moment de faire le point et des choix. Je connais les temps de passages,champex.jpg sans baisser trop de rythme je suis sur une base de moins de 30h00, j’ai même presque une heure d’avance sur un 30h00. Ça devient tactique, soit je continue et je sais que je vais avoir de plus en plus de mal à tenir le rythme, soit je fais une vraie pause à Champeix, une sieste et peut être que je peux repartir « tout neuf » ou presque…

A Champeix je retrouve ma famille, ils vont m’assurer l’assistance sur 3 des 4 derniers ravitos.

Je suis un peu cramé et je décide d’aller dormir 20mn, dans le dortoir de Champeix une cinquantaine de matelas posé au sol, je suis le seul à faire dodo, j’ai une chambre perso, nickel. 

Jusqu’ici, à part mon problème de lampe, je fais une très bonne course. Je peux encore réaliser moins de 30h00. Mais il reste 45km, 3 cols, 9h00 d’efforts, je sais que la fin du parcours est terrible et qu’à tout moment je peux sauter. C’est le jeu ma pauvre Lucette.

Après 20mn de sieste, je me ravitaille mais je n’y suis plus dans la tête. Je suis sorti de ma course. J’ai plus envie d’y retourner, pas envie d’avoir mal et je parle d’en rester là. D’abandonner. Ma femme et mes enfants sont ravis, je les saoule avec l’UTMB depuis un an, tout va bien pour moi, je suis bien placé, pas blessé, encore sur un gros objectif et je fais ma princesse et ma pleureuse, petit mental.

Ils vont trouver les mots pour que j’y retourne, chacun leur tour de façon différente mais de façon efficace. Je les remercie, je leur dois cette course, sans eux j’arrêtais bêtement à Champeix.

Je quitte mes habits de princesse (la robe ça me boudine un peu) et je repars, mais j’ai perdu 25mn en plus des 20mn de sieste, 45mn en tout. En quittant Champeix je n’ai plus de joker pour faire moins de 30h00, si je craque c’est fini pour le chrono de rêve.

Je passe bien la montée de Bovine, la sieste m’a fait du bien et surtout après avoir fait la bascule je descends très bien et ça c’est important pour la fin de course. La descente est longue sur Trient, je suis bien le moral est bon, à fond sur mon objectif de 30h00, j’ai de grosses jambes.

ds DSC04626Je retrouve la famille à Trient, ravito express et c’est reparti pour l’avant dernière montée, c’est dur, je m’accroche. La descente est dure aussi je suis moins facile et j’ai du mal à relancer. Mais je me force, j’ai craqué mentalement à Champeix je n’ai plus le droit de lâcher l’affaire. Faire moins de 30h00 ça va peut-être se jouer à 2-3mn ou 30 secondes, je dois avancer, ne pas avoir de regrets, ne pas perdre une seule minute, tout donner jusqu’au bout.

J’arrive à Vallorcine, c’est encore jouable mais je suis bien entamé. Il va falloir gérer mes efforts, surtout ne pas m’effondrer.

Direction le col des Montet. Je marche pour gérer car la suite, l’enchainement tête au vent – Flégère, sera terrible. Au col je trouve Cédric qui est signaleur, son énergie et sa joie son communicative et ça me fait du bien (on avait pris rdv et je ne suis pas en retard), comme les appels reçus de Kiki et Guillaume un peu plus tôt, comme tous les textos que je reçois. Merci tout le monde !

C’est la dernière bosse devant moi mais je me souviens, qu’ici même l’an dernier, le 7éme de l’UTMB (qui ne doit pas être un charlot) a abandonné à 15 km du but, plus de force. Rien n’est gagné. Je rallume la lampe, je n’ai plus qu’un seul but arriver à la Flégère avant 22h30, ensuite il reste la descente sur Chamonix que j’estime à 1h00. Arriver à Chamonix avant 23h30 pour faire le 30h00.

Je souffre dans le col, c’est interminable, en haut c’est le brouillard. La Nao (la lampe de Petzl) est automatique et pas du tout efficace dans le brouillard (mais au prix que je l’ai payée… je ne dis rien), elle éclaire à fond, je ne vois rien. J’ai un mur de lumière deux mètres devant moi. C’est comme rouler en plein phares avec sa voiture dans le brouillard. La galère.

Le chemin n’est pas marqué, que des blocs de pierres, je ne vois pas les balises et mon rêve de 30h00 s’éloigne. Mais je continue à avancer malgré tout. Parfois je suis les traces des pas laissés par les chaussures humides des concurrents qui me précèdent. Je suis seul, c’est looooonnnngggggg !

Je pointe à la tête au vent sans conviction, c’est mort pour les 30h00, je ne reconnais même pas le chemin que j’ai fait plusieurs fois mais j’essaye de tenir malgré tout, comme on dit en Corrèze : on comptera les bouses à la fin de la foire.

Et puis dans le brouillard je finis par distinguer une lumière au loin, j’entends du bruit, des encouragements, les cloches, c’est la Flégère. Je regarde ma montre, c’est peut-être encore jouable. Je relance, je remonte la piste de ski en donnant tout, ce sont les derniers mètres de d+, après je range les bâtons et je fais la descente de ma vie.

Au ravito je remplis à peine un bidon et je demande aux bénévoles si c’est jouable de descendre en 1h00 ? On me dit oui… Si je descends bien. Il y a 30 minutes j’étais au fond du trou, en échec, persuadé de ne pas y arriver et là je ne doute pas une seule seconde que je vais le faire, c’est marrant le mental sur un organisme fatigué.

Je suis dans un état second, je débranche le cerveau et j’engage comme un fou, il va falloir aller chercher le chrono. Je double de suite 2 concurrents sur la piste de ski et ensuite le chemin emprunte un petit sentier bien technique, racines, pierres, épingles, relances
.
J’y crois vraiment, je descends très bien, vite. Je ne calcule même pas le risque, je n’ai qu’une seule idée en tête, qu’un seul but les 30h00. Finir l’UTMB je l’ai déjà fait, sinon j’aurais peut-être assuré, je n’ai même pas pensé à la chute, depuis Champeix (8h00 de course) j’avance pour cet objectif de 30h00, j’y suis presque, je le tiens, je donne tout.

Mais encore une fois le matos me lâche. La Nao fait deux flashs, puis zouuuuu. Presque plus rien, batterie vide. P…. de M…. de lampe à la C… !!!! Les 30h00 ne veulent pas de moi, j’ai du offenser les dieux du trail.

Il ne me reste plus beaucoup de neurones en état de marche (je peux même dire que je n’ai plus la lumière à tous les étages…), je dois faire un effort de concentration pour me remobiliser et trouver de quoi changer les piles. Car ce matin quand on m’a prêté la lampe on m’a dit qu’elle fonctionnait aussi avec des piles normales. J’ai donc téléphoné à mon fils Antoine (mon assistant de choc, merci Antoine) pour qu’il regarde tout ça sur le net et trouve des piles, il me les a mis dans une poche à Vallorcine, il m’a même expliqué comment on ouvrait le boitier (j’ai rien écouté mais chut il ne faut pas le dire). Ça tient à quoi une course parfois?

Me voici à genoux dans le chemin en train d’opérer une Nao, ça s’ouvre comment ce truc ?

J’ai trouvé, je remonte le tout, j’appuie sur le bouton …. Rien. Haaaaaaa ! Un grand cri dans la nuit ça fait du bien.

Un concurrent Australien que j’ai doublé à fond il y a quelques minutes arrive sur moi, il croit certainement que je viens de me fracasser dans la descente, un dialogue surréaliste s’engage :
-I’ts ok ?
-ouai ouai I’ts ok.
Je farfouille mes piles dans le boitier, il ne doit pas tout comprendre.
-I’ts ok ???
-OUAI IT’S OK !! (Casses toi ou je t’en colle une, je te braque ta lampe et je finis en héros à Cham !!!).

Pardon à ce concurrent pour mon manque d’esprit trail en ce moment délicat.

Je recommence, une pile n’est pas dans le bon sens. Le bouton, clic, lumière !! Ça marche !! Yes !!

C’est reparti, à fond. Je redouble l’Australien : - It’s ok !!!!

C’est loin Chamonix, je suis en nage, à bloc. Je passe le chalet de la Flora, bonne noChamonix-nuit.jpguvelle. Après le chemin est plus propre. Courir vite, les fondamentaux, je tire sur les bras, place le bassin, c’est comme un 800 sur piste mais ça fait plus que 800, beaucoup plus. 

On ne voit pas Chamonix donc je ne sais pas où je suis. Je rêve de bitume, la ville vite. Moi qui fuis toujours le bitume je rêve d’une route. Même avec des voitures, même diesel, je n’en peux plus de la montagne !

Au fond de la piste là-bas des lumières, Chamonix est là. Je relance encore, je touche la route, une fois à gauche puis à droite, le pont, la halle des sports ok je connais bien il me reste maxi un kilomètre, je regarde ma montre 23h15.

C’est gagné, il ne peut plus rien m’arriver. C’est juste bon. Je profite, il y a encore du monde dans la ville.

Je pense à ma saison 2013, 3 ultras 3 échecs, le doute, la tentation de renoncer de tout arrêter.

Je retrouve ma famille, je passe la ligne avec eux, je suis parti 29h50 plus tôt.

Je n’ai pas fait la course parfaite, mais je l’aime bien cette course et je vais la garder longtemps au fond de moi.

Pour moi une course d’ultra c’est comme un concentré de vie. Un film de vie qu’y défile en accéléré. On pleure on rit, y a de la joie et de la tristesse, on est euphorique puis désespéré, on a mal et on a plus mal, bref on passe par tous les stades. Un vrai morceau de vie avec de l’émotion dedans.
Et même si on finit fatigué, on finit toujours plus vivant qu’au départ.

Quand en plus, on atteint son rêve et que c’est partagé en famille et réussi grâce à eux, c’est un sentiment de satisfaction énorme qu’il est difficile de faire partager.

Reste des chiffres qui ne mesurent pas tout : SAM_0621.jpg

Dossard 2570.
Temps de course 29h50
105 éme scratch
96 éme homme
30 ème V1
32 ème Français
5 ème V1 Français

« Si tout est moyen
Si la vie est un film de rien
Ce passage là était vraiment bien
Ce passage là était bien »

Alain Souchon

 

 

CHAM00001 (4)

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20 septembre 2014 6 20 /09 /septembre /2014 12:52

UT4M TV 314Janvier 2014  ; nous sommes des milliers à attendre par SMS le résultat du tirage au sort de l'UTMB !
Avec un coeff supplémentaire, je suis persuadé d'être pris ! Grosse désillusion!!!
Alors mon choix se dirige  vers L'UT4M à Grenoble pour sa deuxième édition , car comme nous tous j'avais entendu de bons retours de la première édition ; Alors je me lance !
Grenoble est entouré de quatre massifs; Le Vercors, le Tailleferre, Belledonne et les Chartreuses; Voilà notre terrain de jeu !
Pour le week end : Au total 168 km et plus de 10 000 de Dénivelle  positif
L'organisation a eu le bon goût de nous rajouter 3 km, suite à une interdiction préfectorale
Au brief  ; Certains en rigolent  "Bah 3 km de plus ou de moins à ce niveau on compte plus " ; Et bien ces 3 petits km je mettrai plus d'une heure pour les parcourirphoto-1-copie-1.JPG

Départ huit heures :  Avec les copains on s'embrasse, tout va bien, 5km de bitume et nous voilà rapidement sur un sentier en direction du Vercors.
Premier massif, Vercors, 41 km avec 2570mD+
L'ascension se passe bien ; Je suis confiant, j'ai fait une bonne prépa; Rapidement nous passons à côté de l'ancien tremplin des J O de 1968; Droit dans la pente , tout en escalier, La montée est raide !
Au sommet notre effort est récompensé par une vue magnifique sur le Mont Blanc, mais pas le temps de prendre une photo ; D'abord la course, le chrono, le classement....134 eme ! Puis arrive une terrible descente 1500 D- ; Pentue glissante caillouteuse, casse cheville ; Surtout ne pas relâcher la concentration!
Direction"Vif"  ; Passage du premier massif en avance d'une heure sur mes pronostics ; Pas grave, je suis bien, je profite !

Arrêt furtif au ravito, 5 mn pour engloutir fromage, saucisson, tucs, bonbons haribos... Du coca pour faire passer le tout
Je profite d'avoir un bon estomac pour faire un peu n'importe quoi ! Baptiste me donne des news ; 

Tous les copains sont en courses et  on espère tous 100% de finishers ; Pour nous, pour kiki et ses plans d'entraînements, pour le club  !!!

Deuxième  massif , Taillefer ,  43 km pour 2700mD+
UT4M-TAILLER.jpegJe quitte le ravito ;  Un grand merci aux bénévoles ultra sympas et je me prépare pour affronter le Taillefer,  2 eme massif 43 km pour 2700 sur le profil c'est du lourd !  Direction le pas de la vache; Point culminant à 2450 m
Les montées sont raides, mais  souvent en sous bois, ce qui est vraiment dommage car nos efforts ne sont pas  récompensés par la beauté des paysages ; Grosse descente de 1330 en 5 km , bien raide et rocailleuse !
La descente laisse quelques traces de fatigue , mes orteils souffrent un peu. J'ai du mal à obtenir un bon serrage  car la nouvelle version de la xodus ne me convient pas., mais je dois attendre la deuxième base vie pour pouvoir changer.
Je me suis fais plaisir sur cette portion,quelques places de gagnées ! 

Première base vie au 90 eme et toujours en avance sur mes temps. Encore une heure de gagnée et je me sens bien ! À la vue de ma 82 eme places Je me mets à espérer une bonne perf. 45 mn me seront nécessaires afin de me changer, faire le plein ,manger, souffler quelques minutes. Ne rien faire, apaise aussi. 45 mn C long ,mais pourtant j'ai le sentiment de ne pas avoir perdu trop de temps. Il est minuit quand j attaque le troisième massif "Belledonne"

Troisième  massif, Belledonne , 40 km pour 2300mD+

Je sors de la base vie ; Nico m'avait prévenu  "Belledône c'est sérieux ! 
Avant le sentier, un Bénévole m'annonce ce qui m'attend  "C est plus du courage cedric c 'est de la folie "
Celui la faut qu'il arrête le bénévolat sur les trail !!!
La montée de la base vie à "Archelle" est terrible gargantuesque démesurée , 30% , 1200 en 3,5 km, puis 600 de d+ pour arriver à la croix de chamrousse . Ici pas de plat, pas de répit .Sur le profil en papier on voit bien que le trait est presque vertical, mais quand nous soUT4M_TV_280.jpgmmes dessus, ça impressionne ;  Ça laisse des traces .Je suis lent , seul  ; Ce qui rend la progression difficile . Avec ça, la Montagne a dégueulé tout ce qu'elle pouvait en cailloux, rochers, pierres ...
Et vient s'ajouter à notre périple ;  Le brouillard ; Pas vraiment notre copain au milieu de la nuit . Nous serons plusieurs à être stoppés au refuge de la Pra, trop de brouillard nous devons attendre d'être 5 couruers au minimum pour pouvoir repartir
Après 15 m d'attente, nous serons 6 à partir à la recherche des balises qui sous l'épaisse couche de brouillard se font très discrètes. Notre progression est ralentie par le terrain : La montée du Grand Colon ; Peu de dénivellé mais droit dans la pente à travers les cailloux où nous avons de la peine à apercevoir la trace .Je me mets à détester ce massif, comme l'année derniere j'ai haï le col de Baréges. La pente est vraiment raide , le brouillard toujours présent .Je pense à cette course "l échappée belle" avec ces 145 km et ces 11000 d+ qui à lieu ici sur Belledône. Une course que je ne ferai pas !
Enfin le sommet quelle délivrance  !!!
Je me sens terriblement seul dans, cette descente vers St Nazaire , la deuxième base vie :127 eme km !
Mon cuissard m'irrite l'entrejambe ; Une nouvelle douleur à affronter. En attendant de pouvoir souffler, je dois affronter 2000 D- .

Si j'avais plus de deux heures d'avance sur mon plan de marche ; À Belledône j'ai touUT4M-Belledonne-RussS-069-10-19.jpgt perdu et aussi beaucoup de forces laissées à travers ces cailloux.. Je suis fatigué : J'arrive 96 eme à St nazaire en 27 h40 de courses
Nico est présent, me réconforte , prend soin de moi . Je ne suis pas au top de ma forme !
À ce moment la je ne parie pas un radis sur moi  ! Je craque, je suis submergé par les larmes, je ne contrôle plus rien. Qu'un coup, toute la pression retombe, Je ne sais pas si je peux continuer ; Encore 42 km ! J 'estimais à 11 heures le dernier massif et là je suis en train de douter : Je ne vaux plus rien , Je ne mange pas, mon corps souffre , mes muscles se froissent ; Mes pieds ? Putain que j'ai mal aux pieds! Mon moral est atteint , merde !! Je ne peux pas arrêter c'est  pas possible !
Fifi me redonne du tonus , me reconnecte à la réalité ; Je suis large aux barrières ! Profites en ; Repose toi ..S'alimenter , dormir ,changer de chaussures ; Tout s'embrouille !Je reste deux heures à me lamenter, ma voix est pleine de souffrance ; Je ne suis qu'un souffle de douleurs ; Je suis à la recherche de soutien .
Plusieurs appels me réconfortent, je lis les messages, merci pour ce soutien . Malgré mes douleurs, encore aujourd'hui je me demande comment j'ai fais pour repartir.

Dernier massif, les Chartreuses,  40 km 2400mD+ ;

Me voilà sur la route , puis le chemin qui mène à la "Chartreuse" ;  Toujours du bitume pour rallier les massifs , puis une longue montée en sous bois 1800 à avaler .D'abord 1300 dans la forêt . Je monte seul à faible allure mais j'avance ;  Je peste après ces panneaux qui annoncent les ravitos à 3 km ! Sur marathon je pourrais mettre 13 mn , mais pas  ici ,sur ce massif rocailleux ! Plus d'une heure me sépare du ravito mais je suis toujours en mouvement.
J'appelle kiki qui me laisse plusieurs messages ; Quelques conseils précieux et du soutien me remettent en piste ; Puis l'humour qui caractérise Mickael mephoto-4-1-.JPG permet d'oublier la galère dans laquelle je suis enfoui. j'arrive au "Refuge Habert"; Super accueil , petit feu de bois où on  me fait cuire des chamalows ; Je suis le seul coureur, alors on prend soin de moi, je me sens bien !  Du coup je reste plus de 20 mn, la gentillesse des Bénévoles me rebooste et je me sens mieux, je retrouve de l'envie et de l'énergie. La montée vers "Chamchaude" est pénible ; 700 à monter dans les cailloux en pleine chaleur ;  Tout ça pour se faire pointer en haut et redescendre par le même chemin ;  Ce qui nous permet d'encourager les autres coureurs
À ce moment là de la course je mphoto-2-2-.JPGe fais doubler par les coureurs du 90km. Nous n'avons pas la même  couleur de dossards, pour nous différencier , mais seuls, l'allure et le style suffisent  à nous démarquer ! Je fonce sur "Sappey", le ravito ou m'attend Baptiste avec avec son  sourire qui réconforte. 11 mn d'arrêt et me voilà reparti à la 112 eme place !
Une dernière bosse et de la descente; La fatigue m'envahit; Un petit somme sur le sentier, je coupe la frontale met un réveil et me voilà reposé quelques minutes.
Plus j'approche de Grenoble; Plus les frottements se montrent agressifs, je cours les pieds en canard pour limiter l'irritation. Enfin Bastille ;  Je reconnais cette forteresse qui surplombe Grenoble; La descente est longue et ennuyeuse.
Cette fois aucune difficulté; On aperçoit la ville  illuminée !


Encore 3 km de bitume et me voilà au bout de 42 h 20 d'efforts à demi conscient  "Sur la ligne d arrivée" !!!
UT4M_TV_001.jpg
photo-3-1-.JPGLes Finishers de l'EPA86 sur le 160km: Cédric Dupuich, Pierre Hay, Pascal Cougnon, Didier Maître !

Portraits-EPA-UT4M-160.jpg

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14 septembre 2014 7 14 /09 /septembre /2014 22:56

Vincent au tor 2Tor Des GéantsVincent-au-tor-8.jpg
Par Vincent Hulin
EPA 86
130eme en 121h18

Qui va piano va sano va longo

Pour réussir le Tor Des Géants : Pas de mystère...

Ça y est je viens d achever le top 4 que je m étais fixé en me lançant il y a deux ans dans le monde de l ultra Trail (Diagonale Des Fous, UTMB, Marathon Des Sables et donc le Tor Des Géants ) c est un sentiment un peu bizarre : je ne réalise pas encore vraiment ( si je suis arrivé il y a plus de 24h, d autres concurrents sont encore en course et la remise de la veste de Finisher c est pour demain midi ) et c est un début de sensation de plénitude de se dire qu on réalise les objectifs fixés, qui plus est : sans accrocs, sans blessure, je le vis comme un privilège. Et maintenant ? Y aura-il un "Baby Blues" post ultra ? J ai envie de savourer, de lever le pied, et d'autres défis il y en aura toujours à aller chercher.

La présenter comme la course de montagne la plus dure au monde n est pas usurpé ! le Tor des Géants (TDG) affole par les chiffres : 330 km, 24.000 m de dénivelé positif et au mieux environ 40% d abandons. En m alignant sur l épreuve j ai une appréhension: le dénivelé : mon corps, mes muscles vont ils répondre présent pour monter et descendre l équivalent de 3 fois l Everest en partant du niveau de la mer ?

Pour cet ultime défi et plus que sur les autres je viens à Courmayeur pour finir, le classement n est qu accessoire (mais bon si ça se passe bien j aimerai assez entrer dans les 200 premiers)
Le week end d avant j étais à fond derrière les copains qui couraient à Chamonix les différentes épreuves dont l UTMB et je me surprend à être impatient d en découdre avec le TDG , ce qui n est pas du tout dans mes habitudes. tdg2013-grivola da entrelor foto enrico romanzi-8631

Sur la ligne de départ avec l'ami Gilles (binôme essentiel et incontournable) nous respirons le bonheur immense d'être là dans ce décors somptueux de la vallée d Aoste. On sait que l aventure va être belle et pure. Les premières heures se déroulent à merveille, nous établissons un bon petit tempo laissant les brûleurs de cervelle nous doubler n importe où n importe comment, courir là où il est plus raisonnable de marcher. On s amuse d ailleurs à garder en tête ces numéros de dossard que l on doublera largement par la suite comme on pouvait s y attendre. Très souvent Gilles est devant surtout dans les montées et moi parfois dans les descentes. Une fois encore pas besoin de beaucoup se parler on observe les mêmes choses, on sent la course de la même façon on s applique sans se le dire les mêmes consignes. Exemple pas plus de 5 mn au ravito c est suffisant et on repart en grignotant des petites choses chapardées sur les tables. L avantage d être à deux c est surtout être là quand le copain a un coup de moins bien, et ça va vite se vérifier. Sur une session ( le TDG est découpé en 5 bases de vie ) nous enchaînons 3 ascensions à la suite dont une de 2000 m et deux à plus de 3000m.Tor-4.jpg Ça fait plus de 24 heures que nous sommes partis et nous allons connaître chacun notre tour un gros coup de mou. Je suis le premier à frôler la correctionnelle! Je suis scotché dans la montée ! Plus de jus, plus de force je peine à mettre un pied devant l autre et j avance à la vitesse d un alpiniste dans les derniers mètres d un 8000! Le souffle est court et il devient même haletant comme un manque d oxygène. Vite je fais un rapide shake up : je me suis bien alimenté régulièrement pareil pour l hydratation, ce n est donc pas ça. Une piste s impose c est un premier coup de fatigue, donc pas de panique forcément il faut accepter ce fait de course et savoir se montrer patient! Au moment où ça commence à aller mieux c est Gilles qui a son tour, se retrouve englué dans la montée suivante. On se parle, on se rassure on se remonte le moral. Alors que l on trouve notre vitesse de croisière un invité insidieux, fourbe et pas marrant du tout s invite (comme trop souvent) dans les chaussures de Gilles j ai nommé : l ampoule! Au 103eme km à la base de vie de Cogne Gilles me dit qu il a un soucis d échauffement aux pieds! Il m annonce qu il va traiter ses ampoules mais que c est pas bon pour la suite: c est le choc ! Il est hors de question que cette aventure ne se termine pas à deux ! On décide de repartir ensemble mais ça ne va pas, Gilles est déçu pour lui, pour moi, pour nous. Le regard embué il m annonce sa décision : il va devoir abandonner....et c'est les larmes aux yeux qu on se serre et il m ordonne d aller chercher "cette putain de veste "de Finisher. Dans ma tête c est le bordel : je suis extrêmement déçu pour mon copain, j appréhende maintenant de devoir poursuivre l aventure seul et en même temps pour moi et aussi pour lui je me fais un devoir moral de me sortir les....pouces du gilet pour être Finisher.
Tor-1.jpgFinalement même seul, le tempo reste le même, la stratégie au ravito identique, la gestion du sommeil la même. A chaque base de vie, je retrouve mon désormais assistant-coach. Petite douche, massage des mollets et des quadriceps (essentiel selon moi) un repas chaud et un dodo. Problème je n'arrive jamais à dormir plus d une heure, donc je fais avec. Alors tant mieux car comme ça je ne perd pas trop de temps mais problème je vais tout au long de la course hypothéquer mon capital sommeil! Je vais donc compenser avec ce que j appelle "la sieste bout de table" : de temps en temps dans les gîtes, les refuges je prend une boisson chaude (soupe, thé ...) parfois un plat (pâtes, polenta) et je croise les bras sur la table j y pose ma tête et je ferme les yeux pendant 5 à 10 mn...suffisant pour repartir et repousser encore un peu plus loin l échéance.
La montagne la nuit, surtout par pleine lune, dégage une douceur romantique mais il ne faudrait pas grand chose pour que ça vire au cauchemar. Après quatre nuits "blanches" je me retrouve durant quatre longues heures à enchaîner les sommets et les cols mais sans jamais redescendre vers la civilisation! dans la nuit noire je suis seul, le chemin en balcon fait parfois 50 cm de large et à côté c est le vide. Je me mets à avoir peur ! Je suis crevé par l effort physique, j ai un manque cruel de sommeil, mes gestes ne sont plus aussi précis, mes poses de pied plus aussi naturelles et là j ai l abime à portée de bâtons....surtout ne pas paniquer ! Je décide à me parler à haute voix, à positiver et même à m engueuler quand je n assure pas un bon appui dans un passage délicat. Ça vous fera peut être doucement sourire mais sérieusement j ai pensé à la mort....et si je devais basculer dans le vide comme ça, toc , sur un mauvais geste. Non ça serait trop con!


On a tous vécu, surtout au volant un manque de sommeil, de se dire tient là faut que je m'arrête ça va pas! Et bien moi j ai voulu aller encore plus loin et ne pas m arrêter sur un parking pour pousser encore un peu plus loin la machine! sur une partie non dangereuse ( un large chemin forestier dans la plaine) j évolue en mode marche sportive, mais je me rends compte que je ne suis plus lucide, je n avance pas droit, je lutte contre le sommeil et c est abominable, cruel, j aimerai tout arrêter me coucher sur le bas côté, mais une infime partie de mon cerveau s y refuse. Il faut continuer, tenir, aller de l avant! une ultime idée lumineuse surgit alors: j ai mon téléphone et du coup de la musique ! Je ne suis plus seul, Étienne est avec moi! Je pose le portable dans ma capuche bien près des oreilles et je passe en boucle et en chantant à tue tête en pleine forêt italienne du Daho (dont Week End à Rome).Tor-2.jpg
Et puis j ai des nouveaux amis qui s invitent dans la course et qui ne me lâcheront plus, je veux parler de personnages de bande dessinée ! J en vois partout tout le temps: ce ne sont plus des arbres, des rochers, des nuages, non ce sont des personnages de BD! Mais le pire c est qu à un ravitaillement je dis très lucidement à Gilles :" t as vu tous ces personnages de dessins animés ? C est sympa ! Gilles me répond : non. C'est un arbre. J écarquille les yeux et désolé (vous ne me croirez peut être pas ) mais je ne voyais toujours pas l arbre mais bel et bien mes amis imaginaires ! ( a moins que Gilles m ait menti mais je n ose pas y croire).


Vincent-au-tor.jpgPhysiquement, enfin je veux dire musculairement tout va bien et je n en reviens d ailleurs pas! Je maltraite mon corps depuis 120 heures et il répond toujours présent. Si la douleur est présente la souffrance, elle, n est pas là. (Sauf le manque de sommeil). J arrive à Bertone, dernier ravitaillement avant l arrivée finale et je suis d une fraîcheur physique inespérée. La première partie de la descente est un peu technique ( et c est pas trop mon fort) mais je décide (enfin) de jouer et de me lâcher ....je descends à bloc et ramasse du monde! des coureurs qui descendent prudemment, d autres qui grimacent à chaque fois qu ils posent le pied par terre. Et moi je les laisse sur place, c est indécent mais tellement jouissif! Sur le plat je suis à 13 à l heure (comme mon finish de l UTMB) je déboule dans les rues chaleureuses de Courmayeur il est un peu plus de 11h du matin et les longs applaudissements du public boostent encore un peu plus. Je franchis le portique final et c est plus la vue de Gilles qui me fait monter les larmes que le reste. Des larmes qui m étaient venues parfois en course en lisant les sms d encouragement des amis ou en entendant la voix de ma chérie. Voilà c est fait. Il est 15:45 nous sommes le samedi 13 septembre 2014 et le dernier concurrent doit encore franchir la ligne d arrivée: quel mérite !!!

Vincent au tor 6

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Vincent au tor 9

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10 septembre 2014 3 10 /09 /septembre /2014 11:30

 

     1422473_1470986609819997_6555579516086126447_n.jpg           L’UTMB, il y a ceux qui en rêvent et il y a les chanceux qui sont tiré au sort.

Pour moi, se sera le 15 janvier, un SMS d’Alain m’avertissant que je vais participer à une vraie course d’homme. A partir de là, l’entrainement prend une autre dimension et il faut bien se préparer à ce 1° ultra trail (168 kms et 9600m de dénivelé positif) de ma carrière.

                Après une arrivée le lundi 25 aout, nous décidons avec Jean-Pierre de se faire une petite rando le mercredi suivant. Se sera le refuge « Albert », 4h00 de marche sur du plat à 2000m d’altitude. Au retour, j’ai des échauffements sur les petits orteils. Ca commence mal à 2 jours de la course mais qu’importe, je passe NOK + TANO et j’espère que ça ne va pas s’aggraver.

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                Nous sommes le vendredi 29, les rues de Chamonix sont blindées de monde. Avec JP nous nous rendons vers le départ, mais à 45 mn du top JP s’aperçoit qu’il a oublié de positionner ses straps sur ses épaules. Il retourne donc à l’appartement pour les mettre. J’avance vers la ligne de départ et vois Alain, il a une mine réjouie et me chambre du fait que je commence à stresser fortement (je lui demande quand même s’il a pensé à emporter du smecta). Nous arrivons au SAS de départ, 2300 coureurs vont s’y agglutiner. Alain est devant (c’est normal). Nous allons attendre 30 mn que le départ soit donné. Il est 17h25 et une averse de pluie nous tombe dessus, tous les coureurs enfilent leur k-way mais ce ne sera pas mon cas. Il fait chaud et je n’ai pas envie de bouillir sous une veste.

                Le départ est donc donné sous une pluie battante avec la musique de "Vangelis 1492" . Le début s’effectue en marchant, je passe sous l’arche de départ puis vois Cédric et Sandra qui m’encouragent, c’est super grosse ambiance dans les rues de Chamonix. Je commence à courir à la sortie du centre ville mais pas très vite, il faut vraiment partir cool. Mon choix de ne pas porter de k-way s’avère très judicieux puisqu’il ne pleut plus à présent et je vois beaucoup de coureurs s’arrêter pour le ranger dans leur sac

 Profil-UTMB-2014

                                               Cet UTMB commence bien, j’avance prudemment à rythme bas (je ne veux pas me brûler) et je me fais même doubler par Gérard au 8ème km, je le laisse partir, c’est un bon signe. Je le rattraperai après « Les Houches », dans la montée du Délevret (1° bosse parmi tant d’autres). Nous parlons un peu puis je décide de le laisser lorsqu’il se remet à pleuvoir à grosses gouttes. J’arrive au sommet et commence alors la descente ;  Ce sont des pistes de ski détrempées et grasses qui roulent sous mes pieds ; Ne pas se lancer comme un fou, même si ça démange, la route est encore longue. Néanmoins je descends bien et mes chaussures accrochent plutôt pas mal sur ce terrain. Nous sommes au 15ème km et je double pas mal de concurrents, jusqu’au moment où ma chaussure droite se bloque, et là, je commence à glisser sur les fesses le long de la piste en direction d’un arbre. Tout compte fait, cet arbre sera mon salut, je tends ma main vers lui, mais c’est mon pouce qui y fera face et arrêtera ma chute. Je me relève, vérifie que tout va bien, je saigne un peu sous l’ongle du pouce droit, c’est pas grave, une petite douleur qui m’accompagnera tout le reste du parcours. Je bombe le torse et repars vers St Gervais.

                                               La nuit tombe peu avant ce ravitaillement. Je m’y arrête 5mn pour refaire le plein d’eau et manger. Ici, c’est une fillette de 14ans qui me sert de l’eau tout en grelottant sous cette pluie infernale, j’ai pitié pour elle mais elle ne se plaint pas. Sorti de St Gervais, Gilles m’interpelle sur le bas coté et commence à m’engueuler car je n’ai toujours pas enfilé de k-way. Mais la pluie ne me dérange pas, donc je continue en t-shirt avec manchettes. Ensuite ce sera au tour de JP de m’interpeller. Il est au même niveau que moi à cet endroit, je suis peut être parti trop lentement. Il me demande qu’elle est la barrière ici, je lui réponds qu’elle se trouve à 21h30 et donc nous avons 1h d’avance sur elle (c’est rassurant) ; il m’explique alors qu’une personne lui disait que cette barrière était à 20h30 et qu’il devait donc se dépêcher pour passer avant cette limite UTMB-00001--59--copie-1.JPG

 

                                               Je reprends le fil de la course en direction de  "la Croix du Bonhomme". J’ai laissé JP derrière et  j’avance plutôt bien jusqu’à " Notre Dame de la Gorge" ; Après les choses sérieuses vont commencer. 1200m de D+ à faire en une traite. En fait la montée est facile et il s’est arrêté de pleuvoir. Je suis au 41ème km et je retire mon sac pour la première fois afin de prendre mon coupe vent (il commence à faire froid la haut). Je revois le torrent où Axelle était tombée au mois de juillet ;  Cette fois ci il est calme et mieux balisé.

                                               Après avoir franchit " la Croix du Bonhomme", c’est la descente sur "Les Chapieux" ; Grosse descente technique et exigeante. J’y ai du mal, multitude de chemins et ma frontale commence à lâcher. Je m’arrête un peu plus loin pour la remplacer. Mais ma frontale de secours a de vieilles piles et s’use rapidement. Je rejoins enfin " Les Chapieux" où est installé un stand petzl qui donne des piles de rechanges si on le souhaite. C’est trop bien ! Juste au moment voulu. C’est reparti vers le col de "la Seigne", je vois les frontales au loin mais aussi derrière. Cela me fait penser à un serpentin de lumière. J’attrape le jour au lac Combal, magnifique vue sur le "Mont Blanc" coté Italien, il ne ressemble en rien avec le coté Français. Il fait froid et à force de me moucher, je saigne du nez (c’est une habitude chez moi, je vais gérer cela tant bien que mal). Lac Combal

                                               Puis descente sur "Courmayeur" où je retrouve tous mes assistants, je suis heureux, je vais faire une bonne pause. Ici, à 9h30 du matin, ce sera un plat de pâtes, changement de chaussettes et chaussures, le plein du sac et hop j’avais oublié : un petit brossage de dent et une remontrance de Gilles (passer 40mn dans un ravitaillement : c’est pas normal).

                                               Bref, maintenant je repars frais sans aucun souci particulier. Bizarrement après Courmayeur, je reçois plein de SMS, surement les copains qui se réveillent d’une bonne nuit. La course reprend son fil sans rien d’exceptionnel jusqu’à l’entrée du" Grand col ferret". Je lève la tête et aperçois les coureurs tout en haut. Mais comment est-ce possible, par quel chemin faut-il monter ? C’est atroce, ça correspond à 750m de montée sèche, mon corps est parallèle à la montagne mais je me dis que c’est la dernière grosse difficulté de l’UTMB (c’est faux). J’arrive enfin au sommet, gros ouf de soulagement, partie Italienne finie, à présent place à la Suisse. Pendant la descente qui mène à "a Fouly", j’ai des impressions de vertige, le pas moins assuré. Je décide alors de m’arrêter dans une prairie pour y dormir. J’appelle Cédric qui n’arrête pas de me tanner au téléphone depuis le départ et lui demande de me téléphoner dans 10mn, que je puisse me reposer. 10mn s’écoulent et mon téléphone sonne ;  Y’a mieux pour une bonne nuit de sommeil, mais c’est comme ça. 1536-La Fouly-station-valais-suisse

                                               Néanmoins ça  va mieux, mes jambes ne semblent pas souffrir, frais comme un gardon je progresse jusqu’à "La Fouly" aisément. C’est ici que la course commence (oui, au 110ème km, la course commence). Gilles me l’a souvent répété : "si tu cours à La Fouly, c’est que tu peux aller jusqu’au bout ". Je vois JP qui à dut abandonner à Courmayeur (impossible pour lui de boire et de manger), il va bien, je suis rassuré. Après un ravitaillement prit expressément, je discute avec Gilles qui m’explique que je peux courir au train jusqu’à "Champeix-Lac". 

                                               -"ok, tu m’attendras là-bas.

                                               -Pas de problème Brice, je te reverrais à Champeix "

                                               Je me mets donc à courir au train. Ca se passe trop bien, génial, aucune douleur à déplorer. La nuit tombe et je reçois un appel du coach à l’entrée de "Champeix-Lac" . Je lui explique alors ma journée passée, ma sieste etc. Mais on connait tous Kiki au téléphonne : C’est un vrai moulin à parole. J’écourte alors la conversation pour me concentrer sur la course (Désolé). Ravito de Champeix ; je cherche Gilles et d’autres copains du regard, mais personne, je suis seul sans assistance. Je souhaitais délester un peu mon sac mais tant pis. Je téléphone à JP et à Gilles mais pas de chance de ce coté : leurs portables ne fonctionnent pas en Suisse. Vexé, je repars.

 

                                               Cette 2ème nuit est très dure, mais j’avance plutôt bien. Il me reste 3 belles bosses à passer avant l’arrivée. Je les ai reconnues en juillet, c’est donc en terrain connu que je m’aventure. Mais de nuit et avec 120kms dans les jambes, ça n’a plus grand-chose à voir. 

                           

                                               J’attaque alors la montée de "Bovine", la terrible, la démentielle, celle que tout les concurrents redoutent. Je m’enflamme un peu pendant cette ascension, je rattrape, je double, je dépasse, mais manque de lucidité peut être, je suis dans le rouge. S’ensuit alors une longue difficulté, je me refais doubler, le moral en prend un gros coup, de plus un vent glacial s’est levé. Je dois donc m’arrêter pour m’habiller de coupe vent, bonnet et gants. Je n’arrive pas à voir la fin de cette montée pleine de boue et de pierres. Chaque pas doit être calculé sur ce sentier glissant. Et là, c’est le drame ; il se produit l’accident, mes genoux se frappent l’un contre l’autre et je ressens immédiatement une douleur dans le gauche. Je connais cette blessure, elle atteindra son apogée dans 10mn, ensuite j’aurai beaucoup de mal à courir. Je prends donc mes jambes à mon cou pour descendre le plus vite possible. Et comme prévu, au bout d’une dizaine de minute, j’ai terriblement mal. Je ne pourrai plus courir durant les 22 derniers kms et je souffrirai le martyr sur les futures descentes. Vient alors une longue section pour rattraper le "col de la Forclaz" ; Je ne me souvenais pas qu’elle était aussi longue, les kms ne défilent plus ; Ce chemin est affreusement long dans cette nuit. Cela fait 35h00 que je suis parti (tiens ma semaine est faite) et à présent, l’épuisement se fait réellement ressentir. Je passe enfin le col de la "Forclaz", ce qui me redonne plaisir. Arrivé à Trient, j’espère bien rencontrer les copains mais c’est encore une désillusion. ds DSC04626

 

Efin la Fran

Enfin la France. Plongée sur « Vallorcine » pour un bon ravito. Mon genou souffre. Pas grave, serre les dents, tu peux le faire.

 

                                               Vient alors une nouvelle sensation, alors que la nuit fait place à l'aube sur cette douce montée menant au col des Montets. C’est un chien que voie là-bas à 50m ? Je m’approche : " il est con ce chien, il bouge pas". Bizarre. J’arrive à son niveau et stupéfaction : ce n’est pas un chien mais une grosse pierre qui n’a rien avoir avec un chien. Et oui, je pensais y échapper mais je n’ai pas pu. Hallucination, la sensation de peur m’envahit. Mais qu’est que je fous là. Je me pose 2mn pour réfléchir, j’absorbe un gel au café pour me rebooster. Et le pire, c’est que ça marche. Le jour est maintenant bien présent à ce dernier col.

                                               Direction "Tête aux vents", je sens Chamonix se rapprocher petit à petit. Durant cette montée, pas de douleur au genou mais ensuite, place à la souffrance. J’essaie de trottiner jusqu’à la "Flégère", mais le chemin en balcon est semé de pierres et je ne peux que marcher vite. Tout le monde me passe devant et je suis contraint à ne pouvoir prendre d’avantage de vitesse. Encore une fois, j’ai l’impression de faire du surplace. Entre "la tête aux vents"et la "Flégère", ce ne sont que 3kms, mais je mettrai 1heure pour en voir le bout !

                                               Ici, à "La Flégère", je ne peux qu’être finisher. J’entame un dernier schuss en plein sur Chamonix. Mais toujours obligé de marcher. Le genou me fait atrocement mal et en plus, plusieurs concurrents me doublent (en courant eux, je les envie) mais qu’à cela ne tienne. Les randonneurs du dimanche matin sont là, ils montent tranquillement et m’encouragent : " Bravo ; vas-y ; t’y es presque ; bientôt la fin ; plus que 4kms ; c’est génial ; un dernier effort…." ds P8140001

                                               Là, enfin, je sors d’un virage et les rues de Chamonix s’offrent à moi. Et c’est JP qui m’accueille en héros : " Brice, t’as l’air encore frais, t’es même pas marqué par 2 nuits blanches". Maintenant profite de ces derniers instants de course, savoure la foule qui t’acclame . Il m’est alors interdit de marcher, je dois faire l’homme, trottiner jusqu’à l’arrivée malgré cette douleur qui s’efface grâce au public. Instant magique, je me fais cramponner à la terrasse d’un café, c’est le couple de restaurateur de "Cousin Albert", ils sont heureux de me voir, et moi aussi. Plus que 500m avant l’Arche, je ralentis, je veux savourer ces derniers pas, les rues sont pleines de spectateurs en liesse. L’Arche d’arrivée, elle est juste devant moi à 50m, je ne peux que l’admirer et ralentir encore et encore. Sur ma droite parmi la foule, un dernier big-up de Cédric. Gilles et Catherine la femme de Gérard m’attendent sous l’Arche. Putain c’est bon ça. Je passe dessous, je suis finisher de mon premier ultra en 42h30mn !!!

                                               Je ne réalise pas tout de suite ce que je viens de faire, tout se bouscule dans ma tête, je suis secoué de gauche à droite. Même le coach me téléphone en direct depuis l’entrainement à Poitiers avec tout le groupe EPA86. Bref, c’est l’enchainement, récupération de la polaire " Finisher UTMB", photos souvenirs, douche, 2 bières dans le cornet et sieste bien méritée.

                                               Lendemain matin,

                               Effets négatifs : mal au genou, cuisses raides, pieds enflés, perte d’un buff.

                               Effets positifs : aucune ampoule et je porte super bien la veste.

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Félicitations à Alain, Xavier, Gégé, Fred et Clément. Je pense aussi aux déçus, François et JP. Gilles : je ne sais pas où te mettre.

                                               J’ai vraiment été très ému de tous les messages de soutien. C’est une aventure à vivre et à revivre.

                                               Merci Kiki pour la qualité des entrainements toujours effectués dans la joie et la bonne humeur. Et aussi merci François pour les sorties vélo, un peu rock’n’roll au début mais ensuite très agréables.

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15 juillet 2014 2 15 /07 /juillet /2014 22:59

Sandrine-1.jpgUn bon compte rendu, comme il se doit lors d’un premier baptême d’Ultra :
4 h 30, départ à pied du gite pour 10 mn de marche détente avant le centre-ville de Corte. Bisous et encouragements de la part de Manu et je m’installe dans le Cours Paoli au milieu de l’effervescence des coureurs, on enregistre la puce et on se place sur la ligne de départ. Après quelques briefings, le départ est donné à 5 h 06 sous les fumigènes et la musique corse. Un rapide tour en ville, montée derrière la Citadelle… je cherche Manu pour la photo et c’est finalement Cléo que j’aperçois (
Sandrine-2.jpglevé en cachette pour aller installer la grande banderole « ALLEZ SANDRINE ») au pied de la première ascension !
Coup de chaud au cœur puis, le cœur passe à l’ouvrage, j’attaque les quelques 1400 m de D+ de rocailles qui nous mènent en haut du 1er col, prudemment, sans se mettre dans le rouge (oui, Alain et Manu, je suis vos consignes à la lettre ! je pense à Jacky et Didier… !) et j’arrive au ravito de Padule. L’ambiance y est bonne, c’est un pompier corse qui nous accueille, ravito à la bonne franquette !!! Cà rigole, mais bon, il faut repartir déjà car la montée n’est pas finie, il faut aller jusqu’à Bocca Canaglia à 1800 m.
Sandrine-3.jpgJe compte sur la descente pour pouvoir courir un peu, pas de bol, c’est trop technique, il faudra vider les chaussures….surtout que je pars avec déjà deux ampoules sous Compeed, histoire de pimenter le challenge !!! Enfin, un chemin blanc sur lequel je peux courir tranquille et savourer le paysage magnifique et on plonge sur le ravito de Sega. Belle descente durant laquelle les 1ers coureurs du 33 kms nous dépassent ! Les malades !!!!!!!
Ravito de Sega : je prends une pause logistique de 10 bonnes minutes pour gérer (après coup, je me dirai qu’elle fut beaucoup trop longue !) et je repars seule, d’ailleurs je ne verrais personne pendant plus de 10 kms à l’exception de quelques vaches et brebis ! Je m’assomme avec une branche pourtant je ne suis pas grande, mais bon à force de regarder les pieds…. Un peu étourdie, cela me rappelle à la vigilance !!Sandrine-5.jpgSandrine-6.jpg

Arrivée sur le Lac Ninu, un plateau où le paysage est magnifique, on dirait que le temps s’est arrêté sur cet écrin de verdure où paissent chevaux sauvages et …..randonneurs. Le ciel se reflète sur le lac, c’est juste trop beau !! Je peux trottiner enfin, mais en faisant le tour du lac, je me trouve bien seule… pas de coureurs en vue… et si j’étais la dernière ??? Je me questionne…. Au ravito, on me rassure, non il y a encore du monde derrière mais déjà 9 abandons ! Un type me dit « j’arrête là, de toutes façons, c’est même pas sûr de pouvoir passer la barrière à Grotelle ! » Le doute s’installe, je n’ai plus de plaisir à courir…. Finies les photos, il faut taper dedans, j’ai peut être trop géré !
Sandrine-7.jpgLa course contre la montre est lancée ! Dans ma tête, les calculs vont bon train, les kms à faire, les allures…ça va le faire, ça va pas le faire….Seulement, le gros paramètre, c’est le point culminant de Bocca Alle Porte à 2200 m ! Bienvenue en enfer !! les cailloux puis les rochers, parfois des parois où, avec mes petites jambes, je dois me hisser à la force des bras faute de trouver des appuis pour mes pieds… Les nuages s’installent, il fait froid et il pleut !!!! Chouette, on ne pouvait rêver mieux pour le mental !
Le point positif, c’est que je ne suis plus toute seule, j’ai rattrapé des coureurs. Je double 5 ou 6 personnes (dont 3 filles) dans cette méga ascension. En haut, la vue est imprenable sur les Lacs de Melu et Capitellu, juste
2 petites photos quand même et hop, il ne faut pas trainer car la descente c’est l’enfer de l’autre côté, des rochers, des sillons à flancs de montagne, des névés, des passages avec main courante en chaine métallique où les bâtons sont chi…. Même si je ne traine pas, la descente est lente jusqu’aux lacs, on passe par des échelles….
 Sur le parcours, je double un couple et je demande au type s’il pense que ce sera bon pour la barrière, il me répond « non, c’est mort ! ». Non, dans mon esprit, c’est juste pas possible !!!Sandrine 8
 Il reste quelques kms et à peine 1 heure devant moi, je me lance comme une tarée dans la descente moins raide mais aussi technique, il faut que ça passe ou ça casse, de cailloux en cailloux, je cours en prenant tous les risques, je me referais une santé plus tard, mais pas question d’achever mon périple ici, pas après tout ce que je viens de me taper !!
Inquiet, au ravito de la barrière, Manu sera monté à ma rencontre à un bon km en amont, il m’encourage et m’accompagne dans cette put…. de descente ! je vois la cabane, j’ai un nœud dans la gorge et les larmes qui montent, ça y est j’y suis… ils ont là les gamins avec la banderole « ALLEZ SANDRINE », du coup, tout le monde m’acclame… il est 16 h 45 et je passe avec 15 min d’avance le temps limite ! J’ai fait 44 kms.
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A cet instant, je sais que je serai à l’arrivée à Corte, il ne peut plus rien arriver de grave !!
Un quart d’heure plus tard (j’ai bien pris mon temps pour récupérer), je repars par un bout de route en bitume (aie ! aie !) avant de rattaquer les gorges, il reste 24 kms, ça fait 12 h 15 que je suis partie et j’ai la banane (sans peau Mr Mymoon) !! Heureusement que le moral est bon car la Restonica n’est pas une course de touristes et le parcours va être encore très exigeant !
Au km 50, il faut attaquer la dernière grosse difficulté dans les gorges, l’ascension jusqu’à la plaine d’Alzu : 3 kms pour presque 700 mD+, le choix entre un parcours rubalisé droit dans la pente ou la montée d’un GR qui serpente ! Je choisis cette dernière avec quelques gars, c’est plus long mais moins raide et j’ai laissé beaucoup de jus pour le passage de la barrière !
Redoutable cette montée et en haut à nouveau les nuages et un vent froid (je sors les gants), il reste à Alzu encore 14 kms de descente peu raide mais technique et il est déjà tard !
Je finirai cette descente avec un monsieur qui voudra bien « covoiturer », il fait nuit, on sort les frontales, c’est long et sans répit pour les genoux…Mon compagnon de route en a ras le bol, il se plaint tout le temps, trébuche souvent, râle après les rubalises qu’il faut chercher, et…….plus il se plaint et plus je me sens forte et courageuse (moi la fille !). Le pauvre mec, il voulait voir la finale du foot, dommage pour lui, c’est déjà la 2ème mi-temps ! Deux autres gars nous rejoignent et on commence à apercevoir les lumières de Corte, çà sent la délivrance…
A quelques encablures de l’arrivée, un type avec sa frontale nous encourage : « Allez, mademoiselle, c’est bon tu y es, allez on y va… » ! C’est Sam qui est venu me chercher pour finir, il me redonne la pêche, me libère de mon boulet qui râle, et ensemble nous parcourons le tour de la Citadelle, les escaliers dans la ville pour déboucher enfin sur le Cours Paoli vers l’arche finale !!!!Sandrine-12.jpg
Tout le long du Cours, en terrasse, il y a des dizaines de personnes, des écrans pour le foot….Sandrine 13

 

 

 

 

 

 

 

 

A mon passage, je suis acclamée et félicitée, c’est un moment fort et c’est la ligne d’arrivée, Manu est là ! je vais bien ! Je suis finisher de cette sacrée Restonica en 18 h 17’06 !! Et les Allemands en profitent pour mettre un but ! On est tous champions du monde !!!
165 arrivants, 37 abandons (ou hors barrière), je suis 19ème féminine et 8ème V1.
Merci à tous ceux qui ont été plus que présents pour moi, Manu et les enfants,
Merci aussi à Sam qui a fait un suivi de ma course, contactant même les PC lorsqu’il trouvait plus la trace de mon dossard et qui est resté jusque tard pour m’attendre et venir me chercher sur la fin !
Merci à tous mes amis qui m’ont soutenue par messages, sms !
Merci à Kiki pour la préparation physique, et à Alain pour le conseil logistique et mental, merci à vous les gars !

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3 mai 2014 6 03 /05 /mai /2014 21:03

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PAR CEDRIC DUPUICH   : 202ème en 36h53'38"

Après le compte rendu de Gilles et Vincent je vais à mon tour essayer de raconter mon marathon des sables
Non par orgueil mais dans le but d'essayer de faire partager.
C'est une aventure puissante qui vous fait serrer les dents, qui je pense les fera encore briller des années après.
Une aventure qui nous fait vibrer !
Je prends tellement de plaisir à lire ceux des copains que je me dois d'essayer de faire partager cette expérience qui vous a tous fait rêver à travers les photos et reportages


Au-delà de la performance sportive? vivre le marathon des sables est une aventure extraordinaire.
Une nouvelle façon de vivre le sport quelque soit la raison de notre présence, Certains partent pour une quête, un refuge contre la tempête, à la recherche d'une sérénité, s'extraire du monde réel, le dépassement de soi, une parenthèse dans notre vie.

Le désert peut-il nous offrir nos rêves...

Pendant une semaine finit la crème antirides!
Seulement l'essentiel : Ressentir la nature, vibrer avec les émotions et en remplir mon sac.

1012911_10152333172996737_1810503664_n.jpg Le sac !!
Mon ami mon Ennemi.
Je l'ai tantôt aimé, tantôt haï
Fait et refait tous les soirs, appris et compris son contenu
Ne rien oublier, juste l'essentiel, pas de superflu, le poids ? une clé de réussite
Finalement 8,5 kg sans eau
J'arrive prêt physiquement et moralement10154771_10202857884839508_940841673_n-copie-1.jpg
aucune appréhension l'entraînement est là
Mais je sais rester humble devant cette épreuve
l'envie est présente aussi,
je me sens l'âme d'un guerrier
Un lion dans le désert
Il nous revient à tous de tracer notre route
J'ai choisi d'être là.
L'avantage d'une course à étapes, c'est que le bonheur est renouvelé chaque jour, chaque jour un départ et une arrivée, son lot d'émotions

L'équipe Io sogno (je rêve) est magnifique
Une ode à la convivialité
avant tout un partage nous sommes tous là pour ça
Se battre pour l'équipe

Premier contact avec le bivouac après une nuit mouvementée
Six heures de bus entre la recherche d'un sommeil récupérateur et la contemplation des paysages
Les tentes berbères posées en cercle numérotées selon les nationalités
Nous serons dans la tente 18 : 7 hommes une femme.
un choix qui sera judicieux, primordial, la réussite d'une belle aventureMDS-Vincent-6-copie-2.jpg
Un concentré de valeur humaines
Le bonheur se trouve ds la tente 18 : tous novices et 100% finisher

Samedi, contrôle des sacs
photo officielle, prendre le temps pour soi, privilégier le repos c'est déjà bon d'être ici

Dimanche Six heures début de l'autonomie
La nuit fut froide, le sommeil perturbé
Dormir sur un tapis, abandonné toute idée de confort
Le confort ? pendant cette semaine il est absent il est de l'autre côté des tentes chez les commissaires
Le marathon des sables est soi-disant la course la plus dure
Ça commence dès la première nuit
Avec la gestion du sommeil, des douleurs, de la nourriture de la chaleur
Et l'eau : indispensable.


Première étape
Le départ...une ambiance de folie on a tous hâte de commencer cette aventure
Je trépigne d'impatience
Enfin la musique nous libère et nous fait vibrer
Devant nous les dunes de Merzouga les plus hautes dunes de sables du Maroc
A quelques enjambées
MDS00001 (226)Elles sont époustouflantes et cruelles en même temps
Comme à mon habitude mes départs sont prudents, je profite du paysage
2 km plus loin, l'entrée des dunes, magnifiques
J'essaye de comprendre ce relief, savoir où poser le pied
J'apprends des anciens je scrute les plus téméraires
Les hélicoptères nous survolent, tantôt à basse altitude, en crabe
C'est juste hallucinant.

La première étape est de 34 km, je vais mettre 5h38 pour la rallier avec des dunes pleins les yeux
Traversé de plateau caillouteux et sablonneux
Et une belle arrivée en compagnie de Vincent main dans la main
Puis arrive le rituel le même à chaque arrivée
Un thé, trop sucré à mon goût
L'attente pour récupérer nos trois bouteilles si précieuses
Se décharger du poids du sac ,s'hydrater
J'ai les muscles meurtris, les épaule froissées
Se mettre à l'aise est une priorité, d'abord la chaussure gauche toujours la gauche :-))
Puis arrive l'inspection des pieds
Je me surprends même à leur parler ,les remercier

Deuxième étape
1461601_10202254291531953_8361270653775887603_n.jpg 
41 km avec des dunes ,des oueds, des cailloux ,terre sablonneuse
Je suis dans le contrôle, je prends la décision de faire une
belle étape
Entre une gestion des douleurs aux épaules et le frottement des pieds
Au bout de 25 km la chaleur m'accable, me déstabilise
Je garde le bonheur et la satisfaction de terminer l'étape avec l'équipe au complet
En 5h47 nous arrivons 187,188,189
Puis le même rituel en prime un massage de l'a
10177303_10202254252050966_2208391003757823936_n.jpgmi Vincent entre toilette et dégustation du taboulé
L'ambiance au bivouac allège le poids des douleurs, le corps relâché, l'esprit apaisé
Et ce jour qui décline le froid qui s'installe, une intimité retrouvée dans le duvet à la recherche de ce sommeil récupérateur

Troisième étape
37,5 km
Détresse d'un corps en souffrance
C'est une journée sans!
Sentant très vite qu'elle sera difficile je ne suis pas dans le coup
Gilles et Vincent sont en mode attaque
Alors je m'accroche,
je m'offre des momen
1908268_10152384395106737_4591105526226339171_n.jpgts de réflexion comme un leitmotiv
Plus j'avance plus je m'enthousiasme
Le temps s'écoule, le sac me meurtrit les épaules
J'ai beau me dire "mais non il n'est pas lourd, plus léger qu'hier"
Ça ne marche pas

 Les pieds sont douloureux
Franchir ces dunes, ces pierres qui jonchent le désert, le sol craquelé sous une chaleur accablante
J'arrive desséché les traits tirés en six heures 03
Vincent immortalise le moment, je m'allonge à bout de force.
Demain la grande étape, pour le moment se refaire une santé
Les mouches commencent à nous tourner autour, une toilette s'impose !

Quatrième étape
La grande, celle qui fait peur
Pour certains l'aventure pourra durer 34 heures

1622189_10152384407221737_161020664937045730_n.jpg L'équipe Io sogno , aux avant-postes, heureuse
le visage radieux impatient de prendre le départ
Cette journée va déterminer le classement de chacun
Nous, coureurs d'ultra, sommes sereins
Une petite danse sur happy de Pharrell Williams nous propulse, nous dérouille les jambes
Jusqu'à en oublier la douleur des ampoules quelques instants
Nous voilà sur un terrain sablonneux
Puis cette ascension du djebel EL OFTAL avec une pente à 30 %
nous offre un panorama de toute beauté
La descente technique, le pied est sûr, l'assurance est là
Nous dévalons avec Vincent a grandes foulées le Pierrier en coureur montagnard

 Notre terrain de jeu !!
10174811_10152384407076737_8473390188278141999_n.jpg Je suis comme le lion courageux avec une souplesse retrouvée
 Puis arrivent les dunes
Les longues lignes droites déstabilisantes, ennuyeuses
Le vent est chaud, aucune ombre pour s'abriter
Je passe de CP en CP
Je croise aux CP Gilles et Vincent, tout va bien pour eux
Je découpe ma course
Mille paysages, le regard curieux des enfants qu'on croise au milieu de nulle part
La traversée du lac desséché est terrible, la chaleur écrasante, oppressive
Et cette eau qu'il faut gérer, lutter contre le sommeil
Enfin les lumières du bivouac, je retrouve du tonus
Je me secoue pour finir sous les 14 heures

Cinquième étape
MDS Vincent 5Journée de repos pour nous, alors on flâne, notre activité est au minimum
Certains sont encore en course
Plus qu'un marathon et c'est déjà fini
En attendant, se poser. Le plus dur est derrière et le bonheur de continuer cette aventure est devant nous
Passage obligé vers les docs pour le confort de mes pieds.
Tout le bivouac accueille les derniers, une vraie reconnaissance de ce qu'ils viennent d accomplir
Puis arrive la lecture des mails, seul contact avec la famille, les connaissances de près ou de loin les copains de club ...quel bonheur, quelles émotions dans la lecture de vos messages ,merci .

 

Sixième étape
Mes pas me guident sur cette dernière étape
J'en oublie les douleurs aux épaules, les douleurs aux pieds
Il fait moins chaud
Je passe au-dessus des difficultés, au-delà des obstacles
Aller plus loin, plus vite
Je retrouve une foulée sur ce terrain plat
Bientôt 42 km au bout desquels je parviens ce jour le corps fatigué ,les pieds abîmés
10277673_10152384395231737_1673449764784927125_n.jpg
 Cependant heureux de l'effort accompli
 Puis l'arche...personne derrière moi, je peux savourer ce moment
Je profite, je ralentis mon allure
Je suis heureux, la médaille autour du cou, l'accolade de Patrick Bauer
Puis l'arrivée des copains de la tente 18
On refait la course, le visage rougi par le soleil omniprésent
Nous sommes finisher et heureux, les yeux remplis de bonheur et de fierté

Septième étape
Ce matin ,7,7 km à travers les dunettes
Plus de chronos, la marche s'impose en compagnie de Vincent
Direction les bus pour Ourzazatte
Le bonheur de retrouver de nouveau certaines saveurs, se laver à grandes eaux
Déguster des cornes de gazelles et un bon tajine fera partie de notre distraction
Visite des souk en vrai touriste , agréable odeur des épices ..se faire avoir en achetant des poteries ..un vrai touriste
Et le must ,un hamman ,gommage et agréable massage , après 250 km ds le désert mon corps est apaisé .

Cedric Dupuich Equipe io sognoMDS00001 (170)
Mds 2014 tente 18

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22 avril 2014 2 22 /04 /avril /2014 20:48

MDS-Gilles-3.jpgPAR GILLE CHIRON : ( Tente 18 ) :  162ème en 35h32'36"
Quelle expérience ! Bien plus qu'une course c'est avant tout une expérience humaine. Bien sûr il y a les champions, les têtes de liste comme dans tout sport, ils sont là pour nous montrer la voie, ouvrir le chemin et nous permettre le temps d'une semaine de les côtoyer, les photographier et de faire un peu partie de leur famille sportive !
Mais l'ambiance, la convivialité de la tente berbère qui nous est attribuée restera un grand moment autant par la bonne humeur qui s'installe dès le départ, que la solidarité, les mots sympas, les larmes, parfois la douleur, les échanges multiples de nourriture, médicaments, et accessoires pour améliorer l'ordinaire. Merci !
L'épreuve par elle-même, (240 km sur 7 jours), malgré les conditions climatiques, la nature du terrain et les douleurs physiques de chacun, n'est pas une course extrêmement dure pour quelqu'un qui s'entraîne régulièrement. Grâce aux docs-trotteurs quoi soignent nos bobos chaque jour, les concurrents peuvent repartir le lendemain, certes dans la douleur, mais repartir est l'essentiel pour l'ensemble de la caravane. Nous sommes certes des compétiteurs, mais nous souhaitons avant tout être Finishers de cette 29e édition.
Vincent, Cédric et moi-même, arrivons à Paris 3 heures avant le décollage avec la participation d'un chauffeur de luxe, William, qui a gentiment fait l’aller-retour. Merci ! Aussitôt franchis l’aéroport, nous sommes dans la course : des centaines de coureurs harnachés de leur sac-à-dos (tout comme nous) sont la pour vivre une expérience, qui avec du recul, est extraordinaire !!!
Atterrissage dans la ville de Ouarzazate. Le dépaysement est total et la chaleur un peu plus élevée qu'à Paris. Les six heures de bus nous permettent de nous reposer par intermittence et de regarder les magnifiques paysages qui nous entourent.
L'arrivée au campement est bien rodée. On nous indique qu'il reste trois places dans la tente 18 composée déjà de Pierre-MDS-Vincent-6-copie-1.jpgAndré, Laurent, Éric, Fabrice, et Christelle. Le hasard fait souvent bien les choses !!!
Puis tout s’enchaîne : dîner par l’organisation, première nuit assez fraîche au bivouac, contrôles, préparation des sacs, briefing, repas, échanges amicaux et repos avant l'échéance de la première étape le lendemain.
Étape 1 : 34 km
Après les photos pour la presse, le briefing de départ, la musique immuable d’AC/DC, les lions et lionnes sont lancés pour une étape magnifique de plaines rocailleuses, de dunes rouges, de passages dans des gorges désertiques, et de nouveau dans les dunes magiques mais interminables, avant une arrivée grandiose !
Les arrivées sont toujours identiques, petit thé par le sponsor officiel du marathon des sables et remise de trois bouteilles 1,5 litres d’eau. S’en suit un petit lavage avec un minimum d’eau et un buff en guise de gant de toilette. Préparation du fameux taboulé qui vous refait un homme ! Il est environ 14h30 heure locale, la récupération est amorcée ! Cette première étape était pour moi très agréable, avec des montées et des descentes dans les dunes (elle sera la moins roulante des 6 autres ) ! Pas de bobos pour le moment (juste les trapèzes qui sont douloureux par le poids du sac). Nous passons notre soirée à refaire la course dans la tente 18, et la préparation des repas qui se révèleront excellents pour des produit lyophilisés.
La nuit sera excellente avec un coucher à 20h30.
Étape 2 : 41 km
Réveillés aux alentours de 5h30, préparation du petit-déjeuner, du sac il faut se dépêcher, les hommes bleus vont démonter rapidement les tentes nous laissant ainsi au soleil sur notre tapis. L'attente avant le départ (8h30) est toujours longue, mais nous nous rendrons compte par la suite qu'elle est nécessaire quand les pieds ont besoin de préparation !
Le départ est donné : une ligne droite de 12 km sur un terrain sablonneux avec cailloux avant le CP1. Vincent et moi faisons ce matin route commune. Cédric est parti à une allure plus soutenue. La chaleur monte, le terrain est exigeant, il est de temps en temps difficile de garder le rythme. J'adapte mon allure en fonction de la température de mon corps et du ressenti de mon cœur ! Au dernier CP nous retrouvons Cédric. Nous finirons tranquillement en alternant marche et course selon le terrain, pour une arrivée mémorable de l'équipe !
L'après course se passe exactement comme l'arrivée de l'étape1.
Pas de blessures apparentes, mais je sens bien que les pieds chauffent inexorablement !
Les trapèzes ne me font plus mal, l'habitude s'installe et le poids du sac descend.
Étape 3 : 37,7 km
MDS00001 (170)Cédric ce matin est parti un peu en retrait, Vincent et moi faisons comme hier course commune ce qui est très agréable. Chaque contrôle (12km) nous donne l'impression de vivre une arrivée et nous prenons plaisir à nous congratuler. Nous continuons ainsi jusqu'à la fin de l’aventure.
Au départ du CP 3 je sens que je suis en surchauffe, la température est brûlante il me faut descendre mon allure. Je demande à Vincent de continuer sa route ; nous avons beau être une équipe, le temps de chacun est déterminant pour le groupe.
Je me mets alors en mode rando rapide, je sors les bâtons et je finis ainsi alternant marche et course.
Vincent est arrivé une vingtaine de minutes avant moi et Cédric ne tarde pas à arriver derrière moi. L’après-midi et la soirée se passent comme pour les deux autres étapes !
Étape 4 : 81,4 km
Après le départ habituel Vincent et moi partons sur les mêmes bases tandis que Cedric est légèrement en retrait. Entre le contrôle 3 et 4 la chaleur et insoutenable et l'eau va nous faire défaut, nous avons sûrement échappé du justesse à la déshydratation !
Au CP 4 je propose à Vincent de faire un arrêt pour manger correctement et permettre ainsi à la chaleur de descendre dans nos corps et dans le ciel. Il est 15h45, 30 minutes après notre arrivée Cedric arrive à son tour. Il n'a pas envie de s'arrêter manger et préfère continuer son chemin, nous le laissons repartir. Une quinzaine de minutes après nous reprenons notre course, la température commence à baisser nous gardons un rythme soutenu et rattrapons Cédric. Deux kilomètres avant le CP 5 je sens une ampoule exploser sur mon pied droit. Il faut que je m'arrête voir les docs-trotteurs afin de la traiter avant de repartir sinon je risque de finir difficilement.MDS Vincent 3
15 minutes après notre arrivée au CP, l'ampoule est soignée me permettant ainsi de finir la course. Il est certain que c'est un peu handicapant, mais je n'ai pas le choix et nous sommes pas mal au niveau temps. Cédric arrive pour se faire soigner à son tour. Les 22 derniers kilomètres seront plus difficiles, nous alternons la marche et la course sur un terrain meuble assez difficile !
Fin de l'épreuve aux alentours de 22h30, nous sommes contents de notre résultat et à ce moment-là nous pensons être mieux classés ... Ca va vite devant !!!
Cédric ne tarde pas à arriver et nous entamons notre nuit qui va égrener au fil des heures l'arrivée des concurrents de notre tente.
Le lendemain, journée de repos qui nous permet de faire un brin de toilette, de la lessive, de faire soigner nos pieds et de regarder tout au long de la journée les arrivées de la grande étape.
Les derniers arrivent aux alentours de 16h30 avec une haie d'honneur et des tonnerres d'applaudissements, chapeau !!!
La distribution d'une canette de Coca-Cola va agrémenter fortement notre journée !
J'attends 2 heures pour faire soigner mes ampoules, malgré les 57 docs en place.
Un grand merci à eux !
Étape 5 : 42 km
MDS-Gilles-2.jpgMDS-Gilles-1.jpgVincent et moi faisons partie des 200 premiers qui partent en décalé de 1h30 sur les autres partis à 7h. Nous rattrapons des concurrents à partir du 8ème km et ce tout au long du marathon. Je trouve que nous avons un bon rythme. Après le CP 1 Vincent, que je sens très à l’aise, termine en trombe sur les 30 derniers km à un rythme beaucoup plus soutenu que le mien. Pour ma part, je maintiens mon allure, faisant extrêmement attention à ma pose de pied un peu douillette. je sens bien que de nouvelles ampoules se forment sur celles déjà traitées par les docs.
A 2 km de la ligne d'arrivée les émotions sortent, c'est bon !!!
Une fois la ligne franchie impossible de se lâcher. Trop de monde sous l'arche pour recevoir avec protocole (chiant) la médaille et la photo avec le directeur de course !
L'aventure est terminée et la douleur de mes pieds est insupportable : un mélange de brûlure et de démangeaison. La fin de soirée est longue, entre la remise des prix d’1h et le magnifique concert de l'orchestre de Paris (que j'écoute de ma tente les pied au frais et libres !).
Étape 6 : 7,7 km solidaires
Petite ballade pour récupérer nos bus et permettre des départs différés en fonction des arrivants.
3h30 de bus à dormir et manger les sacs lunch de l'organisation.
Installation à l' hôtel et .... Première douche depuis 7 jours c'est trop bon !
Repos sur un vrai lit avant un petit tour de reconnaissance en ville pour boire une bière de récupération bien méritée !
Repas (nul) à l'hôtel et gros dodo sur un vrai matelas.
Étape 7 : visite
Après un petit-déjeuner classique, nous partons visiter la ville et faire quelques courses. Puis déjeuner dans restaurant typique et passage à l'hôtel de l'organisation pour récupérer nos maillots de finishers. L’après-midi repos, barbier, hammam et massage !
Petit couscous et début de soirée dans la boîte de nuit qui sert à l’organisation. Mais rapidement la soirée devient longue et centrée sur des groupes déjà formés qui ont partagé des choses ensemble (personne à par nous trois de la tente 18).
Retour à l'hôtel pour une nuit courte départ à 6h.
Étape 8
Bus, attente, avion, bus et TGV retour en famille à 17h45 (super).

20100407-PERMDS2010 MG 1074m
Conclusion : le marathon des sables est avant tout une aventure humaine en plein désert, où le temps semble s'arrêter pendant 8 jours. Une semaine concentré sur soi-même à se protéger du sort que l'on s'inflige à vouloir finir absolument ce marathon un peu spécial, à essayer de partager pendant cette semaine un bout de rien ... avec des gens parfois inconnus ! Perdre sa pudeur et retrouver la tolérance ! Essayer de comprendre que l'eau nous est essentielle à notre survie !
Le résultat final n’a que peu d'importance au regard du morceau d'histoire qui vient de se marquer à jamais dans notre mémoire. Et c'est pour moi l’essence-même de cette aventure.
Comme tous les chanceux participants, je raconterai aux suivants mon histoire avec l'œil humide !
Pour moi, la page est tournée et c’est très bien ainsi ... Les plus belles histoires ont une fin !!!
Maintenant j'espère, (In Shaa Allah) un jour pouvoir redonner aux futurs marathoniens des sables, le dévouement que les bénévoles m’ont apporté avec professionnalisme, gentillesse et sourire !
Remerciements :
Ma femme Sophie pour me laisser vivre mes rêves !
Mes enfants Amandine, Justin, Victoire et Jules de supporter un fils unique !
Vincent et Cédric, grâce à vous j'ai écrit une partie de mon histoire.
Vous faites partie des personnes à qui il n'y a pas besoin de parler pour se comprendre ! Merci.
Mes amis : un grand merci pour les messages, les gentils mots ou attentions qui m’ont accompagné pendant la préparation et pendant la course. Parfois juste un sourire, une affection tactile, qui me permet d'être vivant !!!
Les autres : chaque jour vous me donner la force de vivre et me prouver que je ne suis pas mauvais, j'apprends juste à devenir meilleur !
As-salâm 'aleïkoum
GillesMDS-Vincent-5.jpg

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Profil

  • Kiki 86
  • FINISHER  : Diagonale des Fous à La Réunion 2002, 2007,1010 et 2012  ou je me classe 1er V3 , 2017, 2021 et 2022 avec ma fille Céline
UTMB : 2008 et 2011 
Marathon des Sables 2010
Objectif : 2023 : Senpereko Trail - Montan'Aspe - Trail des Cathares
Date de naissance : 28/08/1952
  • FINISHER : Diagonale des Fous à La Réunion 2002, 2007,1010 et 2012 ou je me classe 1er V3 , 2017, 2021 et 2022 avec ma fille Céline UTMB : 2008 et 2011 Marathon des Sables 2010 Objectif : 2023 : Senpereko Trail - Montan'Aspe - Trail des Cathares Date de naissance : 28/08/1952

L'ULTRA POUR HORIZON

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DERNIERS RECITS D'ULTRA-TRAILS

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L'ÎLE INTENSE "LA REUNION"

REUN---1036-.JPG

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° RANDOS ET RANDOS-TRAILS SUR L'ÎLE DE LA REUNION    ....."ENTREZ et DECOUVREZ"

 

° L'ÎLE DE LA REUNION EN PHOTOS CHAQUE SEMAINE : C'EST  ICI

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WIDY GREGO "SPORTIF DE L'HUMANITAIRE"

Mes Entraineurs

Roger PASSARD : Professeur d'Education Physique et Responsable de l'ALERTE GRAYLOISE, qui de cancre en sport m' a propulsé en deux ans "Champion Départemental Minime de Cross" à PORT SUR SAÔNE

Jean-Pierre GORGEON : Co-équipier et Entraineur à l'ASPTT POITIERS m'a permis de réaliser :

  • 15'48"70 sur 5000m, le 14/06/1997 lors des Championnats Régionaux à NIORT (45ème Perf Nationale V1et 5ème M45)
  • 33'42"60 sur 10 000m le 31/05/1998 lors des Championnats de France Vétérans sur Piste à LYON PARILLY ( 21ème Perf Nationale V1 et 6ème M45)
  • 2h40'46" au Marathon le 12/10/1997 lors des Championnats de France de Marathon à REIMS (95èm Perf Nationale V1 et 31ème M45)

Jean-Claude FARINEAU : avec qui j'ai partagé depuis 1984, les charges, parfois lourdes de Dirigeant à l'ASPTT POITIERS, puis au PEC à partir de 1999. Grâce à ses entrainements judicieux, je n'ai jamais raté une qualification aux Championnats de France de 10 km

Jean-Paul GOMEZ :
Finaliste Olympique du 10 000m à MONTREAL en 1976 : Bien que ne m'ayant jamais entrainé m'a toujours apporté des conseils éclairés, notamment lorsqu'il entrainait  à mes côtés l'école d'Athlétisme de L'ASPTT