L’avant course :
Ma diagonale commence en janvier 2009. Pascal, avec qui je m’entraîne, souhaite faire cette course. Sachant que le PEC la prépare, je lui conseille de rejoindre ce club. Je m’inscris également.
A cette date là, la diagonale ne me fait pas rêver et surtout je ne pense pas être prêt pour faire ce genre de course.
J’ai très peu d’expérience en trail et en ultra (+de 42km), je viens de faire au mois d’octobre les Templiers (70km) et j’ai bouclé la Sainté-lyon l’année d’avant, cela me parait peu pour passer d’un coup à de l’ultra distance
Nous voilà donc au club. Je fais la connaissance de Christian, notre coach ; "La diagonale? Pfff la première fois que je l’ai faite je n’avais fait qu’un marathon, viens avec nous ! Pas de problème».
Je ne suis pas trop dur à convaincre… Fin janvier, ma décision est prise je serai au départ en octobre! Nous serons 10 du club sur la course.
Le jour J :
En cet après-midi du jeudi 22 octobre, je suis allongé sur mon lit et je ne trouve pas le sommeil, j’ai vérifié 152 fois mon sac et la pression monte ! Les sms arrivent sur mon portable: les encouragements des copains, de la famille, ; Mobiliser tout le monde autour d'un projet humanitaire c'est bien, mais du coup, tout le monde te suit, bonjour le stress !J’ai fait une bonne saison avec le club, des bonnes courses, sans trop de pression, mais là, je réalise que c’est l’objectif de l’année et la pression est bien présente. Je vais partir ce soir, à 22h00, pour 163km et 9600m de dénivelé positif. Je ne réalise pas bien ce que cela représente, mais, il va falloir les boucler, quoi qu’il arrive! Je suis au pied du mur…
Je suis rassuré par la qualité de l’entraînement proposé par Christian et par mon état de forme. Je me sens bien préparé, mais je suis inquiet sur deux points, mon inexpérience sur ce genre d’épreuve et ma cheville gauche.
Je me suis fait une entorse de la cheville que je traine depuis cet été. Mon kiné m’a dit que si je me la tordais à nouveau, je ne pourrai pas repartir, c’est très rassurant!
Alors depuis 2 mois, je cours avec cette angoisse. Strapping ou pas? J’essaie tout et son contraire à l’entraînement pour ne pas être gêné ou me blesser pendant la course. Finalement je pars avec un strap par sécurité, ça rassure plus ma tête que ma cheville.
Je n’ai pas d’objectif, à part celui de finir. Je n’ai fait aucun calcul, pas de temps de passage. Je sais juste qu’il faut arriver à Cilaos (90ème km) en bon état physique et mental, car c’est là, que débute la course. J’espère juste y arriver demain avant la nuit.
Jeudi 22 octobre 22h00: c’est parti!
Voila plus d’une heure que l’on est comme des sardines dans une petite boite, sur la ligne de départ.
Une organisation à l’africaine, 2500 coureurs vont passer dans un goulot d’étranglement, on patiente avec une énorme sono dans les oreilles, ambiance….
La diago, c’est la fête. Cette course, c’est un truc énorme pour tous les réunionnais, les radios en direct pendant toute la course, la télé aussi canal + horizon en direct, des supporters partout sur la course, les encouragements, les bénévoles, la course c’est l’évènement de l’année.
A la radio, il y a une bande annonce disant: «Comme un musulman doit aller une fois dans sa vie à la Mecque, un Réunionnais doit faire une fois dans sa vie le grand raid!»
C’est parti! Une cohue énorme, le bruit, les flashs, les cris, des gens partout sur la route et à côté!
J’attrape le sac à dos de Christian et ne le lâche pas… ça part à fond ! Je n’ai pas couru depuis au moins une semaine, la chaleur, l’humidité, la pression, ça va vite, je suis déjà dans le rouge.
On a perdu Daniel et Lulu, je m’accroche à Christian. Sa présence et son expérience me rassurent… Première erreur! Je fais sa course et pas la mienne, je vais rapidement me sentir mal.
Le départ, c’est 16km de «plat» où, selon Christian, il ne faut pas trop trainer car sinon ce sont les bouchons pour prendre le sentier qui monte au volcan. Seulement, au bout de ces 16km de «plat» on est quand même à 800m de dénivelé positif. Ça représente une pente de 5%, un joli faux plat pour la Réunion mais dans la Vienne, on appelle ça une côte…
Quand je ne suis pas bien, je sais ce qu’il se passe…Mes intestins me lâchent, je sens que ça monte (enfin ça descend plutôt….) et je dois couper mon effort. Je dis à Christian de partir en le rassurant, mais le mal est fait… Je m’arrête une première fois pour fertiliser la forêt primaire…
Je ne peux plus accélérer sous peine d’avoir à nouveau mal au ventre, je prends un petit rythme, je ne suis pas bien, je m’arrête à nouveau avant le ravitaillement du sentier du volcan. Après le ravito, le chemin monte droit dans la pente jusqu’au sommet, étroit, gras, technique et très très pentu. En 8km, on monte à 2600m d’altitude ; Bienvenue à la Réunion !
La montée se fait lentement, ça bouchonne légèrement, le rythme est peu élevé, genre randonnée active. Du coup, ça va me sauver, mon ventre va récupérer et se stabiliser. Je ne suis toujours pas bien, j’ai la nausée mais je ne me vide plus, c’est déjà ça.
Arrivé en haut, il fait froid ; autour de 2°. Je me couvre car si je prends froid sur le ventre, c’est fini pour moi Le spectacle du volcan est magique en pleine nuit. Tout le monde s’arrête pour voir les coulées de lave.
J’arrive au ravitaillement de la route du volcan (31km), je n’ai pas faim mais je me force à m’alimenter. Je jette mon produit énergétique qui m’écœure et j’improvise avec de l’eau et des raisins secs. Je croise les copains de Pascal, : Philippe et Sébastien mais je ne suis pas très causant, préoccupé par mon ventre et ma cheville.
Le terrain est très difficile à la Réunion, les sentiers sont pleins de cailloux, de racines, de boue. C’est le paradis de l’entorse et du mauvais appui ; Dans le halo de ma frontale il est nécessaire d’anticiper les aléas du terrain et cela me demande beaucoup de concentration.
Vendredi 23 octobre:
Je ne fais pas un bon début de course et je ne suis pas bien. J’ai l’impression de faire de la survie, en même temps j’essaie de positiver en me répétant que je ne suis pas blessé, je suis encore dans la course, et je dois attendre que ça aille mieux! Il faut être patient en ultra, ultra patient car la course est encore longue, très longue, j’ai fait 31km en 6h30 de course.
Le jour se lève, la température s'élève, le moral aussi. Pourtant il ne fait pas très beau. Les paysages ressemblent étrangement à l’Auvergne, des près avec des vaches. Les sentiers sont moins techniques, on peut courir, je vais un peu mieux.
J’arrive au ravitaillement de «Mare à boue» (qui porte bien son nom) au 50ème km, après 9h20 de course. Je n’avais jamais couru aussi longtemps. Fétéa et Hélène sont là. On discute un peu, ça fait du bien de parler à quelqu’un de connu. Elles m’informent que Christian est passé il y a 40mn, ça me surprend qu’il n’ait pas plus d’avance.
A "Mare à boue" c’est l’armée qui tient le poste de ravitaillement. Ça rigole à moitié, un capitaine en treillis vous pointe à l’arrivée avec un «Bonjour Alain» bien ferme qui réveille. Les lits de camps sont alignés dans un champ, en plein vent et sous la pluie.
Le cari poulet avec les pâtes sont bons (je ne me souviens pas que l’on mangeait si bien à l’armée), mais, je me force toujours à m’alimenter. Je retrouve Philippe. On mange tous les deux assis sur un lit, vec une couverture sur les épaules. Ça fait un peu camp de réfugiés.
Au fil des kilomètre
s, je vais mieux, je n’ai plus la nausée, je n’ai plus mal au ventre et je trouve un bon rythme. J’aborde la forêt de Bélouve et enfin je me sens en course 11h00 après le départ, je n'avais jamais fait plus de 10h20 en course!
Cette forêt est un piège, on monte, on descend, on tourne, on vire, le terrain est gras, des racines partout, on s’aide des mains pour monter, pour descendre.
Je suis avec un petit groupe de Réunionnais et on avance bien, mais déjà ça râle dans le peloton (en créole!) sur la difficulté de la course par rapport aux éditions précédentes et à l’utilité de nous faire passer dans cet "enfer vert".
Cette portion me parait interminable et j’y laisse pas mal de force. Enfin la sortie, un petit ravitaillement et c’est la descente sur Hellbourg assez technique. Je reçois un appel de Christian, il arrive au ravitaillement, je suis environ 20mn derrière lui. Finalement, malgré mon début de course catastrophique, je ne suis pas très loin de lui.
Arrivé à Hellbourg (71ème km), je n’avais jamais fait autant de km. Quelle surprise de trouver Christian au ravito! Il vient de se faire masser et va repartir. Je prends le temps de m’alimenter et surtout de faire le plein d’eau car je vais aborder la grosse difficulté de la journée: le cap Anglais! C’est aussi une nouveauté de cette édition et c’est un gros morceau 1500 m de dénivelé positif en 10km.
Le cap Anglais m’a tué:
Je quitte le ravitaillement avec le moral et de bonnes sensations. Je vais commettre une deuxième erreur, je me sens enfin bien dans la course après 14h00 donc…. je fonce! Crétin que je suis! (1% de tête, 99% de physique).
Je monte le cap Anglais comme une mobylette, je double beaucoup de concurrents , mais le cap Anglais, c’est dur, très dur et c’est long puisque l’on met presque 4h00 pour arriver au refuge du piton des neiges.
J’analyse mal la situation, je n’ai que 1,5 litres d’eau avec moi donc je me rationne. Je ne m’alimente pas assez et je me vois beaucoup trop fort. Je vais payer l'addition cash mais je ne le sais pas encore.
Je rattrape Christian après environ 3h00 de montée et bien sûr, je ne l’attends pas. Je me dis que je l’attendrai en haut, que je ne dois pas couper mon effort. Je ne vois pas les signes avant coureurs de la défaillance, des petits signes de fatigue, des troubles de la vision, des petits manques de lucidité.
La défaillance arrive d’un coup, plus de son, plus d’image et surtout plus d'essence dans la mobylette !
Je m’assois au milieu du chemin sur un rocher, je suis blanc, livide. Sur le coup, je pense que c’est mon ventre qui me joue à nouveau des tours.
Christian me rattrape et me demande si ça va. Je lui réponds que je vais gérer, mais en fait, je ne gère pas grand-chose, j’ai beaucoup de mal à raisonner et à rester lucide.
Je suis à 2500m d'altitude, je me souviens du vent fort et d'être au milieu des nuages, j'ai tout de suite très froid. Sortir le coupe-vent de mon sac me demande un effort énorme. Je n’ai plus de force, je réagis à l’instinct. Revenir aux fondamentaux pour se sauver: se couvrir, boire, prendre du sucre, je passe en mode survie.
Ma diagonale s’est jouée là, à cet instant précis. J’avais un altimètre avec moi, il me restait 100m de dénivelé positif à faire jusqu’au gîte du piton des neiges. Là bas, je pourrai me ravitailler et me reposer, si je reste là, personne ne viendra me chercher, je peux être vite en hypothermie et ne plus pouvoir repartir. Je pense que j’étais à 1km du sommet, mais ce petit kilomètre, j’ai dû mettre entre 30 et 45mn pour le faire (99% de tête, 1% de physique).
J’ai du mal à rester lucide, je n’ai plus de force, mon corps réclame du sommeil et je ne pense qu’à ça: dormir. Je lutte pour rester éveillé, je repars, mais c’est trop dur, je me rassois, je n’y arrive pas. On me secoue, je me réveille en sursaut, devant moi un concurrent qui me demande si ça va?. Incroyable je me suis endormi sans m’en rendre compte! Je réponds "oui oui ça va" par réflexe. Je repars, il faut marcher ne pas s’arrêter, un autre concurrent me réveillera à nouveau plus loin, merci à eux et à la solidarité des traileurs.
Je me souviens que je me parlais. Je me disais que c’est la tête qui commande, pas le corps! Que je devais le faire, que je pouvais le faire. Je cherchais le gîte des yeux au détour des lacets, la tentation de dormir sur le côté du sentier était grande, je cherchais un coin tranquille pour étendre ma couverture de survie où personne ne me verrait et où on me laisserait dormir.
Je me souviens d’avoir eu mal et de m’être vraiment arraché comme jamais, d’avoir pensé à des trucs forts et d’être allé puiser en moi très très loin pour passer.
Puis le gîte est arrivé. Je zappe le ravito, je veux juste dormir….enfin!
Il y a une tente d’infirmerie en contre bas. Elle est pleine de coureurs en détresse. Je m’affale sur la terrasse du gîte en plein vent, j’appelle Sylvie (qui attend en bas à Cilaos) pour la rassurer et lui demander de me réveiller dans ½ heure. A côté de moi, un autre traileur s’allonge, tout blanc, épuisé qui ne cherche qu’à dormir lui aussi. Une bénévole arrive et nous dit de ne pas rester là, il y fait trop froid (c’est pas faux…), que le gîte est ouvert, que l’on peut dormir à l’intérieur. Quelle bonne nouvelle ! Je la suis, on traverse la salle de restaurant et on arrive dans les chambres. Je découvre l’envers du décor pour la première fois. Dans la chambre il y a 5 lits de 3 étages chacun, tous pleins de traileurs. Les chaussures de trail dépassent de chaque couchage. Au sol une dizaine de coureurs est sous des couvertures de survie, plus une place. Des chambres comme ça, il y en a 3 ou 4. L’hécatombe ! Le cap Anglais a fait son œuvre. Dans le cap Anglais, la machine à broyer du coureur fonctionne à plein régime et je fais partie des victimes.
Je trouve un petit coin sous un lit, la bénévole me demande si elle doit me réveiller, je lui réponds oui dans 30mn, je pose ma tête sur mon sac, il fait chaud, je dors de suite.
On me secoue, j'ouvre les yeux.. La petite dame me dit que je dors depuis 30mn. Comment fait-elle pour gérer le sommeil de 50 traileurs sans se tromper? Merci dix mille fois à tous les bénévoles de cette course, ils sont extraordinaires !
Je me lève et là miracle, je suis en pleine forme (enfin presque….)! J’ai faim, je mangerais une vache, c’est bon signe! Je sors, ça caille sévère en bas du piton des neiges! Je bois une soupe pour me réchauffer, je tremble tellement que la moitié du bol passe par-dessus, ça fait marrer les bénévoles. J’en prends une deuxième avec plus de succès, je mange à peu près tout ce que je trouve et bois un coca. Les vêtements chauds m’attendent en bas à Cilaos. Pour l’instant, je ne vois qu’un seul moyen pour me réchauffer…Courir!
Cilaos:
J’attaque la descente vers Cilaos, longue et difficile d’après Christian.
Je fais le point. J’ai retrouvé toute ma lucidité et je peux à nouveau raisonner. J’ai couru comme un con (analyse brillante de la situation non?) et j’ai failli tout perdre dans le cap Anglais. Mais il faut positiver! Je suis toujours en course et ça va bien, je ne suis pas blessé, je me sens comme un survivant.
L’ultra c’est comme un jeu vidéo, au départ, on a plusieurs vies mais on ne sait pas combien. J’en ai utilisé une ce matin au volcan, une autre dans le cap Anglais, je suis à ma troisième et c’est peut être la dernière. J’arrête de jouer(au c..) et je vais au bout! Maintenant je dois gérer, prudence, prudence.
La descente se passe bien je suis……..prudent. J’arrive en bas sur la route c’est un peu étrange. Il faut faire 3 km de bitume(bearck!) et la route est ouverte à la circulation. Je trottine, je suis le seul à ne pas marcher, mais je gère. Beaucoup de gens nous encouragent, chaque voiture s’arrête ou klaxonne, l’ambiance est incroyable.
Beaucoup de monde à Cilaos (90ème km) où j'arrive après 19h45 de course, mais personne de connu. J’appelle Sylvie, mais le portable ne passe pas bien. J’arrive au stade, je passe devant les kinés et l’infirmerie, c’est plein à craquer, ça masse, ça strape, ça soigne, ça perce de l'ampoule. De ce côté là, tout va bien pour moi. J'ai les pieds comme neufs, pas de problème musculaire, pas besoin de massages. Je vais chercher mon sac d’assistance et je commence à me changer.
Les "suiveurs"arrivent enfin. Je suis très content de les voir et je suis surtout très content d’être (encore) là. Il parait que ça se voit et que je suis euphorique. C’est vrai mais je pense aussi à l’essentiel, faire mon sac pour la deuxième nuit, me changer, m’occuper de mes pieds (mes meilleurs amis en trail).
La présence de Sylvie me fait du bien et me réconforte, je suis dans la course depuis 20h00, il est 18h00 la nuit tombe. Je comprends aussi la difficulté pour nos épouses de vivre une telle course, égoïstement je me suis préparé mais je n’ai pas préparé Sylvie à cette folie, à l’attente, au stress, heureusement toutes ensembles elles se sont soutenues, merci à toutes.
J’ai déjà dormi et je profite donc de mon moment d’euphorie pour rester le moins longtemps possible à Cilaos. Je vais manger, me ravitailler et repartir. L’ambiance est étrange dans le gymnase où l'on mange mal, personne ne parle, ça sent le découragement et l’abandon ici(800 abandons à Cilaos!), je ne m’attarde pas.
Dehors, Sylvie et les suiveurs m’attendent, nous marchons dans les rues de Cilaos tous ensemble et ils me laissent partir dans la nuit, je suis seul.
A Cilaos, j'ai appris la galère des copains, l'abandon de Lulu, la détresse de Pascal, Marie sa femme est inquiète. Il n'est pas bien et n'a pas le moral. Pascal, je le connais, il est encore en course? Il passera! Je leur dit que Pascal c'est un guerrier, il ne lâchera pas le morceau comme ça.
Je commence la deuxième partie de la course et ma deuxième nuit dans la montagne. Sortir du cirque de Cilaos par le col du Taïbit pour aller dans le cirque de Mafate. Le col du Taïbit est une des grosses difficultés de la course, 1300m de dénivelé positif en 6km. Il va falloir gérer, je range la mobylette au garage et je jette les clefs au fond du lac de Cilaos (comment ça y a pas de lac à Cilaos??).
Je suis seul dans la nuit, il faut d’abord descendre pour traverser la rivière. Je ne trouve pas mon chemin dans l’obscurité et je galère pour la traverser. Je commence la remontée, c’est long, je ne me sens pas très bien, je vais mettre 2h00 pour atteindre le ravitaillement au pied du col.
Et là surprise je tombe sur Christian! Il est resté assez longtemps à Cilaos pour se faire masser (cette manie de tout le temps se faire masser…). Il me dit qu’il va dormir à Marla au prochain ravito après le col à l’entrée de Mafate. Je le laisse repartir et je prends le temps de récupérer. J’ai à nouveau la nausée, je prends un médoc. Je m’installe avec des bénévoles autour d’un braséro. Ce sont des pompiers, ils parlent de l’incendie qui ravage le Maïdo. Ils vont le combattre tous les jours et sont bénévoles toute la nuit sur la course, respect! Je sors un peu de la course et ça me fait du bien. On parle de tout et de rien. Ils ont bien déliré au poste de ravitaillement. Il y a une piscine avec des canards en plastique, la musique à fond. Je repars, on se tape dans les mains, les gars m'encouragent sincèrement. Ça fait chaud au cœur, c’est aussi ces moments là qui restent dans la tête et qui font avancer.
Il est 21h00, je monte le col et je suis encore seul. Le ciel est dégagé et la lune éclaire le cirque de Cilaos dans son ensemble. A mes pieds, les lumières de la ville deviennent de plus en plus petites et de l’autre côté du cirque, je distingue une guirlande lumineuse dans la montagne. Ce sont les frontales des coureurs qui descendent du piton des neiges vers Cilaos, je pense aux copains qui doivent être là bas. Je l'apprendrai plus tard mais il y avait bien Pascal en face luttant contre le chrono pour arriver à Cilaos dans les délais et Didier qui faisait la descente après s’être fait perfuser au gîte du piton des neiges. Comme quoi il ne faut jamais renoncer en ultra.
Le ciel est magnifique, entièrement dégagé et je marche sous des milliers d’étoiles. Je me sens super bien, je fais des pauses. J’éteins ma frontale pour mieux profiter du spectacle. Dans le Taïbit, j’ai ressenti un vrai moment de plénitude, j’étais vraiment heureux d’être là.
Je croise quelques concurrents qui renoncent et qui redescendent vers Cilaos. Il faut savoir que du ravitaillement que je viens de quitter jusqu'à Dos d’Ane, à la sortie du cirque de Mafate, soit 35km, il n’y a pas de route. Donc, si on décide d’abandonner, il faut quand même rejoindre la civilisation en marchant, c’est marqué dans le règlement de la course. Et 35km, si on est blessé, fatigué, à 2km/h c’est très long et ça peut faire peur, donc certains font demi-tour et renoncent à traverser le cirque de Mafate. Les Réunionnais disent que l’on rentre dans Mafate avec ses pieds ou en hélico, on en sort aussi avec ses pieds ou en hélico.
Mafate au cœur:
Je bascule en haut du col à 23h00. Je vais enfin courir dans Mafate. Depuis que j’étudie le parcours de la course, j’ai un rêve, c’est courir dans Mafate, le cœur de l’île de la Réunion!
Le spectacle est hallucinant ; Sur ma gauche un mur de 1000m de haut "le Maïdo" ; A mes pieds le cirque. Au fond du cirque, des nuages forment comme un lac avec une surface entièrement lisse. Impossible de prendre une photo, pas assez de lumière, mais je profite de ce moment magique quelques instants.
Au même moment à Saint-Denis, le premier franchit la ligne d’arrivée, un extra terrestre Espagnol de 23 ans, Kilian Jornet , qui a dominé la course avec facilité et le sourire aux lèvres. Le tout dans l’esprit du trail et de la montagne, respect ! (même sur la photo il est devant moi)
La descente sur Marla est très technique, Mafate c’est casse pattes ! Je viens de faire 100km à pied, une première pour moi.
Juste avant d’arriver sur Marla, je reprends un petit groupe et je reconnais la silhouette du meneur avec la tête penché sur le côté, Christian est là, le coach! Je suis très content de le re-re-retrouver. Je ne sais pas gérer ma course , mais lui saura le faire. Je manque d’expérience, avec lui j’en aurai à revendre. Il me dit qu’il va dormir une heure à Marla, je me sens fatigué après 26h00 de course, va pour une heure de sommeil.
On trouve difficilement une place dans une des 3 tentes bondées. En fait, on s'est couché dans l’entrée sur une bâche en plastique avec une couverture pour deux et il fait froid à Marla. Puis, deux traileurs repartent et nous laissent leurs places et leurs couvertures chaudes, le luxe ! On met les portables à sonner, par peur de faire une nuit complète. Malgré le froid et la sono à fond, on fait un gros dodo.
Dans Mafate les ravitos sont chaleureux, les bénévoles enthousiastes, mais la musique est à fond et le caisson de basses crache du gros son, genre boite de nuit.
On repart vers 1h00 du matin, il fait froid au réveil, je laisse Christian mener l’allure, il sait faire parfaitement. On marchera ainsi toute la nuit dans Mafate, lui devant et moi qui suit. On ne va pas croiser grand monde, pas beaucoup parler, on ira jamais bien vite mais on avancera toujours malgré le terrain qui est très cassant. Grâce à Christian, je fais ce que je n’ai pas réussi jusqu’ici: être régulier et en mouvement permanent vers l’arrivée.
Car l’objectif est bien là maintenant, avec la fatigue et la difficulté de cette course: arriver ! Aller chercher le maillot de finisher ! Je pense beaucoup à ce maillot mais la route est longue.
On va gagner des places toute la nuit et toute la journée du lendemain, sans vraiment doubler de concurrents ; Mais les autres aussi dorment, font des pauses ou renoncent à continuer.
On parle peu mais on est préoccupé par une chose: les copains. Christian, qui a déjà fait la diago 2 fois (mais à l’époque parait que c’était facile….), me dit que la course est très dure cette année, J’entends ça depuis ce matin de la part de tous les concurrents qui ont l’expérience de la course, la casse est énorme sur le parcours.
J’ai toujours un peu la nausée alors je m’arrête à chaque poste de secours et je suis surpris par le nombre de traileurs en train de se faire soigner ou allonger sous les couvertures de survie, pourtant on est autour de la 500ème place, donc j’imagine comment ça doit être derrière nous.
La diago est une énorme machine à broyer du raideur. Elle brise doucement mais sûrement. Sur une course, il y a toujours un gars qui vous dit qu’il a fait un truc de fou un jour et que c’était plus dur que ce que l'on est en train de faire. En 46h00, je n’entendrai jamais ce discours, tout le monde est unanime sur la difficulté de ce nouveau parcours.
Au ravito de Roche Plate (qui porte mal son nom), il n’y a personne, j’ai l’idée de demander au contrôleur des nouvelles des copains, parce que dans Mafate il n’y a pas de route mais il y a internet ! On apprend l’abandon de Florence et François, on savait déjà que Lulu avait abandonné à Hellbourg, les autres sont à Cilaos mais ils sont sortis du poste à la limite de la barrière horaire.
Nous sommes affectés par la nouvelle de l’abandon des Meuniers et très inquiets pour les copains, l’aventure collective tourne au cauchemar à cet instant.
Christian est très préoccupé, il a amené et entrainé tout le monde dans cette aventure et je sens le poids de la responsabilité sur ses épaules. Il me dit que ce n’est pas normal, que ça doit passer ; Dans le groupe, il y a des gars qui ont fait l’UTMB ou le marathon des sables, ils ne peuvent pas être hors délais sur la diago ou alors la course est devenue vraiment trop dure.
Nous serons rassurés sur leur sort au fil du temps, ils passeront les postes et prendrons petit à petit de l’avance sur les barrières horaires, le groupe des 5 est dans la course!
Le groupe de 2 avance lui aussi et la nuit se passe ainsi sans jamais rien lâcher. Je suis rassuré par la présence de Christian. Avec lui je va
is arriver, sauf blessure ou accident, il gère tout tranquillement et ne s’affole jamais. Il se tord la cheville, fait trempette dans une rivière, casse son bâton (merci à Antoine, mon fils, pour le couteau qui répare tout), rien n’est grave et on avance toujours, Kiki c’est le boss voilà tout.
On parle aussi d’Eric qui devrait être là dans Mafate avec nous, c’est une course pour lui.
Le jour se lève on est au fond du cirque, bientôt la sortie, sauf que l’on ne sort pas comme ça d’un cirque, la montée de Dos d’Ane nous attend mais avant il y a le gros ravitaillement
de Deux Bras.
Les bénévoles sont formidables de gentillesse et de disponibilité. J’ai toujours la nausée mais je me ravitaille. On récupère notre deuxième sac d’assistance, j’ai prévu d’amener des flasques d’eau supplémentaires avec moi car je sais que la journée en bord de mer va être chaude et la chaleur je n’aime pas ça…
Samedi 24 octobre:
Il est 9h00 du matin, 35heures de course, nous quittons le ravitaillement pour attaquer de suite la montée sur Dos d’Ane, 700m de Dénivelé positif en 4km ; Le boss devant et tout le monde qui suit ! On a formé un groupe d’une vingtaine de coureurs derrière Christian et personne ne veut passer devant, il est comme ça Christian, il trouve 20 coureurs, il forme de suite un groupe !
Arrivé en haut, il reste 32km avant l’arrivée mais on va mettre la journée pour les faire.
En étudiant le parcours, je redoutais cette fin de course avec le bord de mer: il y a la chaleur, les routes, les villes et un chemin pavé interminable. Je ne suis pas venu à la Réunion pour courir sur du bitume ou des pavés et je trouve cette fin de course pas à la hauteur du reste du parcours et de la beauté de cette île.
Mais il faut passer…. Après avoir testé notre physique, les organisateurs mettent notre mental à l’épreuve sur cette fin de parcours.
Après Dos d’Ane, on descend sur la ville de la Possession, je suis plutôt bien, ce n’est pas encore les grosses chaleurs. Je sens Kiki pas vraiment au mieux dans la descente mais il avance. Au ravito, on a besoin de récupérer, la fatigue est là, la chaleur c'est installée et je vais souffrir.
Les pavés, l'enfer du nord:
Il faut passer des ravines pour aller au ravito de "Grande Chaloupe", il fait très chaud et j’encaisse mal les dénivelés. Je ne sais plus trop où on en est ; Heureusement, Christian compte mieux les ravines que moi, je trouve ça très dur et j’ai du mal à suivre.
Je n'aime pas les Anglais, ils me le rendent bien! J'ai sauté dans le cap Anglais, je vais souffrir sur le chemin des Anglais et ses pavés.
Ces pavés inégaux sont une horreur, la descente sur "Grande Chaloupe" va me tuer, ça me demande une concentration terrible, je suis épuisé au ravito et je demande du temps à Christian pour récupérer.
Il est 16h00 ; 42h00 de course et il reste 16km, mais aussi 760m de dénivelé pour monter à Colorado le dernier ravito. Pour moi ça va être dur, je suis épuisé, j’ai à nouveau une barre dans le ventre et je ne sais pas si je vais pouvoir tenir le rythme, Christian s’adapte à ma vitesse, j’ai le sentiment de le retarder.
Je vais faire l’effort, être à la limite tout le temps, je vais être mal pendant 2h00, c’est long 2h00 quand on souffre, je le fais pour lui pour ne pas le retarder, tout seul j’aurais attendu que ça passe à l’ombre d’un arbre et j’aurais repris tranquillement. Je lui demande de ne pas m’attendre mais il refuse bien sûr.
Enfin on quitte la route et on emprunte un sentier dans la forêt. Il commence à faire sombre et bonne nouvelle, je vais mieux ! Ça commence à sentir très bon et heureusement car c’est long cette fin de course…. Il est temps d’en finir. Je mène l'allure, je me sens bien. On sort les lampes frontales et le maillot de la course obligatoire pour l’arrivée, je relance mais je pense que c’est au tour de Christian d’avoir un coup de moins bien, on arrive tranquillement à Colorado.
Colorado sprint:
Il est 19h00 il reste 5km et surtout on a terminé avec le dénivelé positif! Les 5 km restant sont en descente ! Ça fait des heures que Kiki me vend la dernière descente comme un piège dans lequel il faut être extrêmement prudent. On a tout à perdre et rien à gagner là dedans me dit-il. Sauf qu’en pointant à Colorado, on est 512ème et 513ème et Kiki il a tout de suite trouvé ce qu’on pouvait gagner dans la descente…13 places !
Parce que cet homme, qui est le plus gentil du monde, en course c’est un tueur, toujours un truc à gratter, à aller chercher, il a toujours un objectif, un os à ronger, un temps, une place, faire mieux que la dernière fois et surtout faire mieux que le gars juste devant (sauf si c'est moi).
Donc, on pointe au contrôle et quand le gars nous dit 512ème et 513ème, je vois Christian qui regarde autour de nous, il compte les coureurs au ravito: 2 qui mangent, 3 assis, 3 à l’infirmerie (même à 5km du but l’infirmerie est pleine!). Ok J'ai compris! Je lui demande juste si je peux prendre un coca ? "vite fait alors" me répond-il et c'est parti !
Il fait nuit et on a du mal à se repérer, à trouver le début du sentier dans le noir, le balisage est moyen, Christian est (encore!) au téléphone et ça dure.... Christian tu lui enlèves le téléphone, il finit dans les 200 premiers, parce qu’en course, il gère le club, sa famille, les copains...
Après avoir raccroché, on se lance dans la descente piégeuse..... A fond ! A la frontale, racines, pierres, feuilles, gros pourcentage, tout à bloc ! Quand on rattrape un traileur, Christian crie "pardon" et moi "merci" et on l'enrhume. J'ai du mal à suivre, je suis en nage, je donne tout, on passe de 800m d'altitude à zéro et la température augmente au fur et à mesure que l'on se rapproche du niveau de la mer. En dessous de nous, la ville de Saint Denis grossit à vue d'œil.
J'ai vraiment du mal à le suivre, il est déchainé, dès qu'il voit la lueur d'une frontale en contre bas, ça l'excite et il en remet une couche, on doit largement être dans les 500 premiers, je lui demande de lever le pied, je suis mort !
En même temps, je sais que l'on va arriver au bout maintenant et mouiller le maillot comme ça, tout donner dans les derniers kilomètres c'est vraiment bon ! Le sentiment d'aller au bout de soi-même, pour rien, juste pour la beauté du geste, je me dis que c'est ça le sport.
Je vois maintenant la route sous laquelle il faut passer juste avant le stade de la Redoute où se trouve l'arrivée. J'entends la sono du stade, dans les derniers lacets. Christian coupe tout droit, il paraît que c'est un raccourci, il est fou. Surprise ! Sous le pont de l'autoroute, il y a François et surtout Sylvie ! J'échange un bisou rapide mais je ne pense qu'à la ligne d'arrivée, il reste à peine 500m avant la piste du stade et... Le maillot !
Souvent les gens me demandent pourquoi je cours ? Heu.... Je ne savais jamais quoi répondre. Maintenant je sais, je cours pour revivre ces 5mn là.
Au bout de 46h00, c'est gagné, je cours à fond sur ce trottoir qui mène au stade et dans ma tête ça fait pschitt, ça descend dans tout le corps, j'ai mal nulle part et c'est trop bon, un sentiment incroyable de satisfaction et de bien être.
On rentre dans le stade avec Kiki, on se donne la main, la foule nous porte, on passe la ligne ensemble je suis super heureux de l'avoir fait et de l'avoir fait avec Christian.
Sylvie arrive je tombe dans ses bras, tous les suiveurs sont là et c'est beaucoup d'émotion de retrouver Lulu, François et Florence qui sont heureux pour nous même si c'est forcément difficile pour eux, bravo à eux d'être venus à l'arrivée.
Mais je n'ai toujours pas mon maillot ! Je passe le contrôle pour l'avoir ; Du coup, je pointe avant Christian qui discute avec tout le monde, quelle indélicatesse de ma part ! Te l’ai dit Kiki : Fallait pas m'attendre!
Au final 46h16mn, 494ème au classement général, 472ème homme, 196ème de ma catégorie d'âge.
Ça y est je l'ai le maillot tant désiré, je le mets, il est vraiment moche, mais c'est le plus beau maillot que je n'ai jamais eu! Je ne l'ai pas volé et faut aller le chercher celui la, même pas en vente sur E-Bay.
Sylvie a eu peur que je me sente mal et est partie me chercher à manger, je me retrouve seul quelques minutes, je m'allonge sur le dos, les bras en croix sur l'herbe fraiche du stade, le corps s'arrête la tête aussi, je suis bien, heureux, je débranche tout.
Je regarde mon maillot, dessus il y a marqué "Diagonales des fous 2010, j'ai survécu", y a de ça...
Remerciements :
Je voudrais dédier cette course à Dedette, qui m'a fait venir au sport et à la course à pied, qui est un exemple de volonté et de ténacité, qui aurait voulu faire cette course, que ma course soit la sienne.
Un énorme merci à ma femme sans qui rien ne serait possible dans ma vie, qui me permet aussi de vivre ma passion malgré les contraintes.
Merci à mes enfants de leur soutien et leurs encouragements.
A tous mes amis, la famille, qui ont suivi la course, qui ont envoyé des textos et qui ont participé pour soutenir l'association.
Merci à Fétéa et Héléne pour leur accueil, leur gentillesse et bravo pour leur action. Si le sport est la culture de l’éphémère et de l’inutile, Fétéa elle construit du réel et du durable.
Une grosse pensée pour Florence François et Lulu, y en aura d'autres des belles à faire, ce jour là, vous passerez, pas moi, j'essayerai d'être aussi digne et élégant que vous dans la déception.
Bravo aux copains qui ont bouclé la diago le lendemain, un super moment d'émotion pour moi:
- Daniel pour sa jo
ie de vivre, son élégance et la poésie qu'il met dans toutes choses.
- Les Dupond et Dupont de la course à pied Jacky et Didier, indissociables, qui passent partout, tout le temps et dans toutes les conditions, les ultras trailers de référence (fais gaffe Didier c'était limite là).
- Gérard l'élégance, l'humour, la volonté, le maniaque de la préparation (comme moi!) et le gars qui a le plus gros fan club du club avec Catherine, sa femme, groupie en chef, sa sœur, son beauf, le cousin, le neveu, la nièce... Tout un bus sur les routes de l'île(merci à eux aussi!).
- Merci à Pascal d'être mon pote et bravo à lui pour ce qu'il a fait, il n'en parle pas dans son compte rendu mais, ses derniers entraînements il faisait 2km et se claquait le mollet, donc juste prendre le départ dans son état faut en avoir des très grosses.
Je finis avec Christian et Maryvonne qui ont tout organisé, le séjour, les balades, tout géré sur place, merci de leur patience face au stress du coureur avant, pendant et après la course.
Un dernier mot pour Christian bien sur, sans qui je n'aurais jamais fait cette course, la confiance qu'il a su m'apporter, la qualité de ses entraînements, son calme, sa gentillesse, l'expérience qu'il sait partager. C'est un grand monsieur du sport et de la course à pied, je suis très heureux et flatté d'avoir vécu cette course à ses côtés, ces moments la resteront à jamais gravés dans ma mémoire.